Habi Magassa : « Le PSG est une grande famille »

Championne de France juniors en -78kg début mars, Habi Magassa, après un confinement notamment occupé à aider les plus démunis de sa ville de Pierrefitte-sur-Seine, a depuis retrouvé le chemin de l’entraînement. S’il n’y est pas encore question de judo, la jeune étudiante en journalisme, perfectionniste et lucide, se projette déjà sur la saison internationale à venir.

Que te rappelles-tu des conditions de ton arrivée au PSG Judo ?
Comme ma copine Faiza (Mokdar, NDLR), j’étais au pôle espoirs de Brétigny, dont Nicolas (Mossion, responsable du haut niveau, NDLR) était le responsable. Quelques jours avant les championnats de France juniors 2018, il nous annonce qu’il quitte ses fonctions, sans pour autant nous dire où il allait. Moi qui voulais faire une quatrième année au pôle, cette annonce bouleverse mes projets ! Mais j’ai la chance de finir en bronze sur cette compétition. Une performance qui m’ouvre les portes de l’INSEP… et du PSG. En effet, après ce podium, Nicolas me propose de rejoindre la nouvelle structure, dont il va devenir l’entraîneur. J’avais également une autre proposition mais, après quelques jours de réflexion – c’était quand même un choix important dans mon parcours, d’autant plus que je quittais mon club formateur de Pierrefitte, j’ai dit oui à Nicolas. Par correction, je suis allée expliquer mon choix à l’autre club. Pourquoi avoir opté pour le PSG ? Parce qu’il y avait Nicolas bien sûr, un repère fort dans ma vie de judokate, mais aussi pour l’ambition du PSG de nous accompagner sur le long terme dans notre parcours « haut niveau », et pour le volet social cher au club avec la PSG Academy. Je me souviens d’une discussion avec Nicolas, où je m’étais dit : « c’est énorme ! Il y a le PSG football, le PSG handball, et là il va y avoir le PSG Judo. Pour la mise en valeur de notre sport, c’est vraiment top ! »

Des sportifs de talent croisés justement lors de l’inauguration du dojo du club…
Quand j’ai vu toutes ces personnes venir pour cet évènement, j’ai vu le PSG comme une grande famille, avec les judokas membres à part entière de celle-ci. C’était un superbe moment où je n’ai discuté avec personne car, c’est sans doute mon caractère, j’avais peur d’être pesante, de les déranger. Je garde quand même une anecdote forte de cette inauguration : j’étais à côté de Kylian Mbappé pendant la démonstration de Yhonice (Goueffon) et Hugo (Metifiot). Et je l’entendais dire « waouh ! » à chaque projection. On sentait qu’il était sincèrement enthousiasmé.

Quel bilan sportif tires-tu de ces deux années au club ?
Incontestablement, j’ai beaucoup évolué… en bien ! Je pense avoir vraiment progressé en ne-waza (judo au sol) et au kumikata (la prise de garde), un domaine dans lequel je connais maintenant un certain nombre de schémas. Ma première année a été difficile, il ne faut pas se le cacher. Je ne me classe pas aux championnats de France juniors 2019 (elle est alors première année, NDLR). Avec le recul, je pense que les cours – j’étais alors en Terminale S – couplés à la charge de travail de l’INSEP, pour laquelle il m’a fallu un certain temps d’adaptation, ont joué. Mais cela n’excuse pas tout. Je me suis donc remise en question. Ma deuxième saison au sein du club m’a rendue beaucoup plus fière, en particulier avec ce titre de championne de France juniors. Une journée où je n’ai pas commis d’erreur, avec un judo plus structuré qu’auparavant. Sur le podium, j’ai beaucoup pensé à ma famille tout en me disant que j’y étais enfin arrivée.

Comment as-tu vécu ton confinement ?
Si certains ont pu s’ennuyer durant ces deux mois, pas moi ! Entre mes quatre heures de cours par jour à Sportcom (formation aux métiers du journalisme et de la communication de l’INSEP, NDLR), les préparations physiques envoyées par le club et notre entraîneur de l’équipe de France juniors, et mon engagement associatif, je n’ai pas vu le confinement passer (rires) ! Avec deux amies, nous avons en effet décidé de nous engager en regardant autour de nous et en voyant que des gens avaient vraiment besoin d’aide. C’est peut-être aussi parce que je viens d’une famille de huit frères et sœurs, où le partage a toujours été quelque chose de naturel. Nous sommes donc devenues bénévoles pour une association de notre ville de Pierrefitte-sur-Seine, qui s’occupe de distribuer des colis alimentaires. Je m’occupais aussi de la communication avec la réalisation de vidéos. Je continue toujours d’ailleurs.

Au niveau du judo, comment s’organise ta reprise, et quelles ambitions affiches-tu pour la fin d’année ?
Pour être honnête, j’appréhende la reprise du judo car j’ai à la fois peur d’avoir perdu mon niveau, mais aussi de reprendre trop fort et donc de me blesser. Après je sais que Nicolas et le staff du club seront là pour éviter ce genre de problème. Depuis lundi matin, je retourne à l’INSEP où nous avons fait toute une série de tests : vitesse, endurance, coordination, lactique et VMA (vitesse maximale aérobie, NDLR). Pour l’instant, il y a beaucoup de flou autour des compétitions auxquelles nous pourrons participer. Mais si je devais n’en retenir qu’une, ce seraient les championnats d’Europe juniors (11-13 novembre en Croatie, NDLR). Toutefois, je ne veux surtout pas brûler les étapes : il me faudra d’abord être titulaire, peut-être en devant gagner des test-matches contre les autres prétendantes françaises ! Si je suis choisie, j’irai en Croatie pour le titre continental, et rien d’autre. Si c’est le cas et que Faiza remporte son troisième titre européen (elle est double tenante du titre en -52kg, NDLR), ce sera le feu !