Cinquième médaille mondiale pour Amandine Buchard
Pour sa dernière compétition avant les Jeux olympiques, la Parisienne enchaîne un troisième podium planétaire consécutif, marque d’une constance au plus haut niveau qui fera d’elle l’une des favorites au titre suprême cet été. À condition de parvenir à se libérer, contrairement à ce dimanche à Abou Dhabi.
Ses larmes après sa victoire en place de trois des -52kg contre la Hongroise Reka Pupp en fin d’après-midi sont à l’image de sa journée, mêlant la fierté d’être pour la cinquième fois depuis 2014 sur le podium mondial – seulement quatre Français y sont parvenus dans l’histoire, parmi lesquels Teddy Riner qui culmine à douze récompenses dont onze en or – et la frustration de ne pas être parvenue à aller au bout d’une journée qui lui semblait pourtant promise. « Je me sentais si bien sur mon premier combat que je me suis dit, en retournant en salle d’échauffement, que ce titre était pour moi aujourd'hui. Et je pense que j'en ai eu autant envie que j'en ai eu peur. Dès lors, je suis montée sur le tapis avec l'envie de ne pas perdre. Et ça, ce n'est pas bon du tout… » Un état d’esprit qui ne l’empêcha tout de même de vaincre coup sur coup la Hongroise Roza Gyertyas et l’Allemande Mascha Ballhaus pour atteindre sa cinquième demi-finale mondiale en seniors, face à l’Italienne Odette Giuffrida, l’une de ses rivales depuis les juniors devenue, entre autres, double médaillée olympique.
Un duel à couteaux tirés que Buchard tentait bien de remporter en multipliant les attaques, mais sans se montrer assez précise pour déstabiliser son adversaire. Pire, c’est elle qui recevait finalement la troisième pénalité éliminatoire sur une fausse attaque que l’arbitre avait d’abord considérée comme valable, le poussant à sanctionner la Transalpine pour non-combativité. Pendant quelques secondes, l’athlète Rouge et Bleu tenait bien sa première finale, mais le pool des superviseurs s’en mêlait et faisait changer la décision, et avec elle le cours de l’histoire pour Buchard, redirigée vers une sixième petite finale en championnats du monde seniors. « Je crois que j'aurais préféré prendre une valeur que perdre comme ça, c’est horrible parce que tu crois que ça y est, tu tiens enfin ta première finale, mais non en fin de compte… Après, c’est comme ça, je me suis trop précipitée, avec des attaques vraiment limites. Tant pis pour moi, je vais essayer de prendre le positif de cette journée, comme ce nouveau podium qui valorise mon travail, et me remettre au travail pour me relever et aller chercher ce titre olympique qui reste le seul objectif que je poursuis depuis trois ans. On va tout faire pour entendre la Marseillaise cet été, afin que j’obtienne enfin mon cadre sur le mur de l’INSEP (réservé aux champions du monde et/ou olympiques, NDLR). »
Pour ce faire, les entraîneurs du PSG Judo, présents dans les tribunes de la Mubadala Arena, ont déjà un plan en tête. « Lorsqu’Amandine parvient à combattre en étant vraiment libérée, comme lors du dernier Grand Chelem qu’elle remporte à Tashkent début mars, rares sont celles qui peuvent rivaliser, explique Damiano Martinuzzi, entraîneur principal. Là, elle avait beau avoir la tactique en main sur quasiment chacun de ses combats, elle se bloque, ne se sent pas bien dans son judo et va chercher très souvent l’attaque en oubliant les étapes indispensables qui doivent la précéder. On va résoudre ça d’ici les Jeux. Après, même à 60-70%, elle parvient à terminer la journée sur le podium, avec une nouvelle médaille mondiale à la clé, et il faut la féliciter aussi pour ça. »
Une médaille que n’a pas réussi à décrocher de son côté Luka Mkheidze en -60kg, sorti en huitièmes par le Japonais Taiki Nakamura, sacré champion d’Asie il y a quelques semaines. « Avec ce tout jeune combattant qui n’était pas bien classé faute de sorties, c’était le tirage piège pour Luka qui arrivait sur ces championnats avec seulement trois séances de judo dans les jambes. Il démarre très bien sa journée, de même que ce deuxième combat, mais il n’a pas la condition pour conserver ce tempo pendant tout l’affrontement. C’est dommage car il s’agissait de la bonne tactique, mais le principal est de ne pas s’être trompé d’objectif en faisant de cette compétition un aboutissement. Place aux Jeux désormais pour nos deux athlètes du jour qui ne viseront rien d’autre que l’or à Paris. »
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Ce lundi, ils seront cinq Parisiens en piste, dont les deux -57kg Faiza Mokdar, novice à ce niveau de compétition, et Priscilla Gneto. Ni l’une ni l’autre n’a été gâtée par le tirage au sort : si le premier tour de la première face à la Panaméenne Kristina Jimenez ne doit pas être trop ardu, le niveau montera tout de suite pour la médaillée d’or du Grand Chelem de Paris. Se profileront ensuite la Japonaise Momo Tamaoki ou l’Italienne Veronica Toniolo, en bronze au Grand Chelem de Douchanbé il y a deux semaines. Pour Gneto, le quart de tableau est du même acabit : l’Allemande Pauline Starke, classée cinq fois sur sept depuis janvier, en huitième de finale, et la Canadienne Jessica Klimkait, n° 2 mondiale, médaillée trois fois sur trois Grands Chelems depuis le début de l’année, dont une victoire.
Côté masculin, le médaillé mondial 2023 Walide Khyar tentera de conclure la qualification olympique sur une bonne note, en débutant sa journée face au Kazakhstanais Zhanarys Rakhmetkali, en bronze aux championnats d’Asie 2024. Attention au piège. Pour une place dans le dernier carré, le -66kg français, médaillé européen et mondial 2023, pourrait bien avoir à battre le Tadjik Nurali Emomali, tête de série n° 7 et en argent au Grand Chelem d’Antalya fin mars. En -73kg, l’Algérien Messaoud Dris, récent champion d’Afrique, et le Géorgien Lasha Shavdatuashvili, triple médaillé olympique, pourraient se retrouver face à face en quart de finale.