Éliminatoires fatales en Croatie pour Mokdar et Gneto

Pour sa première grande sélection seniors, Faiza Mokdar n’eut besoin que d’une séquence pour se mettre dans le bain face à la Russe Kseniia Galitskaia, rivale de ses années juniors. Attentive à ne pas subir les mouvements de hanche de son adversaire, la championne de France 2023 saisissait la bonne opportunité au sol avec un joli travail qui s’achevait sur une victoire par immobilisation. Elle retrouvait ainsi la tête de série n°1 du tableau, la Géorgienne Eteri Liparteliani, pour un duel qu’elle allait nettement dominer dans l’engagement, multipliant les attaques, notamment d’épaule, pour tenter d’obtenir un score. En vain, et sans non plus parvenir à faire tomber les pénalités dans le camp adverse, malgré une débauche d’énergie évidente qui allait finalement se retourner contre elle. Après neuf minutes de combat, c’est en effet sur une énième tentative, moins précise que les précédentes, que Liparteliani partait en contre et éliminait une Faiza Mokdar qui aura tout donné. « C’est dommage car j’attaque tout le combat, sans jamais craquer ni dévier de la stratégie en place. Malheureusement, il a suffi d’une fois où je n’ai pas terminé mon seoi-nage et elle me contre. C’est aussi ça le judo, mais je suis évidemment très déçue. Ce genre de rendez-vous, et la préparation qui est allée avec, me donne en tout cas très envie de faire ma place parmi les meilleures pour revivre ça très vite et aller chercher ma première grande médaille seniors. »

Quelques minutes plus tard, c’est sa partenaire de club Priscilla Gneto qui voyait également sa route s’arrêter net avant le seuil des quarts, à partir desquels une première défaite n’est plus synonyme d’élimination. La faute à l’inoxydable Portugaise Telma Monteiro, qui ne s’affolait pas après ses deux pénalités reçues suite à l’excellente entame de la Française, dans la lignée de son premier combat limpide contre la Belge Mina Libeer. Concentrée à la saisie pour ne pas s’exposer à la palette technique de celle qui a déjà disputé les Jeux olympiques à cinq reprises, la Parisienne avait tout bon mais ne parvenait à trouver l’ouverture, au contraire de sa rivale après une minute trente de golden score, sur une technique de sacrifice. « C’est avant tout de la frustration car, avec deux pénalités d’avance, j’avais déjà fait la moitié du chemin. Je me sentais bien, en confiance dans ce combat, et je ne me sens pas partir au départ de l’action. Il y a certainement un peu d’inattention, alors que je m’étais jusque-là bien retenue d’avancer sur elle comme elle l’affectionne. »

Des tribunes, l’entraîneur principal du PSG Judo Damiano Martinuzzi regrettait lui aussi ces deux scénarios cruels. « Face à l’une des favorites du jour, Faiza aurait dû sortir victorieuse vu le nombre d’attaques – une vingtaine en neuf minutes de combat – qu’elle a tentées et qui auraient dû amener l’arbitre à sanctionner la Géorgienne une troisième fois. C’est à ça que doivent servir les pénalités pour non combativité lorsque les combats s’éternisent sans valeur. Au lieu de ça, avec la dépense énergétique de toutes ses tentatives, elle en lance une dernière à moitié sur laquelle elle se fait contrer. C’est rageant parce qu’elle avait tout pour monter sur le podium aujourd’hui, tout comme Priscilla d’ailleurs, même si elle reste une jeune athlète en construction. Devenir champion ne se fait pas en un jour, mais bien à force de sortir en tournois, de disputer des combats et de gagner en expérience. De son côté, Priscilla suit le plan à merveille et il y a tout de même beaucoup de positif à retenir de ce combat, où elle n’a pas du tout été malmenée par Monteiro comme lors de leur dernier affrontement. Le judo reste un jeu d’échecs où il faut être capable de mettre le pion au bon endroit au bon moment, avec une sérénité émotionnelle constante. Sur l’action décisive, elle se fait aspirer pour la première fois du combat et ça se paie cash. »

Ce vendredi, quatre nouvelles chances de médaille pour le club de la capitale avec la Britannique Lucy Renshall (-63kg), Margaux Pinot (-70kg), le Géorgien Lasha Shavdatuashvili (-73kg) et Alpha Djalo (-81kg).