Week-end faste à Antalya
L’étape turque du circuit international aura été fructueuse pour les athlètes Rouge et Bleu, entre la nouvelle victoire de Teddy Riner (+100kg), la médaille d’argent de Luka Mkheidze (-60kg) et les troisièmes places de Sandrine Martinet (J2, -48kg), Faiza Mokdar (-57kg) et Walide Khyar (-66kg).
Et de quarante-cinq combats consécutifs victorieux pour Teddy Riner ! En Turquie, le quintuple médaillé olympique a de nouveau enchaîné les combats avec sérieux et application, trop fort en début de journée pour le Bahreïni Azamat Chotchaev qui s’envolait en moins d’une minute sur son grand fauchage extérieur. Craignant l’impact du Français, les trois adversaires suivants refusaient de s’engager véritablement et laissaient l’arbitre régler leur compte à coup de pénalités qui les disqualifiaient tour à tour. Ce qui envoyait le Parisien en finale pour y affronter le jeune Japonais Tatsuru Saito, qui lui avait tenu tête pendant près de huit minutes aux mondiaux 2023 de Doha, remportés pour la onzième fois de sa carrière par Riner. Le vice champion du monde 2022 multipliait cette fois les attaques, sans jamais parvenir à trouver la faille chez le Français, patient pour trouver l’ouverture en contre sur une nouvelle attaque de hanche de son rival, retenu pour représenter le Pays du Soleil-Levant cet été aux Jeux olympiques. « Pour un athlète comme Teddy qui n’a vraiment qu’un objectif en tête, ce n’est vraiment pas évident de s’aligner sur des épreuves intermédiaires comme celle-ci, et d’autant plus avec son statut qui fait que tout le monde veut "l’abattre" à chaque combat, souligne Damiano Martinuzzi, entraîneur principal de la section judo. Malgré tout, ces sorties sont bonnes pour peaufiner les réglages techniques, ainsi que pour montrer sa force de caractère en s’imposant sans avoir fait de préparation spécifique pour ce rendez-vous. » Cinquième victoire de l’olympiade pour Teddy Riner, toujours invaincu depuis le tournoi olympique de Tokyo à l’été 2021, et mille points supplémentaires au compteur pour retrouver une place parmi le top 8 de sa catégorie, condition requise pour obtenir un statut de tête de série au moment du tirage au sort des Jeux, et ainsi être écarté des sept autres leaders avant les quarts de finale. Contrat rempli.
Il en va de même pour Luka Mkheidze (-60kg), l’autre médaillé olympique masculin français aux Jeux de Tokyo, en piste deux jours plus tôt à Antalya. Avec sa quatrième finale disputée en autant de sorties depuis ses championnats d’Europe victorieux en novembre à Montpellier, le super-léger pointe désormais à la deuxième place du classement olympique. Une juste récompense pour le combattant Rouge et Bleu, de plus en plus redouté sur le circuit par sa régularité et la précision de ses attaques. Seul le Russe Ayub Bliev parvenait à y résister vendredi, sur un contre qui survenait quelques séquences après une douleur au niveau du genou droit ressentie par Mkheidze lors d’un passage au sol. « Plus de peur que de mal, rassure son entraîneur de club, qui note un manque de fraîcheur logique en fin de journée suite à l’intense volume d’entraînement absorbé ces dernières semaines. Ce qui est intéressant avec Luka, c’est de voir qu’il est capable de tenir ses combats, avec des schémas techniques de plus en plus systématisés et automatisés. »
Quatre victoires pour une seule défaite, c’est également le bilan des parcours de Faiza Mokdar (-57kg) et Walide Khyar (-66kg), récompensés de leurs efforts par du bronze en fin de journée. Parfaits dans leur schéma technico-tactique, ils ne cédaient qu’en demi-finale, respectivement face à la double championne du monde en titre – et n°1 mondiale – Christa Deguchi, que Mokdar avait battue pour l’or à Paris début février, et au champion olympique et du monde en titre Hifumi Abe. Des revers qui ne les empêchaient pas de conclure par des petites finales victorieuses – waza-ari sur un mouvement d’épaule pour la championne de France 2023, ippon en contre pour le médaillé mondial 2023 – pour s’inviter sur le podium.
« C’est également la satisfaction qui prime pour Faiza et Walide, qui ont bien terminé leur compétition pour décrocher du bronze. Depuis sa victoire à Paris, Faiza est attendue, et arrive désormais dans ce qui fait le sel du haut niveau : trouver les solutions pour battre régulièrement les meilleures. Deguchi en est l’exemple parfait puisqu’elle a été surprise par Faiza en février, mais a trouvé les clés pour reprendre l’avantage sur elle à Antalya. À Faiza de persévérer sur cette voie pour continuer à grimper au classement. En ce qui concerne Walide, son comportement sans retenue et sa très bonne entame contre Abe sont très satisfaisants, et il a pu prendre de vraies informations en vue des Jeux. » Désormais huitième mondial, Walide Khyar continue de se rapprocher du top 8 olympique, avec l’objectif de l’intégrer au mois de mai, où sont programmés deux nouveaux Grands Chelems avant les championnats du monde d’Abou Dhabi, pour lesquels il est sélectionné tout comme Luka Mkheidze et Alpha Djalo (-81kg), battu par le Bulgare Gramatikov en 1/32es de finale samedi. « Comme pour les autres, Alpha a beaucoup enchaîné à l’entraînement ces derniers temps, et il commence à retrouver le rythme qui l’avait mené à enchaîner les podiums avant sa blessure et son opération de l’épaule gauche en juin dernier. Il faut désormais qu’il renforce son kumikata et qu’il reprenne confiance dans les mois à venir. »
En para-judo, Sandrine Martinet (J2, -48kg) ajoutait une nouvelle médaille au club de la capitale ce lundi après avoir dominé pour le bronze l’Allemande Isabell Thal d’un limpide grand fauchage intérieur. « Contrairement au Grand Prix de Tokyo où je n’avais pas su me remobiliser en place de trois, je suis contente d’avoir su réagir pour finir sur une bonne note, apprécie la combattante Rouge et Bleu. Avec ma fracture du nez de début janvier, je n’ai pu m’entraîner comme je le souhaitais sur ce début d’année, et cela peut expliquer le fait que je n’ai pas réussi à créer davantage pour déclencher la première, comme lors de ma demi-finale contre la Chinoise qui ne doit normalement pas me causer de problèmes. »