Youssouf Mulumbu : « J'éprouve un amour profond pour Paris ! »

Interviews

Comme chaque semaine, les médias du club retrouvent un ancien joueur passé par le Centre de Formation du Paris Saint-Germain. Direction le Loiret, à Orléans, pour prendre des nouvelles de Youssouf Mulumbu (génération 1987), qui revient sur son actualité, sur ses années parisiennes à quelques jours du match de Coupe de France.

Youssouf, le Paris Saint-Germain se déplace à Orléans (N1) samedi dans le cadre des 16es de finale de la Coupe de France. Un club où tu évoluais encore il y a quelques jours...

« Effectivement, je viens de résilier le contrat qui me liait à l'US Orléans. Nous nous sommes quittés en bon terme, même si j'aurais bien évidemment adoré affronter mon club formateur ! Cette affiche va donner lieu à une belle fête au Stade de la Source. Tout le monde attend avec impatience la venue du Paris Saint-Germain. Les joueurs se préparent avec un grand sérieux pour cette opposition. Affronter Paris n'est pas une tâche facile, mais le coach utilise un système de jeu qui est très contrariant pour tous les adversaires. L'équipe est composée de jeunes joueurs talentueux associés à des joueurs plus expérimentés qui ont connu le haut niveau. L'entame du match va être très importante, ainsi que la gestion de la pression. »

Les années passent... Ton amour pour Paris est-il toujours intact ?

« J'éprouve un amour profond pour Paris. Répondre à cette interview est une grande fierté car ça me donne la sensation d'avoir laissé une empreinte au club. J'ai plein de souvenirs qui me reviennent à l'esprit. J'y ai fait toutes mes gammes jusqu'à y réaliser mon rêve de gosse. C'est impossible d'oublier tout ce que j'y ai vécu. J'en profite pour remercier tous mes formateurs. Ils m'ont vraiment permis de croire en moi car j'étais plutôt un enfant introverti. Ils n'ont jamais cessé de m'encourager pour repousser les limites que je me fixais. Cette rage de vaincre m'a suivi tout au long de ma carrière, ainsi que dans ma vie d'homme. Rien que pour ça, je leur serais toujours reconnaissant. »

Quel a été le moment clé lors de ton cursus de formation ?

« Le titre de champion de France U18 remporté en 2006 a été le véritable déclencheur de ma future carrière professionnelle. Au même titre que mes coéquipiers, j'ai su me montrer décisif dans des moments importants de cette saison. Le coach de l'équipe première, Guy Lacombe, a été séduit par mon potentiel et m'a intégré au groupe professionnel l'été suivant. Le 22 octobre 2006, il m'a permis de faire mes débuts en Ligue 1 face à l'AJ Auxerre. Un mois après, j'ai signé mon premier contrat professionnel avec le club. J'ai disputé 22 matches avec Paris, dont certains en Coupe de l'UEFA. Mon seul regret est de ne pas avoir marqué un but en pro sous le maillot rouge et bleu. Marquer au Parc des Princes, ça doit être quelque chose de fabuleux à vivre en tant que Titi formé au club ! »

On associe souvent tes premiers pas en pro, ainsi que ceux de Clément Chantôme au renouveau de la formation au club. Partages-tu cet avis ?

« Que cela soit avant ou même après notre éclosion, il y a toujours eu de très bons joueurs formés à Paris. Il est vrai qu'à mon époque, il y avait peut-être un peu moins de jeunes qui étaient propulsés au sein de l'équipe professionnelle car le club axait davantage sa politique sportive envers des joueurs expérimentés. Clément Chantôme et moi-même avons été lancés dans le grand bain à un moment où le coach sentait qu'il y avait besoin d'un peu de sang frais pour booster les joueurs cadres. Ce n'était pas évident à gérer car la pression était énorme à cause des résultats qui étaient mitigés. Finalement, nous nous en sommes très bien sortis, ce qui a ouvert la porte à des joueurs comme Mamadou Sakho, David Ngog, Granddi Ngoyi, Loris Arnaud... En juillet 2007, nous avons participé à la première édition de l'Emirates Cup à Londres. L'équipe n'était quasiment composée que de jeunes issus du Centre de Formation. Nous avions réalisé de belles performances face à de grands clubs, Arsenal et Valence. Les médias ont mis en avant la qualité du centre, l'histoire était en marche ! »

Quel joueur t'a le plus impressionné parmi tous tes coéquipiers ?

« Pedro Miguel Pauleta ! C'était un attaquant qui était un excellent finisseur, malin, chirurgical avec une certaine roublardise. Il connaissait tous les défauts des défenseurs et savait utiliser toutes leurs faiblesses. Vous aviez beau être physique ou rapide, il trouvait toujours le moyen de marquer à un moment du match. C’était impressionnant de voir ses appels de balle et le timing de ses courses. C’est pour ça que ça m’a marqué. À l'entraînement, il passait des heures à réviser ses gammes. Il valait mieux l'avoir dans son équipe que face à soi ! »

Quels conseils peux-tu donner aux Titis qui viennent d'intégrer le nouveau Campus PSG ?

« Ils ne doivent jamais oublier de prendre du plaisir lorsqu'ils jouent au football, tout en exprimant leur talent avec de la spontanéité. Il faut également qu'ils sachent faire preuve de patience. Une carrière se construit étape par étape. Chacun aura l'opportunité de démontrer tout son potentiel, mais rien ne sert de précipiter les choses. Il est donc important de respecter les choix du coach et d'être irréprochable en dehors du terrain. Le talent est une chose, le travail en est une autre. Seule, l'association des deux leur permettra de suivre les traces de joueurs formés au club comme Presnel Kimpembe, Alphonse Areola, Adrien Rabiot, Clément Chantôme ou bien de Warren Zaïre-Emery. Il faut savoir saisir l'opportunité quand elle se présente ! »

La Coupe d'Afrique des Nations se dispute actuellement en Côte d'Ivoire. Suis-tu cette compétition avec attention, toi l'ancien capitaine de la RD Congo ?

« Oh que oui ! Ayant moi-même participé à plusieurs éditions, c'est avec une grande attention que je regarde tous les matches. Le football est fédérateur dans tous les pays africains. Tous les peuples sont rassemblés en un même lieu autour d'une fête, celle du ballon rond. C'est magnifique à voir ! Les stades sont remplis de supporters qui encouragent avec ferveur leur équipe favorite. Le niveau de jeu et la qualité des terrains se sont véritablement améliorés ces dernières années. Les joueurs qui possèdent la double-nationalité réfléchissent beaucoup moins qu'avant pour ce qui est d'accepter de défendre les couleurs de leur pays d'origine. J'espère que la RD Congo va réaliser un beau parcours avec les ex-Titis Lionel Mpasi et Dylan Batubinsika ! »

Tu vas prochainement fêter tes 37 ans. As-tu l'intention de continuer à fouler les pelouses ?

« Aujourd'hui, je profite de mes proches car ma carrière de footballeur ne m'a pas permis de leur consacrer suffisamment du temps. C'est l'occasion de souffler, de faire le point sur mes réels projets. Ayant vécu une douzaine d'années au Royaume-Uni, je me vois bien m'y établir durablement en passant mes diplômes d'entraîneur. Une chose est certaine, je resterai dans le monde du football. Plus qu'une passion, c'est ma vie ! »

PROFIL :

Date de naissance : 25 janvier 1987
Lieu de naissance : Kinshasa (RD Congo)
Poste : milieu de terrain

Clubs successifs : FC Épinay-sous-Sénart (1992 à 2000), Paris Saint-Germain (2000 à 2009), Amiens SC (2007 à 2008, prêt), West Bromwich Albion FC (2009 à 2015), Norwich City FC (2015 à 2017), Kilmarnock FC (2017 à 2018), Celtic FC (2018 à 2019), Kilmarnock FC (2019 à 2021), FC Saint-Éloi Lupopo (2021 à 2022), US Orléans Loiret Foot (2023)
Palmarès avec les jeunes du Paris Saint-Germain : champion de France U18 (2006)
Équipe de France : U20 (1 sélection), U21 (2 sélections)
Palmarès avec les Bleuets : vainqueur du Tournoi de Toulon U20 (2007)
Équipe de la RD Congo : A (45 sélections, 1 but)
Palmarès avec les Léopards : troisième de la CAN (2015)