« Bebel », inoubliable acteur du Paris Saint-Germain

Jean-Paul Belmondo vient de nous quitter, et c’est aussi son lien historique avec le Paris Saint-Germain qu’il laisse derrière lui. Présent autour de Daniel Hechter dans le projet de relance du PSG, au printemps 1973, l’acteur légendaire aura apporté tout son soutien à un jeune club alors menacé de disparition.

Le cinéma et le sport auront donc dessiné la double trame de la folle existence de Jean-Paul Belmondo. Une passion profonde pour le sport avec son inoubliable versant rouge et bleu. Car « Bebel », au fond, a toujours cru en la bonne étoile du football parisien. Né en 1933 à Neuilly-sur-Seine, il a grandi, comme beaucoup d’hommes de sa génération, avec le Racing Club de Paris pour club de cœur. Et c’est un autre maillot mythique du sport parisien, celui du Stade Français, qu’il portera au cours de son adolescence. Un maillot de gardien de but, lui qui éprouvait une profonde admiration pour Georges Carnus, l’ancien rempart du « Stade » et de l’Équipe de France.

Mais le Racing et le Stade Français verront leur étoile pâlir dans les années 1960 pendant que celle du jeune acteur commençait à illuminer le cinéma français, d’À bout de souffle à Borsalino, en passant par Un singe en hiver, L’homme de Rio et une flopée d’autres succès de l’époque. Et c’est ainsi avec beaucoup de bienveillance et d’espoirs que le populaire comédien verra naître, en 1970, un certain Paris Saint-Germain Football Club venu redonner un souffle footballistique à la Ville Lumière.

D’observateur, il deviendra rapidement… acteur. Nous sommes au printemps 1973 et, malgré une montée de D3 en D2, le Paris Saint-Germain est en souffrance, un an après une scission qui semble alors devoir faire du Paris FC LE club de la capitale. Mais le destin du PSG se met à basculer à mesure qu’il suscite l’intérêt de Daniel Hechter. Le jeune prince de la mode est un mordu de foot – lui aussi un grand supporter du Racing dans sa jeunesse –, et il voit dans ce club qui s’entraîne à Saint-Germain-en-Laye l’avenir du football parisien.

C’est Jacky Bloch, une figure du football francilien, qui présentera Belmondo à Hechter dans une période où des célébrités et des entrepreneurs – dont un certain Francis Borelli – ont pris l’habitude de se réunir sous le maillot des « Polymusclés », l’ancêtre du « Variétés Club de France ». Aux Hechter, Belmondo et Borelli s’ajoutent le publicitaire Bernard Brochand et le producteur Charles Talar. Le compte est bon : bienvenue à ce « gang des chemises roses », qui entend faire du Paris Saint-Germain le nouveau centre de gravité du foot parisien !

« La force du PSG sera toujours de projeter un film captivant et sans fin… »

Jean-Paul Belmondo, en septembre 2020

« Bebel » met alors un peu d’argent dans un club où Hechter fait figure d’investisseur principal. Surtout, il apporte une aura, un magnétisme, une popularité qui contribuent à placer sur la carte du ballon rond ce jeune club au destin si incertain. Au passage, il y développera de grandes amitiés, dont celle qui le liera à Just Fontaine, l’entraîneur des débuts de l’ère Hechter et du barrage héroïque de 1974.* Jean-Paul Belmondo devient un grand habitué du Parc et du vestiaire rouge et bleu, dont il aime à venir partager l’atmosphère comme après ce quart de finale retour haletant de Coupe de France qui voit le PSG faire tomber l’OM (2-0), le 13 mai 1975, un jour où, pour la première fois, une équipe parisienne remplit le nouveau Parc des Princes imaginé par l’architecte Roger Taillibert.

Le temps passant, et sa carrière de comédien occupant une place de plus en plus importante dans sa vie, Jean-Paul Belmondo quittera le cercle de ces dirigeants historiques qui ont cru de toutes leurs forces en l’avenir du PSG. Il y a un an, à l’occasion de la parution du Magazine Officiel du Paris Saint-Germain dédié au 50e anniversaire du club, nous avions placé la photo de l’artiste dans une mosaïque de visages inoubliables. Le regard de « Bebel » perçait entre Georges Peyroche, l’entraîneur des premiers trophées, et Edinson Cavani, le meilleur buteur de l’histoire.

Dans cette même revue, il nous avait fait l’honneur d’en signer l’édito. De chaque ligne transpirait son amour pour le club. Il concluait ainsi : « Il a parfois été dit que le Paris Saint-Germain semblait né de l’inspiration de scénaristes, mais qu’aucun d’entre eux n’aurait imaginé une si incroyable destinée pour un club de football. Par certains côtés, oui, le football et le cinéma sont taillés dans le même bois. Mais la force du Paris Saint-Germain sera toujours de projeter un film à la fois captivant et sans fin. Un film éternel ! » Éternel comme « Bebel »

 

*Après avoir perdu 2-1 dans le Nord le match aller (le 31 mai 1974), les Rouge et Bleu, guidés par leur capitaine Jean-Pierre Dogliani, avaient renversé la vapeur au retour, au Parc des Princes, en s’imposant 4-2 (le 4 juin 1974). Depuis cette montée en D1, le PSG n’a plus jamais quitté l’élite du Championnat de France.