Riner géant, Dicko en bronze

Des milliards de personnes ont assisté au triomphe du colosse du Paris Saint-Germain ce vendredi en plus des quelque huit-mille privilégiés qui avaient des places pour l’Arena Champ-de-Mars.

Attendu par toute la France, idolâtré, Teddy Riner (+100kg) avait aujourd’hui l’occasion de marquer encore un peu plus l’histoire du judo après ses titres olympiques de 2012 et 2016, auxquels s’ajoutent le bronze de 2008, celui de 2021 et évidemment le titre par équipes 2021. Il l’a fait de façon magistrale. Quatre combats pour un spectaculaire final. Sur le premier contre l’Émirati Magomedomar Magomedomarov, il a pris ses marques avec prudence (victoire par disqualification) avant un choc de titans face à Guram Tushishvili, 4e à la ranking mondiale (contre 7e à Riner), vice champion olympique 2021 et vice champion du monde 2024. Le Géorgien cherchait à contrôler le bras droit du Français pour lancer son uchi-mata (fauchage par l’intérieur de la cuisse) et se montrait dangereux. Plier sans rompre, le Parisien en faisait la démonstration en contrant (tani-otoshi) parfaitement une nouvelle tentative de son adversaire pour ippon. Tushishvili, visiblement très remonté et blessé dans son orgueil, bousculait Riner. Une attitude qui lui vaudra une disqualification pour le reste de la compétition, y compris pour les par équipes demain samedi…

Restait alors une demie et une finale. La première étape consistait à battre Temur Rhakimov, le Tadjik finaliste des deux derniers Masters mais qui avait perdu trois fois sur trois face au Français. Le combat allait être impeccablement géré par le double champion olympique individuel qui attendait l’opportunité pour faire jaillir son o-soto-gari (grand fauchage extérieur) à la mi-combat, et scotcher le n°3 mondial sur le dos.

Teddy Riner (juillet 2024)

Vingt minutes plus tard,  il était de retour sur l'aire de combat pour disputer le duel qu’il fallait remporter pour entrer dans l’histoire. Ce ne serait pas face au Japonais Saito, qui était attendu avec ses 172kg, mais le vif Sud-Coréen Minjong Kim, n°1 mondial, récent champion du monde. Un profil de petit gaucher peu apprécié par Teddy Riner. Mais avec le public derrière lui, sous les yeux du Président Nasser al -Khelaïfi et de Djamel Bouras, président du PSG Judo, tous les deux présents toute la journée, ce Teddy-là ne pouvait laisser passer l’occasion de devenir une légende absolue. Dans une finale très tactique, le Parisien plaçait un magistral harai-goshi pour ippon. Grandiose ! Après de longues minutes de communion avec le public, il arrivait devant les micros avec un immense sourire. « Elle fait du bien cette médaille. J'en ai rêvé, j'en ai cauchemardé aussi. C'est beaucoup d'heures de remise en question, beaucoup de prises de tête, beaucoup d'heures d'entraînement difficiles, alors je suis hyper content d'avoir réalisé ça, fier de l'avoir fait à la maison, devant la famille, tous les amis, le club, je les ai tous vus tout au long de la journée, un public de rêve, c'était incroyable. Depuis le temps que je rêvais d’avoir une belle finale olympique comme ça, je suis content. La clé ? Il a fallu rester concentré, ne pas se précipiter, et c'est ce que j'ai fait tout au long de la journée. Je pense que j'ai eu la bonne stratégie, j'ai fait ce qu'il fallait, j'ai mérité. Et il va falloir se remettre vite dedans et aller chercher ce samedi une belle médaille pour les copains ».

Romane Dicko (juillet 2024)

Une journée de légende à laquelle l’autre combattante du club engagée ce vendredi, Romane Dicko, aurait aimé participer davantage, avec un métal différent de celui qu’elle est tout de même allée chercher. Favorite pour l’or, la Parisienne a effet été battue en demi-finale par la Brésilienne Beatriz Souza, 5e mondiale, quadruple médaillée mondiale et future championne olympique. Après avoir pourtant battu la Géorgienne Sophio Somkhishvili en gérant parfaitement les pénalités, puis la Bosnienne Larisa Ceric sur immobilisation, la championne du monde 2022 semblait lancée. Immobilisée à son tour par Beatriz Souza en demi-finale, Romane Dicko s’arrachait pour aller chercher le bronze, sans s’être vraiment remise de la déception d’une médaille d’or qu’elle avait vu s’échapper sous ses yeux.  « C’est beaucoup de déception, je peux le dire, je suis dégoûtée, analysait la n°1 mondiale des +78kg. Je n’étais tellement pas venue pour ça aujourd'hui… C'est très compliqué à vivre, c'est dur à admettre. C’est le sport de haut niveau. Je n'ai pas assez de recul pour savoir pourquoi j'ai perdu. Mentalement, j'étais prête, j'ai fait tout ce qu’il fallait en amont, j'étais bien ce matin et cet après-midi. Je ne me suis pas mis de pression, je voulais juste faire ma compétition et la gagner. J'ai échoué. Il y a encore un titre à chercher pour la France par équipes. Pour l’individuel, il faudra patienter au moins encore quatre ans. C'est dur, mais c'est comme ça. Je suis allée chercher le bronze, mais je voulais l’or, surtout avec ce public, j’aurais voulu leur faire ce cadeau incroyable… » Reste qu’à vingt-quatre ans, la Parisienne est déjà quadruple championne d’Europe, championne du monde et double médaillée olympique individuelle.