Lumière sur... Martha Fawaz et Antony Duporge

S'ils n'ont rejoint le club de la capitale qu'en septembre dernier, Martha Fawaz et Antony Duporge ont déjà l'esprit PSG chevillé au corps. Tous deux médaillés nationaux en juniors il y a quelques semaines, ils sont bien décidés à remettre ça dès que l'occasion se présentera à nouveau.

-57kg
Martha Fawaz, la précoce

Les raisons de sa venue au judo, à cinq ans, n’étaient pas forcément la meilleure manière de découvrir la discipline. « Mes parents m’ont inscrite au club de Lusignan car un garçon me frappait à l’école et ils voulaient que j’apprenne à me défendre. Le truc, c’est que cela m’a tout de suite plu : cela m’a mise en confiance, m’a amusée aussi parce qu’on pouvait se "battre" sans faire mal. »
Quand elle raconte son parcours, vient très vite dans la bouche de la native d’Annecy la place que tient le code moral dans sa passion pour la discipline. « C’est la beauté de ce sport. Je l’ai découvert lors de mes années benjamines, lorsque je combattais contre mes copines, en compétition. On voulait toutes gagner mais, dès que le combat était terminé, on refermait cette parenthèse. Je ne pense pas que tous les sports puissent proposer ce genre de valeurs. »

En -57kg depuis « toujours », c’est en deuxième année minimes qu’elle pointe le bout de son nez dans les palmarès nationaux, avec une cinquième place de la coupe de France 2016. « Une déception, explique Ludovic Lebeau, son professeur d’origine au sein de l’USJ 86 (Vienne). Martha était clairement l’une des deux meilleures de la catégorie. Paradoxalement, cela a servi pour la suite puisque, quelques mois plus tard, lors des championnats de France cadets, et alors qu’elle n’était pas attendue, elle a battu deux têtes de série et ne s’est inclinée qu’en finale, alors qu’elle n’était que première année. »
Très volontaire, introvertie, exprimant peu de choses – « il faut savoir rentrer dans son processus intellectuel » analyse toujours Ludovic Lebeau – et ayant besoin de faire confiance, Martha, en section sportive sur Poitiers, s’installe donc très vite au sein du haut niveau français. Pour ne plus le quitter. En 2018 et 2019, elle est championne de France cadettes. Une domination au cours de laquelle cette élève de Terminale se rappelle tout de même s’être mis beaucoup de pression. « J’étais beaucoup plus libérée sur les championnats de France que sur les tournois de préparation, ce n’est pas forcément logique mais tant mieux pour moi d’arriver plus détendue et déterminée en championnat. »

Junior depuis septembre, cette droitière d’1m61 – « il faut par contre absolument que je m’améliore au sol, histoire d’être aussi à l’aise que debout » – termine d’emblée vice championne de France fin février, ne perdant que contre l’autre -57kg du PSG Judo, Ophélie Vellozzi. Sa force ? « Des qualités qui lui permettent de mettre un impact exceptionnel sur ses adversaires » comme l’estime Julien Boussuge, sur sa chaise lors des dernières compétitions. Un binôme qui fonctionne à merveille, à l’instar des premiers pas de la spécialiste d’uchi-mata (fauchage par l’intérieur de la cuisse) dans le club de la capitale. « Je savais que c’était un club très professionnel. Mais je ne m’attendais pas à autant ressentir cet esprit de famille, avec une confiance envers les athlètes qui est vraiment géniale en plus d’un niveau de judo très élevé sur le tatami. » De quoi mettre dans les meilleures conditions cette véritable promesse du judo féminin tricolore, qui représenta le pays lors du dernier Festival Olympique de la Jeunesse Européenne, couvée par le staff national dans l’optique des Jeux de Paris en 2024 et, déjà, de Los Angeles en 2028.

 

-60kg
Antony Duporge, le besogneux

Le judo ? Une histoire de famille chez les Duporge. Rugbyman dès son plus jeune âge, et toujours fan de ce sport, Antony, originaire de Langon dans la banlieue bordelaise, pousse pour la première fois de sa vie la porte d’un dojo à six ans. « Je voulais essayer un autre sport. Mon père est judoka et m’a donc orienté vers cette discipline. Et puis des copains en faisaient. Donc au niveau de l’intégration sur le tapis, ce fut bien plus facile pour moi. » Une découverte en forme de coup de foudre pour Antony, trouvant là un sport en adéquation avec son instinct de compétiteur.
C’est en minimes que ce garçon d’1m65 s’investit totalement dans le judo. Membre du pôle espoirs de Lormont, Antony remporte en 2016 sa première médaille nationale, en bronze, chez les cadets en -50kg. Un métal qu’il ira chercher encore deux fois, cette fois-ci en juniors et dans la catégorie des -60kg, comme fin février sous les couleurs Rouge & Bleu qu’il a fait siennes au début de la saison. « Mon professeur précédent, Julien Nabarra, connaissait Nicolas Mossion. Nous savions tous les deux que ma progression passait par un déménagement sur Paris. Nous avons pris contact avec Nicolas. Et comme lorsque j’ai commencé le judo, la présence de Yhonice Goueffon et Israil Dakayev, des copains de longue date, fut l’une des raisons de mon choix pour le PSG. Ils m’ont parlé en termes très positifs du club, notamment au niveau de sa structuration, de ses ambitions. Depuis que j’y suis, ce que je retiens, ce sont surtout les détails techniques que m’ont apportés Nicolas et Julien (Boussuge). Je suis vraiment fier d’être un judoka parisien. »

Gaucher dont le système d’attaque tourne autour des mouvements de jambe (uchi-mata, harai-goshi, o-soto-gari), Antony garde bien présent en tête le souvenir de sa médaille de bronze acquise lors de la coupe européenne de Bosnie en juillet 2019, ravi « d’avoir sorti des mecs très costauds », alors qu’il passera chez les seniors l’année prochaine.
Pour Julien Nabarra, son précédent professeur au JJC Langon, le cap remonte à octobre 2018, avec sa victoire lors des championnats de France seniors deuxième division. « À l’heure actuelle, il s’agit de sa seule victoire lors d’un championnat national, au terme d’une journée parfaite. Un vrai déclic. Il a compris ce jour-là qu’il pouvait être fort. » Investi et ne se plaignant jamais selon son premier éducateur, Antony suit actuellement une formation BPJEPS « Judo/Jujitsu », comme sa camarade de club Laura Espadinha. Et lorsqu’il redescend dans son Sud-Ouest natal, la chasse et la pêche occupent ses journées ensoleillées.

Fan du Japonais Shohei Ono, champion olympique des -73kg en 2016 – « j’adore sa sérénité et le respect qu’il dégage en permanence sur le tapis » – et de Teddy Riner, qu’il côtoie chaque mercredi au dojo du club, le super-léger sait que la prochaine étape passe par une médaille lors des rendez-vous internationaux (les championnats du monde juniors 2020 sont pour l’heure prévus fin août en Turquie, tandis que les championnats d’Europe juniors ont été repoussés mi-novembre en Croatie). D’ici-là, le travail sur la lucidité continue aux côtés de Julien Boussuge, qui voit en Antony quelqu’un « qui n’a pas peur des sacrifices nécessaires exigés par la performance ». Une qualité utile sur et hors des tatamis.

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EPISODE 6 - LAURA ESPADINHA ET ARNAUD AREGBA
ÉPISODE 5 - OPHÉLIE VELLOZZI ET SINA SADROLESLAMI
ÉPISODE 4 - HABI MAGASSA ET FAIZA MOKDAR
ÉPISODE 3 - TANOU KEITA ET CHRISTOPHER MVUAMA
ÉPISODE 2 - WIDDMAN LAUDORT ET HUGO MÉTIFIOT
ÉPISODE 1 -YHONICE GOUEFFON, ENIEL CAROLY ET MÉLANIE VIEU