Nedim Remili : "je vais souffrir, je le sais et j'adore ça"

C'est à domicile mais à bonne distance que l'arrière droit parisien nous a reçus. Le temps d'une après-midi Nedim Remili a échangé avec nous sur ces deux derniers mois de confinement et sur la reprise qui l'attend très prochainement avec le club de la capitale.

PSG.Fr : Bonjour Nedim, Comment s’est passé ton confinement ?

Nedim Remili : "Plutôt bien dans l’ensemble. On est resté dans notre maison pendant toute la durée du confinement. Comme on a la chance d’avoir un jardin, on n’était pas à plaindre avec notre chien et notre chat. On avait toujours de quoi s’occuper.
Ma copine a continué de suivre ses cours à distance. De mon côté, j’ai eu beaucoup de temps pour jouer aux jeux vidéos. J’ai aussi essayé de me rendre le plus utile possible : en offrant notamment de mon temps aux associations que je suis tout au long de l’année.
À la fin, je commençais à craquer et dès qu’on a pu se déconfiner j’en ai profité pour aller voir mes parents. Aujourd’hui ça fait du bien de pouvoir sortir à nouveau, tout en prenant les précautions nécessaires bien-sûr."

Tu reprendras bientôt le chemin des entraînements, tu dois être impatient…
"C’est un pur bonheur ! J’étais juste déjà hyper content d’avoir un horaire de rendez-vous (rires). Je sais que tel jour à telle heure, je dois être présent à Coubertin et ça me fait vraiment du bien. Pendant deux mois, je n’ai rien eu à faire, pas d’impératif, mon planning était vide et je dois dire que ça m’avait beaucoup manqué. Qui aurait cru que moi qui aime beaucoup dormir, je dirais un jour que je suis content d’avoir à me lever (rires) ?" 

Comment as-tu occupé tes nombreuses journées de libres ?
"Comme je le disais toute à l’heure, j’ai donné de mon temps pour des associations qui me tenaient à coeur. J’ai aussi lié l’utile à l’agréable puisque pour l’une d’entre elles, je devais jouer aux jeux-vidéos. Je remercie d’ailleurs les organisateurs de cet évènement parce que ça m’a permis je l’espère d’avoir aidé des gens. On sait que dans cette période de crise sanitaire, ces associations qui vivent beaucoup des dons d’entreprises et de collectivités ont encore plus besoin de nous.
J’en ai aussi profité pour me ressourcer et prendre un peu de recul. Aujourd’hui je suis passionné par mon métier de sportif professionnel, le confinement m’a rappelé à quel point je voulais encore progresser. Mais ça m’a aussi ouvert un peu plus les yeux sur ce que je pouvais faire pour aider les gens qui m’entourent."

Physiquement, le confinement n’a pas laissé trop de traces ?
"Mes muscles sont officiellement partis ! Et ils sont partis d’un coup ! Jamais dans toute ma carrière de sportif professionnel j’étais resté aussi longtemps sans rien faire. Je pourrais même dire jamais de ma vie !
Même quand tu te blesses tu fais de la rééducation et tu en profites aussi pour travailler d’autres muscles. Là ça a été une coupure de 2 mois et personnellement, sur le plan physique, je l’ai très mal vécu.
Après évidemment, j’ai essayé de faire du sport à la maison, mais ça ne vaut pas la course haute intensité dans un match de handball, la musculation qu’on peut faire entre nos entraînements à Coubertin.
Ça a fait aussi un peu mal moralement. Je sais que lorsque je suis à la maison j’aime me reposer parce que d’habitude en dehors je fait  tout le temps du sport : un basket avec les copains ou du handball et de la musculation à Coubertin. Mais là, devoir s’entraîner à la maison ça m’a mis un coup au moral. J’ai fait du sport, mais pas tant que ça. Je n’ai pas été comme certains joueurs, Adama Keita pour ne pas le citer, qui s’est transformé en préparateur physique pendant le confinement (rires)."

Est-ce que tu as une certaine appréhension à l’idée de reprendre un travail physique la semaine prochaine ? 
"Une appréhension…non pas vraiment. Je sais que ça sera très difficile, même si vu la situation particulière que nous traversons, la charge de travail sera très progressive. Je suis surtout impatient de retourner travailler dans cette salle. Je vais souffrir, je le sais et j’adore ça."

Qu’as-tu ressenti en apprenant l’arrêt du championnat et par la même occasion votre titre de Champion de France 2020 ?
"C’est mon quatrième titre en Lidl StarLigue avec Paris et c’est la deuxième fois que nous l’obtenons sans être sur un terrain. C’est une sensation vraiment particulière. Mais on l’accueille à bras ouverts. On n’a pas volé ce titre. On est resté invaincus en championnat et on a montré de la constance tout au long de la saison.
Après le contexte est bien évidemment particulier. On obtient ce titre au beau milieu d’une crise sanitaire qui a impacté beaucoup de monde. Ça remet beaucoup de choses en perspectives et c’est dur de se réjouir de ce titre quand tu vois toutes les personnes qui ont été touchées par ce virus."

Tu n’as pas été trop déçu de ne pas pouvoir aller au bout des échéances sportives que tu avais avec le club et l'Equipe de France?
"C’est vrai qu’avec le mois de mars arrive souvent la période charnière de notre saison : un premier titre à gagner avec la Coupe de la Ligue, les matchs à élimination directe en Ligue des Champions, le TQO…
On savait que c’était notre dernière ligne droite et on été impatient d’attaquer tout ça. Mais ça s’est arrêté assez brutalement et pour de bonnes raisons donc ça nous a fait pas mal relativiser."

Cette fin de saison prématurée est aussi été synonyme de départ pour certains joueurs…
"C’est dommage qu’on ne puisse pas leur dire au revoir de la meilleure des manières. Rodrigo (Corrales) et Sander (Sagosen) sont avec nous depuis déjà plusieurs saisons. On a partagé beaucoup de très bons moments tous ensembles. On aurait voulu pouvoir finir autrement.

Quand on pense aussi à Gogi (Gudjon Valur Sigurdsson) qui met un terme à sa carrière, on aurait voulu fêter ça comme il se doit. Mais c’est comme ça, on n’a pas le choix et je sais qu’on les reverra sur Paris prochainement."

On a beaucoup parlé de l’impact économique que pouvait avoir cette crise sanitaire, notamment pour le monde sportif. Comment tu perçois les choses ?
"Tous les clubs et tous les sportifs, quel que soit leur sport, ont été ou sont encore impactés par le Covid 19.
Le Handball français vit de droits télé, de sponsoring, de subventions. On imagine que les entreprises qui accompagnaient le développement de notre sport vont peut-être devoir se recentrer sur elles-mêmes pendant un temps, donc forcément tu t’inquiètes. Mais j’ai aussi le sentiment qu’on a très vite pris conscience de tout ça et que les instances dirigeantes ont pris les bonnes décisions. À nous maintenant de continuer à respecter les règles qui nous seront données."

Quels sont les autres sports et les compétitions qui te manquent le plus ?
"Je me suis rendu compte que tous les sports me manquaient. Le foot, le volley, le basket. J’adore voir des gens qui se donnent à fond dans leur discipline et ça me manque de ne plus voir ça. Ecouter un commentateur qui s’enflamme pour une action ou un but, ça me manque. Tout dans le sport me manque."
En revanche, je ne voulais pas regarder de rediffusion à la télé. Ça m’aurait fait trop mal. Mais j’ai fait des rêves et des cauchemars en lien avec le sport. Pour tout vous dire, j’ai même vu de l’aviron dans un de mes rêves (rires)."

Comment se déroulera la saison prochaine selon toi ?
"Elle sera incroyable. Il faudra savoir se gérer et se ménager dès qu’on le pourra. On est tous des compétiteurs et encore plus ici à Paris. Mais la saison prochaine, il faudra que chacun sache un peu lever le pied. Il faudra gérer les rencontres, les déplacements, les temps de repos. Les joueurs et le club grandiront de cette épreuve. Paris faisait déjà beaucoup de choses pour nous sur le plan de la récupération et il faudra qu’on en fasse encore plus.
En tout cas, ça sera une saison passionnante et difficile physiquement et mentalement. Mais le plus important restera comme toujours de gagner le plus de matchs possibles, d’aller le plus loin possible dans toutes les compétitions. Même si ça sera une saison particulière, avec beaucoup plus de matchs, les objectifs du club et nos objectifs en tant que joueurs resteront les mêmes : jouer au handball et aller chercher des titres !"

(Crédits photos : TeamPics/Schlosser/Azouze/PSG)