Martin Adeline : « Paris a développé ma faculté d'adaptation »

Interviews

Comme chaque semaine, les médias du club retrouvent un ancien joueur passé par le Centre de Formation du Paris Saint-Germain. Direction l'Aube, à Troyes, pour prendre des nouvelles de Martin Adeline (génération 2003), qui revient sur son actualité et sur ses jeunes années parisiennes.

SA VENUE AU PARIS SAINT-GERMAIN

« Après avoir débuté le football à Rodez, j'ai signé à Épernay au sein d'une génération qui remportait quasiment tous ses matches. Plusieurs clubs pros se sont intéressés à moi et m'ont invité à participer à des tournois comme le FC Metz, le Stade de Reims et l'ESTAC Troyes. C'est d'ailleurs avec ce dernier que j'ai disputé une compétition à Genève où j'ai su me mettre en évidence. Le PSG m'a remarqué lors de ce tournoi et a invité mon équipe pour jouer un match amical au Camp des Loges. Nous avons pris une leçon de football (défaite 8-1), ce qui ne m'était jamais arrivé par le passé ! Une satisfaction, celle d'avoir inscrit le seul but de mon équipe... Nous avions visité le Centre de Formation puis assisté à un match de l'équipe pro au Parc des Princes. Des étoiles plein les yeux ! Le club m'a invité par la suite à participer en avril 2015 à l'Izmir Cup en Turquie, un des plus grands tournois européens U12, avec des joueurs de l'Association comme Kais Najeh et d'éventuelles recrues comme Andy Diouf et Jaouen Hadjam. Nous avons atteint la finale (défaite face à l'Athletic Bilbao) et c'est ainsi que j'ai convaincu le staff de me faire signer un contrat de cinq ans à l'été 2016. Étant fils unique, ce fut une décision très difficile à prendre pour ma maman qui m'a élevé seule. Mais quand le staff du PSG s'est déplacé chez moi, je ne pouvais pas refuser cette opportunité. J'ai clairement dit à ma maman que je ne voulais pas qu'elle brise mon rêve. Je la remercie du plus profond de mon cœur d'avoir accepté car Paris m'offrait un projet très solide sur le plan scolaire en plus du projet sportif, et m'a surtout permis de rentrer en taxi chaque week-end à mon domicile pour la retrouver. Rien que pour ça, je serai toujours redevable envers le Paris Saint-Germain et son recruteur Marc Westerloppe qui a cru en mon potentiel et qui a tout fait pour faciliter ma venue. »

SON INTÉGRATION AU CLUB

« Je vais être honnête, j'ai vécu quatre premiers mois très compliqués. Je débarquais de la Marne, sans maîtriser les codes des jeunes de la banlieue parisienne. De plus, tous mes nouveaux coéquipiers se connaissaient depuis de très nombreuses années. Moi, j'avais grandi dans un monde de bisounours. J'ai donc eu du mal à m'intégrer, et je me suis renfermé sur moi-même. J'allais pleurer dans les toilettes tous les soirs pour évacuer mon mal être. J'avais même dit à ma mère que je souhaitais stopper ma formation. Finalement, j'ai profité du fait d'avoir retrouvé mes amis d'enfance lors de vacances scolaires pour souffler et décompresser. Je me suis posé, j'ai pesé le pour et le contre. Je n'avais pas le droit d'abandonner face aux premières difficultés rencontrées. Je suis revenu avec une détermination à toute épreuve et j'ai montré sur le terrain qu'on pouvait compter sur moi. Finalement, j'ai vécu une expérience inoubliable. J'en profite pour remercier grandement mon coach Thomas Leyssales qui m'a accompagné et encouragé durant toute la période où il m'a encadré. D'ailleurs, j'ai une pensée pour l'ancien responsable extra sportif de la préformation Pascal Hilbert et toute son équipe, ainsi que les encadrants de nuit, qui ont su nous mettre dans les meilleures conditions possibles pour avancer sereinement. Laurent Huard a ensuite pris le relais en U17 Nationaux et m'a également aidé à donner le meilleur de moi-même. »

SON STYLE DE JEU

« Étant plus petit de taille que la grande majorité de mes coéquipiers et de mes adversaires, j'ai développé mon jeu de position pour favoriser les combinaisons sur le plan collectif. À Paris, on m'a appris à jouer au vrai football, à respecter le jeu. Tous les coaches m'ont transmis leur détermination, une certaine grinta, tout en supprimant mes courses inutiles. Je suis devenu un milieu de terrain plutôt complet et polyvalent, bien que je doive encore m'étoffer physiquement pour résister à ce football qui devient de plus en plus athlétique. J'avoue que mon plaisir de jouer est parfois minime car j'ai davantage la sensation de devoir me battre pour récupérer le ballon plutôt que de le manier pour construire des actions sur le plan offensif. C'est certainement dû au fait d'évoluer dans des équipes qui subissent davantage, ce qui n'était pas le cas à Paris. »

SES PLUS BEAUX SOUVENIRS EN ROUGE ET BLEU

« Je n'ai pas forcément un seul moment qui me revient en particulier. En revanche, nous savions que nous allions gagner avant même de jouer ! Il se dégageait une force au sein de notre équipe que je n'ai jamais retrouvé par la suite. Chaque joueur était habité d'une immense confiance en lui mais surtout envers ses coéquipiers. J'ai tellement pris de plaisir à jouer pour Paris. Mon passage au club m'a permis d'acquérir toutes les bases tactiques, ce qui me permet aujourd'hui de m'adapter à n'importe quel coach. J'ai adoré m'entraîner sous la coupe de Carles Romagosa et de son adjoint David Hernandez qui prônaient un football fait de mouvement et de passes. L'avantage d'être formé au PSG, c'est également l'assurance de participer à de nombreux tournois internationaux. Je suis allé au Qatar, en Turquie, en République Tchèque... Aucun autre jeune du même âge ne peut vivre de pareilles expériences. Paris, c'est l'école de la vie ! J'ai appris ce qu'est l'exigence et l'importance du travail invisible. J'y ai gagné tellement de temps d'avance sur n'importe quel autre joueur né en 2003. Sur le plan médical, j'ai pu constater que le suivi n'était pas aussi poussé dans les autres clubs de L1 et L2. J'y ai vécu quatre années fantastiques. »

SON PREMIER MATCH AU PARC DES PRINCES

« C'était avec le Stade de Reims en Ligue 1, je m'en souviens comme si c'était hier (le 23 janvier 2022). J'avais été très impressionné par la beauté du stade vu de la pelouse. Il était si classe avec toutes ses lumières, à la hauteur de son institution. C'est le seul stade en France avec Louis II à Monaco où j'ai ressenti cette sensation. La jauge de 5000 spectateurs était toujours en vigueur à cause de la crise sanitaire, ce qui avait rendu le contexte un peu particulier. Alors que nous étions menés (2-0), le coach m'avait fait entrer à l'heure de jeu. Malheureusement, je n'ai pas pu apporter grand-chose et nous avions été largement battus (4-0). Je n'avais jamais autant couru dans le vent pour tenter de récupérer le ballon. Un an après, nous sommes revenus arracher le match nul (1-1) sous la coupe de Will Still, mais je n'étais pas entré en jeu. »

SES CONSEILS POUR LES TITIS ACTUELS

« Lors de mon apprentissage à Paris, je me souviens qu'on nous répétait sans cesse que seulement trois ou quatre joueurs issus de notre génération parviendraient au plus haut niveau. Les coaches ne s'étaient pas trompés ! Pour y parvenir, il y a énormément de paramètres qui entrent en ligne de compte pour devenir un footballeur professionnel : le timing, la chance, la bonne santé, les bonnes performances... Il faut également faire très attention vers qui se tourner pour être bien conseillé. Il arrive un moment où l'on se sent incompétent sur le plan juridique, il est donc obligatoire de faire appel à des experts en la matière. Mais le plus dur dans une carrière de footballeur, c'est la solitude. Qu'est-ce qui peut se passer si tout s'arrête du jour au lendemain ? Je n'ai beau avoir que vingt-et-un ans, mais pour autant je ne mets pas tout mon cœur que dans le football ! Je me force à me tourner vers d'autres centres d'intérêts comme le théâtre ou le domaine associatif. J'aime échanger avec des personnes issues d'autres milieux professionnels afin d'enrichir ma culture personnelle. J'essaye de trouver un équilibre mentalement, de me détacher de la bulle footballistique afin de me construire en tant qu'homme en dehors. »

SON ACTUALITÉ SPORTIVE

« Après le PSG que j'ai quitté en pleine crise sanitaire pour des raisons familiales, j'ai intégré le Stade de Reims où j'ai signé mon premier contrat professionnel à l'été 2020. J'ai d'abord évolué avec les U19 Nationaux puis la réserve en National 2 avant d'intégrer le groupe professionnel. Après avoir fait mes débuts en Ligue 1 notamment contre l'OM au Vélodrome, j'ai été successivement prêté à Rodez puis Annecy en Ligue 2. Rien n'a été simple, car il a fallu à chaque fois convaincre des coaches, des directeurs sportifs, des supporters... Depuis l'âge de douze ans, j'ai toujours eu la sensation d'évoluer avec une certaine pression du haut niveau, ce qui engendre parfois une fatigue psychologique mais aussi physique. J'ai vu bon nombre de copains ne pas être conservés lors de leur cursus de formation, ce qui n'est jamais évident à vivre. Malgré tout, j'ai réussi à utiliser le meilleur de mon apprentissage pour rester au plus haut niveau et ainsi rebondir à Troyes où j'ai paraphé un contrat de trois ans. Je ressens pour la première fois une certaine stabilité. J'espère enchaîner un maximum de matches au sein de ce club qui possède un projet sportif très intéressant. »

PROFIL :

Date de naissance : 2 décembre 2003
Lieu de naissance : Épernay (Marne)
Poste : milieu de terrain
Clubs successifs : Rodez AF (2009 à 2012), RC Epernay Champagne (2012 à 2016), Paris Saint-Germain (2016 à 2020), Stade de Reims (2020 à 2024), Rodez AF (2023, prêt), FC Annecy (2023 à 2024, prêt), ESTAC Troyes (depuis juillet 2024)
Équipe de France : U19 (14 sélections, 1 but) et U20 (8 sélections, 1 but)