Concernant les championnats du monde juniors, nous avions cinq représentants en individuel. Quatre d’entre eux étaient juniors 3 (ndlr : Kelvin Ray, Alexis Renard, Dayyan Boulemtafes et Lila Mazzarino) et nourrissaient clairement des objectifs de médaille, voire de titre. Pour Kévin Nzuzi Diasivi, junior 1 qui évolue dans une catégorie des lourds dense, l’objectif était de tenter de créer la surprise.
Le calendrier prévoyait un enchaînement direct avec le Grand Prix seniors, programmé quelques jours plus tard. Étant déjà sur place, l’idée était de faire venir des seniors, notamment ceux qui devraient participer à la Champions League, comme Faiza Mokdar et Alexis Mathieu, et de compléter le groupe avec certains juniors ayant combattu au mondial. Comme le décalage horaire était déjà assimilé, les jeunes étaient prêts à enchaîner surtout ceux qui n’avaient pas eu beaucoup de combats, à l’image de Dayyan.
Avec 0 médaille et seulement deux judokas classés, le résultat comptable n’est pas celui espéré, mais il reste logique. Le niveau masculin junior était très relevé. Si l’on regarde les vingt dernières années, l’équipe de France est souvent revenue des championnats du monde juniors avec zéro ou une médaille, sur près des deux tiers des éditions. Atteindre le podium mondial reste un défi immense pour les juniors français. En France, les athlètes atteignent souvent leur pleine maturité un peu plus tard. Cette année, le niveau était particulièrement élevé : plusieurs nations se sont reconstruites après les années covid et les périodes de conflits, qui avaient parfois limité la présence d’équipes compétitives. Chez les garçons, toutes les grandes nations étaient là, y compris celles en pleine ascension comme la Serbie, l’Ouzbékistan, le Kazakhstan ou encore le Tadjikistan. Les tirages au sort n’ont pas non plus été très favorables. Kelvin Ray, par exemple, a rencontré dès le deuxième tour un Japonais déjà médaillé en Grand Prix senior.
Malgré l’absence de médaille, plusieurs points positifs ressortent de cette compétition. Nos jeunes ont eu l’opportunité de se confronter à ce qui se fait de mieux au monde dans leur catégorie d’âge. Ces expériences, parfois rudes, font partie intégrante de leur apprentissage. Elles leur permettent de mesurer les exigences du très haut niveau et de comprendre les ajustements nécessaires pour s’y installer durablement. Enfin, elles permettent d’identifier les points à renforcer dans le travail quotidien à l’entraînement, mais aussi de valider la cohérence du projet sportif dans la durée.
Les résultats ont été meilleurs sur cette compétition. Faiza reprenait le circuit en individuel après une pause depuis le mois de mai et sa victoire au Grand Slam du Kazakhstan. Elle a signé une belle victoire en battant Timna Nelson-Levy, médaillée mondiale, puis Amandine Buchard en finale, un combat franco-français de haut niveau, même si Amandine évolue normalement en -52 kg. Ce succès lui permet de retrouver de la confiance et des repères. Alexis Mathieu, l’autre sélectionné expérimenté passe malheureusement à côté de sa compétition et n’a pas eu le temps d’exprimer son judo. Ce sont des choses qui arrivent au plus haut niveau. De son côté, Fares Mekhoukh disputait son tout premier Grand Prix après plusieurs mois sans compétition en raison d’une blessure. Il réalise une très grosse journée et termine à une cinquième place un peu frustrante au vu de ce qu’il a montré. Et puis il y a eu la performance de Dayyan qui a perdu aux mondiaux juniors contre un Ouzbek très fort mais qui a pu se rattraper et pleinement s’exprimer durant ce Grand Prix. Il a battu Hidayet Heydarov, champion olympique, et a failli battre en finale Daniel Cargnin, vice-champion du monde.
Globalement, le bilan de ce Grand Prix senior est très positif.
La performance de Dayyan est intéressante. C’est un athlète sérieux, qui s’entraîne beaucoup, toujours motivé, et qui a énormément progressé puisque l’an dernier, il évoluait à un niveau national junior et aujourd’hui, il se retrouve avec un niveau international senior. Avec Dayyan et tout le groupe junior, nous avons énormément travaillé. Nous avons fait deux semaines au Japon, un stage à Bardonnèche, un autre à Nymburk, ils sont beaucoup sortis à l’international. On s’est beaucoup vus, on a passé beaucoup de temps ensemble ce qui nous permet aujourd’hui d’avoir nos repères.
La réussite de Dayyan n'est pas surprenante, à l’entraînement à l’INSEP, il se montre toujours très sérieux. Il s’entoure et s'entraîne avec les meilleurs, notamment Joan-Benjamin Gaba, avec qui il travaille régulièrement. C’est un garçon motivé avec une grande humilité. On est exigeant au club parfois, on leur en demande beaucoup et il accepte le travail et s’investit.
Enfin pour la petite histoire pour le combat face à Heydarov, j’ai demandé deux-trois informations à Joan et ses retours étaient hyper précis et correspondaient exactement à ce qu’il fallait mettre en place.
Les prochaines grandes échéances arrivent vite avec en premier lieu la Champions League, prévue le 22 novembre. Elle concernera une nouvelle fois seulement certaines catégories, les -57 kg, -70 kg, +70 kg, -73 kg, -81kg et -90 kg. Entre-temps, nous prévoyons aussi de prendre part à plusieurs tournois internationaux, afin d’entretenir la dynamique de compétition. Il est même possible que certains athlètes soient engagés sur le Grand Slam d’Abou Dabi. Pour terminer l’année, il y aura les championnats de France première division (13-14 décembre), une étape déterminante pour la sélection au Grand Slam de Paris.