Martial Mondon : « Paris m'a offert un apprentissage accéléré »

Comme chaque semaine, les médias du club retrouvent un ancien joueur passé par le Centre de Formation du Paris Saint-Germain. Direction le Camp des Loges, où il est venu se ressourcer, pour prendre des nouvelles de Martial Mondon (génération 1975), qui revient sur son actualité et sur ses années parisiennes.

Martial, tu as porté le maillot rouge et bleu durant cinq années (1992 à 1997), des juniors jusqu'à l'équipe réserve. Quelles images te reviennent à l'esprit plus de vingt-cinq ans après ?

« Ce sont assurément mes cinq plus belles années de footballeur ! J’ai tout connu à Paris, en évoluant d'abord avec la section amateur (dorénavant Association PSG) puis avec le Centre de Formation, et suite au prêt de mon coéquipier Vincent Fernandez à Châteauroux j'ai rejoint l'équipe réserve en National 2. Vînt ce fameux 12 septembre 1995, où le responsable du Centre de Formation est venu taper à la porte de ma salle de classe pour m'avertir que je devais rejoindre urgemment le groupe pro dirigé par Luis Fernandez et qui devait s'envoler en Norvège le lendemain pour disputer un match contre Molde en coupe d’Europe des Vainqueurs de Coupe (victoire 3-2). Ma présence avait pour but de palier à la blessure de Bernard Lama, en tant que remplaçant de Richard Dutruel, titulaire pour l'occasion. Une fois les mesures prises pour mon costume, je me suis retrouvé parmi les Djorkaeff, Fournier, Le Guen, Guérin, Rai et un certain Bruno Ngotty, qui offrira le titre quelques mois plus tard d'un somptueux coup-franc. Du voyage à la causerie d'avant-match, de l'échauffement jusqu'à la victoire, j'ai tout vécu avec des étoiles plein les yeux ! »

Tu as pu parfaire tes gammes aux côtés du légendaire Bernard Lama. Impressionnant ?

« J’étais tous les jours en séance spécifique avec Bernard. Il était pour moi le meilleur gardien du monde. Imaginez mon admiration ! Il était ultra complet : une détente extraordinaire, une prise de balle hallucinante, des relances précises, une vision du jeu parfaite, un jeu au pied chirurgical... En plus d'être une bête de travail, il était toujours de bon conseil. J'imagine donc très bien ce que doivent ressentir les Titis actuels qui s'entraînent avec Gianluigi Donnarumma et Keylor Navas. Qu'ils profitent de chaque instant, car cet apprentissage accéléré n'a pas de prix ! »

Si on te parle de Tokyo, vois-tu où l'on veut en venir ?

« Oh que oui ! À ma toute première apparition avec l'équipe professionnelle du Paris Saint-Germain lors de la Pepsi Cup qui se déroulait en juin 95 au Japon. Il s'agissait du second match de cette mini tournée, trois jours après la défaite face au Nagoya Grampus Eight d’Arsène Wenger. J'ai été désigné titulaire pour affronter le Kashima Antlers d’un certain Leonardo (qui ne participa pas à la rencontre), au Tokyo Dome devant près de 35 000 spectateurs ! Nous avons même gagné le match avec un triplé du Titi Pascal Nouma (3-2). Même s'il ne s'agit pas d'un match officiel, je n'oublierai jamais ces quatre-vingt-dix minutes qui m'ont procuré une immense joie. Rien que d'en parler, j'ai l'impression de renfiler les gants ! »

Vivre ce genre d'évènements à un si jeune âge est-il simple à gérer sur le plan des émotions ?

« Mes parents m'ont toujours aidé à garder les pieds sur terre. Quand on est jeune, on peut avoir tendance à vite prendre la grosse tête, d'où l'importance d'être très bien entouré. J’ai d'ailleurs une anecdote à ce sujet : alors qu'on rentrait en pleine nuit au Camp des Loges après une défaite subie à Bordeaux en D1 (3-0, le 27 mai 1995), l’entraîneur de l’équipe 3 du club m'a demandé si je voulais bien jouer le lendemain en PH. J'ai accepté sans souci. En l’espace de deux jours je suis passé du Parc Lescure en D1 à Chatou en PH. Ce qui m’animait vraiment, c'était l’amour du foot. Bien sûr que jouer avec les pros était un rêve de gosse mais mon amour du maillot était plus fort que tout. »

Grâce à Paris, tu as également joué dans le film « Didier » réalisé par Alain Chabat en 1997 !

« Tous les jeunes du Centre de Formation ont vécu une expérience exceptionnelle en participant à ce film. On tournait de 22 heures à 7 heures du matin au Parc des Princes. Des lits de camp avaient été installés dans les vestiaires et puis vers 3 heures du matin, l'équipe de production venait nous réveiller en nous expliquant ce que l'on devait faire devant la caméra. Compliqué d'être au top du top le lendemain à l'entraînement ! À chaque fois que le film passe sur les écrans, on s'envoie tous des messages. Preuve que notre cursus de formation a forgé une amitié durable.»

L'été suivant, tu n'as pas été conservé par le club. Comment as-tu vécu cette séparation ?

« À l’époque, ça a été dur à encaisser car je ne m’y étais pas du tout préparé. Même si j'ai toujours pris du recul sur les belles choses que je vivais, il est toujours difficile de devoir faire ses adieux à son club de cœur. Je me suis retrouvé seul du jour au lendemain car il n’y avait pas de conseiller sportif, hormis pour les trois ou quatre meilleurs joueurs de l'équipe. J’appelais les clubs pour me vendre mais sans vraiment savoir comment faire. J’ai fait des essais dans quelques clubs pros sans succès, je suis donc retourné dans mon club d’enfance : le Racing, en National. »

Après avoir réalisé une carrière honorable au sein de plusieurs clubs franciliens, quel est ton actualité ?

« Dorénavant, j'occupe le poste de coordinateur de vie scolaire et de responsable de la section football d'un collège basé à Levallois. Même si les années passent, je n'ai pas lâché le football pour autant, puisque je suis responsable du pôle gardiens de but au sein du club de La Garenne-Colombes. Je continue également de suivre les jeunes du Centre de Formation, comme Presnel Kimpembe ou bien Warren Zaïre-Emery. C’est toujours un plaisir de les voir évoluer car cela nous ramène à nos propres souvenirs. »

À Paris, tu as aussi fait des rencontres qui ont marqué ta vie, à l'image de celle avec José Miguel Bosca (génération 1973) à qui nous dédions cette interview...

« José est un des premiers Titis qui m’a accueilli quand je suis arrivé au PSG. Il a commencé comme moi en amateur, avant de passer au Centre de Formation. Quelques années plus tard, on s’est un peu perdu de vue puisqu’il a signé un contrat professionnel en Espagne. Mais quand il est revenu à Paris accompagné de sa sœur pour des vacances, je suis tombé amoureux d’elle ! Mon meilleur ami est alors devenu mon beau-frère. C’est une super chose de la vie. Malheureusement, José nous a quitté il y a un peu plus d'un an. Toute notre famille est donc très touchée par cette démarche du club de lui rendre cet hommage. Nous avons été tous les deux Titis un jour, nous le resterons pour toujours ! »

 

PROFIL :

Date de naissance : 26 août 1975
Lieu de naissance : Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine)
Poste : gardien de but

Clubs successifs : Matra Racing (1983 à 1991), AS Saint-Étienne (1991 à 1992), Paris Saint-Germain (1992 à 1997), Racing CF 92 (1997 à 1999), RC Paris (1999 à 2000), AS Poissy (2000 à 2001), Racing CF 92 (2001 à 2004), Cosmo Ermont-Taverny (2004 à 2007), AF La Garenne-Colombes (2007 à 2010)