Grand Chelem de Paris 2023 : J-3 avec Alexis Mathieu
Alors que le Grand Chelem de Paris (4-5 février) approche à grands pas, les onze athlètes du PSG Judo sélectionnés avec l’équipe de France font le point sur leur saison, analysent leur dynamique du moment et se projettent sur cette fin d’olympiade. Quelques semaines après sa finale au Masters de Jérusalem, le Néo-Calédonien compte bien s’imposer en candidat régulier aux podiums.
À l’aube de cette nouvelle année, quel bilan tires-tu de 2022 ?
Elle a commencé par une bonne performance au Grand Chelem de Paris. J’y décroche une cinquième place, au goût resté assez amer… Arriver aux pieds du podium sur ce genre de compétition, c’est toujours frustrant. Le milieu d’année s’est avéré plus difficile, malgré un gros travail réalisé dans l’ombre, mais pas vraiment payant en compétition. Sur cette fin d’année, j’arrive au Masters avec l’idée de disputer une dernière compétition avant de pouvoir souffler. Je me suis livré, j’ai donné tout ce que j’avais et cela s’est plutôt bien passé (il ne s’incline qu’en finale face au Japonais Murao, NDLR). Cela apparaît comme une surprise parce que je n’étais pas trop attendu sur ce genre d’événement, même si nous savions que j’avais le potentiel pour arriver à ce niveau-là. Surtout, je me satisfais d’être parvenu à m’imposer sur des combattants du top dix mondial, avec la manière (le Hongrois Krisztian Toth, n°7 mondial, au premier tour, puis les Géorgiens Gviniashvili (n°3) et Maisuradze (n°4) en quarts et en demie, NDLR). Forcément, ça me donne confiance, me pousse à continuer sur la même voie et me lance parfaitement pour 2023.
As-tu ressenti un déclic à l’issue de cet été plus laborieux ?
Pas particulièrement, mais il y a eu beaucoup de changements au cours de l’année. Il fallait aussi trouver ma place après ma signature au PSG judo cet été. Sur certaines compétitions, on tombe sur un adversaire qui ne nous convient pas, on fait des erreurs… Bref, un ensemble de choses faisant que je n’ai pas réussi à performer. C’est une histoire de temps et chacun va à son rythme. Mon heure est venue de commencer à faire de bonnes performances, à moi d’être désormais le plus constant possible.
Cinq mois après ton arrivée, comment te sens-tu à Paris ?
Franchement, je suis très content. Certains pouvaient avoir quelques a priori au départ mais, au final, il faut vraiment voir le travail pointu réalisé au quotidien, que ce soit avec les entraîneurs ou le staff médical. On ne me lâche pas et l’exigence reste toujours très élevée. C’est ce qu’il me fallait. Au sein du club, j’ai retrouvé certains camarades des équipes juniors, et mon meilleur ami Alpha Djalo également, ce qui m’a permis de m’intégrer très rapidement. Avec mes performances, je me sens aussi beaucoup mieux et à ma place au sein du club.
Ce nouveau statut va-t-il t’amener à changer ta manière d’aborder les compétitions, comme lors de ce Grand Chelem de Paris ?
Non, je ne compte pas changer ma manière de me préparer, ni quoi que ce soit. Le Grand Chelem de Paris est un tournoi qui me réussit (en quatre participations, il s’est classé à deux reprises cinquième, en 2021 et 2022, NDLR) et qui va encore me réussir ! J’ai une petite anecdote : un jour, j’ai réalisé que ma mère avait perdu à quatre reprises en finale du Tournoi de Paris (Alice Dubois s’était inclinée en 1991, 1993 et 1994 face à la Cubaine Odalys Revé-Jimenez, ainsi qu’en 1995 contre la Coréenne Cho, NDLR). J’avais osé la charrier sur le sujet et elle m’avait répondu une phrase que je n’oublierai jamais : « Déjà fiston, arrive en finale du Grand Chelem de Paris et on en reparle ». Cette petite phrase, j’en ai fait un défi et depuis j’aborde toujours ce Grand Chelem comme une compétition faite pour moi. J’aime l’ambiance, la salle, c’est à la maison et je m’y sens bien à chaque fois que je combats, d’où la frustration de perdre en demi-finale puis lors du combat pour le bronze ces deux dernières années. Maintenant, avec ma performance du Masters, j’arrive dans des conditions différentes et j’espère que cela me sourira.
As-tu la sensation d’avoir passé un cap grâce à cette performance à Jérusalem ?
Un déclic, c’est certain. Tout s’est bien passé mais, maintenant, il faut le faire fructifier. Je n’apprends à personne que 2023 sera une année importante, pendant laquelle il s’agira de continuer de prendre de l’avance afin de me positionner en tant que leader de la catégorie et qu’il n’y ait plus de question à se poser. Clairement, voilà l’objectif et, pour l’instant, je me sens prêt à le relever. Pour le moment, je suis bien placé au classement mondial (il est actuellement dix-septième au classement mondial et huitième dans la course olympique, NDLR) et je veux remporter des médailles sur chaque tournoi sur lequel je vais me présenter, même si ce n’est pas une finalité en soi.
Pour quelle raison ?
L’important, ce sont les championnats. Ce sont à la fois eux qui persistent dans un palmarès et qui compteront pour les Jeux olympiques. Cette année, les mondiaux surviennent dès le mois de mai et constitueront un objectif majeur. Les préparer, être sélectionné, y aller pour chercher le titre… et assurer ma place aux Jeux de Paris. À côté de ça, je commence à engranger une certaine expérience pour ne plus avoir à sortir à droite et à gauche. Pas besoin d’en faire énormément, je préfère cibler mes compétitions et bien les préparer pour être performant le jour J. Pour le moment, la concurrence est saine et c’est important qu’elle le reste à mes yeux. Nous nous entendons très bien en dehors du judo mais, sur le tapis, nous pratiquons un sport de combat, donc chacun donne le meilleur de soi-même.