Lumière sur... Khamzat Saparbaev et Luca Otmane

Recrues du PSG Judo en 2020, Khamzat Saparbaev et Luca Otmane font déjà profiter au groupe parisien de leur sérieux et de leur engagement au quotidien. Avec deux trajectoires bien différentes mais un même sens du combat qui va les aider à briller sous leurs nouvelles couleurs.

-100kg
Khamzat Saparbaev, le colosse introverti

Sa médaille d’argent aux championnats de France juniors 2020 en -100kg lui a ouvert les portes de l’INSEP. Khamzat Saparbayev, junior troisième année d’un mètre quatre-vingt dix a donc découvert le saint des saints du judo français à la rentrée dernière. Lui, le jeune homme né en Tchétchénie et qui découvrit le judo en Belgique, à Inglemunster, lorsqu’il avait neuf ans. « Je n’aimais pas trop les sports de ballon et il me fallait absolument une activité sportive, raconte-t-il d’un sourire léger et contenu. Puis j’ai arrêté quelques années avant de reprendre en 2015, à Saint-Etienne, un an après notre arrivée en France. Je suis tombé sur un excellent professeur, Patrice Palhec, qui m’a fait énormément progresser et m’a permis de participer à beaucoup des stages et compétitions. » Directeur technique reconnu, ce dernier ne tarit pas d’éloges sur son protégé, arrivé au PSG Judo depuis septembre. « Khamzat a repris chez nous en minimes, et pesait 70-72 kilos. C’est un garçon à la fois intelligent, bon élève au niveau scolaire et agréable. En 2018, il devient champion de France cadets en étant hors structure, en s’entraînant trois fois par semaine au club. Il choisit alors d’aller au pôle France de Strasbourg, notamment pour la qualité du lycée, qui fut un facteur important. »

Sa première année juniors le voit prendre ses marques avant de monter sur le podium national il y a un an. « Pourquoi être venu au PSG ? Parce qu’il fallait que je trouve un club sur Paris. Nicolas Mossion (directeur du haut niveau, NDLR) m’a appelé, me disant que mon profil les intéressait. J’ai bien réfléchi et finalement j’ai décidé d’accepter sa proposition car le club me semblait le plus organisé, le plus structuré pour m’aider dans ma démarche de haut niveau. »

Ce fan de série – « dernièrement j’ai beaucoup aimé Lupin » – mettra peu de temps à se fondre dans le collectif Rouge et Bleu. « Je pense que les nombreux déménagements que j’ai connus avec ma famille m’ont appris à être très rapidement adaptable », explique-t-il. Ainsi, son partenaire d’entraînement privilégié sur les stages d’été et à l’INSEP n’est autre qu’Eniel Caroly, champion de France juniors 2019 en -90kg et au club depuis maintenant trois ans. Actuellement en Terminale spécialité Physique-Science et vie de la terre, Khamzat s’est distingué en fin d’année dernière, remportant les test-matches nationaux dans sa catégorie des -100kg, en battant notamment le titulaire français des derniers championnats d’Europe, Cédric Olivar. « C’est un garçon avec une marge de progression importante, analyse Nicolas Mossion. S’il doit ajouter de la dynamique dans son judo, se montrer plus incisif, Khamzat possède d’ores et déjà un profil hyper intéressant et va être à court terme un élément important du groupe. » Régulièrement aux prises avec Teddy Riner, qui l’abreuve de conseils, au dojo de la rue Vandrezanne comme dans le bois de Vincennes, Khamzat, qui souhaite être masseur-kinésithérapeute à l’avenir, sait qu’il doit progresser dans de nombreux domaines, en particulier au kumikata (la prise de garde, NDLR). Tête bien faite et bien pleine, ce dernier travaille donc d’arrache-pied en cette période. « L’absence d’objectif et de perspective est difficile à gérer. Pour autant, je sais que ce que je fais maintenant me sera utile pour l’avenir et mes prochaines compétitions. » Khamzat Saparbaev ? Un colosse introverti aux idées claires.

-73kg
Luca Otmane, le sage guerrier

Fils de professeur de judo, les premiers pas sur les tatamis remontent forcément bien avant les premiers souvenirs en judogi de Luca Otmane, licencié dès ses trois ans à l’Olympic Judo Nice. La structure sudiste, unanimement reconnue pour la qualité de sa formation, qui vit le jour, comme Luca, en 1995. « Nous avons grandi ensemble, et l’évolution du club a coïncidé avec la mienne, analyse le finaliste des trois derniers championnats de France seniors en -73kg (pour un titre décroché en 2018). De ce fait, mon parcours fut assez simple, à faire, en parallèle du club, mes classes au pôle espoirs de Nice puis au pôle France de Marseille avant de rejoindre l’INSEP à mes dix-huit ans. Là encore, grâce au partenariat avec le club de Sucy Judo, je n’ai pas eu besoin de quitter mon club de province en arrivant sur Paris. »

Une stabilité qui lui permet de rapidement percer en seniors au niveau national, avant de remporter début 2018 une poule de sélection lui offrant une première participation aux championnats d’Europe, à Tel-Aviv (Israël). Si l’expérience tourne court avec une élimination dès son entrée en lice, elle fait office de déclic dans la tête du jeune homme, plus que jamais convaincu que le haut niveau est avant tout affaire de détails et qu’il faut penser la performance sous toutes ses coutures pour mettre le maximum de chances de son côté. « Pendant le premier confinement, je me suis aussi beaucoup remis en question, afin de savoir si j’étais vraiment fait pour le haut niveau, si je voulais réellement devenir un champion. Je sortais du Grand Chelem de Paris avec une impression mitigée : j’ai vécu mon huitième de finale contre Ebinuma (triple champion du monde et médaillé olympique en -66Kg avant de changer de catégorie, NDLR) comme une humiliation, alors que j’étais bien présent sur le combat, à vraiment vouloir lui rentrer dedans. Je suis persuadé de pouvoir toucher le top niveau mondial, et c’est pour franchir ce cap que j’ai décidé de changer d’environnement en signant au PSG Judo, qui œuvre pour professionnaliser au maximum la discipline. Je sais que je me mets en danger en quittant ceux avec qui j’étais très proche, mais c’est peut-être l’étincelle qui va aussi créer le changement dans ma carrière. »

De retour à l’entraînement depuis janvier après être passé par la case « opération » en septembre dernier – « j’ai préféré sortir de la course olympique pour Tokyo pour repartir tout neuf pour l’olympiade suivante » – pour soigner son genou droit, les sensations sont déjà au rendez-vous pour le Niçois qui fêtera ses vingt-six ans en juin prochain. « Avec les coaches du club, nous prenons le temps de bien travailler avant de songer à repartir en compétition. Je me connais de mieux en mieux, et je saurai identifier le moment où j’aurai le niveau pour combattre à l’international. Les objectifs sont autres pour le moment, axés sur ma reprise principalement, pour que le Luca de compétition soit au plus près du Luca d’entraînement, capable de faire tomber sur bon nombre de techniques. Il faut trouver le bon équilibre entre agressivité du combattant et proposition technique très judo, pour pouvoir saisir ma chance quand on me la donnera de nouveau. » Avec la structure du PSG Judo sur laquelle s’appuyer, ça ne saurait tarder…

 

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ÉPISODE 8 – ISRAEL DAKAYEV ET NABIL HACHEM

ÉPISODE 7 – MARTHA FAWAZ ET ANTONY DUPORGE

ÉPISODE 6 – LAURA ESPADINHA ET ARNAUD AREGBA

ÉPISODE 5 – OPHÉLIE VELLOZZI ET SINA SADROLESLAMI

ÉPISODE 4 – HABI MAGASSA ET FAIZA MOKDAR

ÉPISODE 3 – TANOU KEITA ET CHRISTOPHER MVUAMA

ÉPISODE 2 – WIDDMAN LAUDORT ET HUGO MÉTIFIOT

ÉPISODE 1 – YHONICE GOUEFFON, ENIEL CAROLY ET MÉLANIE VIEU