Grégory Paisley : « J'ai inscrit un quadruplé au Parc des Princes ! »
Comme chaque semaine, les médias du club retrouvent un ancien joueur passé par le Centre de Formation du Paris Saint-Germain. Direction le Campus PSG, à Poissy, où il est venu en voisin, pour prendre des nouvelles de Grégory Paisley (génération 1977), qui revient sur son actualité et sur ses années parisiennes.
SA VENUE AU PARIS SAINT-GERMAIN
« Mon premier entraîneur à la JS Pantin a expliqué à mon papa que je perdais mon temps car il estimait que j'avais le potentiel pour évoluer dans une meilleure équipe. J'ai donc réalisé un essai dans un club voisin, mais j'ai dit à mon père que je désirais plus que tout évoluer au Paris Saint-Germain, qui venait d'être champion de France de D1 en 1986. Je n'avais pourtant jamais mis un pied au Parc des Princes, mais je suivais l'actualité du club par le biais des fameuses vignettes à collectionner ! Malgré la distance, il a accepté de m'emmener à une journée de détection. Nous sommes arrivés avec une heure de retard ! Une fois sur place, je me suis retrouvé avec des joueurs plus âgés de deux ans que moi car nous nous étions trompés de groupe. Les dirigeants m'ont quand même intégré et finalement, j'ai réalisé une prestation très honorable. C'est ainsi que j'ai signé ma première licence à Paris. Au mois de septembre, mon père m'a fait découvrir le Parc lors d'un match de Coupe des Clubs Champions (ex-UEFA Champions League) contre Vitkovice (2-2). J'avais été impressionné par l'ambiance ! Il y avait des joueurs comme Halilhodzic, Susic, Bats, Rocheteau, Ayache, Pilorget... De quoi avoir les yeux émerveillés ! »
SES SOUVENIRS À L'ASSOCIATION PSG
« C'est à neuf ans en poussins que j'ai enfilé mon tout premier maillot de Paris. Mon papa prenait ses mercredis après-midi pour me déposer au Camp des Loges. Mon copain Patrick Videira, devenu plus qu'un frère, était également du voyage car il habitait non loin de chez moi. Lors de notre deuxième année au club, on prenait tous les deux les transports en commun ! On ne verrait plus ça aujourd'hui, mais que de moments inoubliables ! Nous avions toujours une balle de tennis dans la poche pour jouer au foot dans la rame du métro. On exaspérait les gens mais on était si heureux. Notre premier entraîneur Jacky Fourboul nous a laissé un très bon souvenir car il était à fond dans la tactique, qu'il présentait avec des aimants sur son tableau. Nous buvions ses paroles tellement il était passionné. Jusqu'au jour où nous avons disputé un match de Coupe de France Poussins en lever de rideau d'un PSG-OM au Parc ! Nous avions gagné 6-1 contre Calais, dont un quadruplé de ma part ! Nous possédions une super équipe de copains. Mais le match qui me reste le plus en tête, c'est mon tout premier en championnat, qui avait lieu au Chesnay. Une fois sur place, nous nous sommes aperçus que nous nous étions trompés de lieu... Mon père a traversé à fond la ville pour me déposer au bon endroit. Mon équipe menait 1-0 à la mi-temps, je suis entré à mon poste de milieu offensif, et 10-0 score final ! J'ai évolué jusqu'en pupilles 2e année à l'Association. On ne pensait qu'au foot H24. C'était le kif total, de vrais moments de partage. À cette époque, il y avait le Championnat Maratrat, qui regroupait les résultats de toutes les équipes de jeunes (pupilles, minimes et cadets). Tout le monde encourageait tout le monde, c'était magnifique car c'était un football très familial ! »
SON ENTRÉE AU CENTRE DE FORMATION
« En tant que minimes 1re année, j'ai intégré les -15 ans nationaux lorsque cette catégorie a vu le jour. J'espérais intégrer l'INF Clairefontaine qui était l'usine à champions à cette époque, mais mes parents étaient contre ce projet. Mes coéquipiers Pierre Ducrocq et Didier Domi y sont allés et ont ensuite intégré le groupe du PSG très rapidement. Je n'ai pas de regret ni d'amertume, je n'en ai jamais voulu à mes parents. En -15 ans Nationaux, nous avons atteint la demi-finale du Championnat de France sous la coupe de Dominique Leclercq. J'ai même joué libero lors des playoffs ! J'étais dans le bon rythme, ça suivait son cours. En -17 ans Nationaux, nous avons intégré l'internat à Rueil-Malmaison avec notre coach Patrick Liewig qui m'a repositionné en tant que défenseur latéral gauche. Ça s'est fait au moment où il y avait une révolution à ce poste avec des joueurs beaucoup plus portés vers l'avant. C'est une saison qui fut compliquée car je me suis blessé à plusieurs reprises. Je n'ai dû jouer que cinq mois, suffisamment pour gagner ma place en équipe réserve découpée en deux groupes (N2 et N3). À ce propos, je suis très content de voir que le club a mis en place un groupe Espoirs cette saison. Il est important de retrouver de la compétitivité en post-formation. Certains joueurs ont parfois besoin de s'aguerrir davantage avant d'être propulsé au plus haut niveau, j'en sais quelque chose ! Et ça évite de se séparer de certains joueurs beaucoup trop tôt sans qu'ils n'aient eu le temps de montrer tout leur talent. »
SON STYLE DE JEU
« Depuis tout petit, j'ai toujours été à l'aise avec mon pied gauche. Une fois replacé derrière, je n'étais pas du genre à tacler, au contraire je défendais toujours debout. J’aimais aller de l'avant puisque j'étais un milieu offensif de formation. Mon axe de progression était plus lié au mental. Mon pote Patrick Videira savait compenser sa petite taille grâce à son état d'esprit conquérant. Il m'a toujours encouragé pour faire face aux difficultés rencontrées, et c'est encore le cas aujourd'hui ! J'en profite d'ailleurs pour le remercier grandement et lui souhaiter une franche réussite à la tête de l'équipe du Mans, en National. À certaines périodes de ma vie de footballeur, je me suis peut-être trop reposé sur mes acquis et il était toujours là pour me booster. La technique, c'est bien, mais le mental, c'est mieux ! »
SON PREMIER CONTRAT PROFESSIONNEL
« Quand j'étais stagiaire-professionnel, il m'arrivait parfois de me demander si j'avais le niveau pour jouer en première division. J'avais conscience de mes qualités, mais pas de mes limites. Jusqu'au jour où j'ai pu m'entraîner avec les Weah, Ginola, Rai, Ricardo, Valdo, Roche, Guérin, Le Guen... J'ai travaillé durement tous les jours pour y retourner le plus souvent possible. Il faut savoir que le terrain d'entraînement de l'équipe réserve au Camp des Loges n'était séparé que d'un grillage de celui des pros. Je n'avais qu'une envie, celle de jouer avec eux en match officiel. Mes efforts ont fini par payer puisque le club m'a fait signer mon premier contrat professionnel en 1997 et m'a prêté dans la foulée au Servette FC en Suisse. Je ne l'ai pas pris comme un aboutissement mais plutôt comme une étape logique de mon cursus d'apprenti-footballeur. Imaginez ma joie, celle du petit garçon de neuf ans qui rêvait de ce moment à l'époque ! »
SON PREMIER MATCH OFFICIEL EN PRO
« L'éviction d'Alain Giresse qui était à la tête de l'équipe professionnelle a permis à son remplaçant Artur Jorge de repartir de zéro lors de sa prise de fonction. C'est ainsi que j'ai pu le convaincre de me faire confiance à l'issue d'une semaine de stage. J'étais souvent dans le groupe pro avec son prédécesseur, mais je n'avais jamais eu l'occasion de disputer quelques minutes en match officiel. Le 17 octobre, Artur Jorge m'a titularisé pour un déplacement à Lyon. Il y avait Lama, Wörns, Rabesandratana, Simone, Okocha, Llacer, Ducrocq... Ce dernier s'est fait expulser après la demi-heure de jeu, malgré cela nous avions rapporté le point du match nul (1-1). Le coach m'a laissé jouer tout le match alors que nous étions en infériorité numérique, un vrai message positif pour mes débuts. Sa récente disparition m'a attristé car il est le premier à avoir cru en moi. »
SON PREMIER BUT EN LIGUE 1
« Je n'en ai mis qu'un seul avec Paris, c'était lors d'un match d'une victoire au Havre (4-0). Le 15 novembre 1998 si ma mémoire ne me fait pas défaut ! Je ne l'ai jamais oublié, car en tant que défenseur latéral gauche je n'avais plus marqué de but depuis très longtemps. Je me revois intercepter le ballon au milieu de terrain, puis le transmettre à Yann Lachuer qui décale Marco Simone sur le flanc droit. En même temps, je pique un sprint vers l'avant et Marco me voit lever la main comme si je demandais le ballon comme un attaquant de grande renommée ! Il m'a offert un caviar que j'ai repris d'une volée à hauteur du point de penalty, qui plus est du pied droit ! Une joie incommensurable ! »
SON MEILLEUR SOUVENIR SUR LE TERRAIN
« Assurément, mon tout premier match disputé au Parc des Princes contre l'AJ Auxerre, le 30 octobre 1998. Ce n'était pas un aboutissement, mais plutôt le simple fait de valider que j'étais vraiment un joueur pro du PSG ! J'ai encore du mal à trouver les mots aujourd'hui pour décrire les sensations ressenties ce soir-là. Je me souviens entrer sur le terrain lors du protocole en donnant la main à un gamin, comme j'avais pu le faire à sa place au même âge. Une fois devant la tribune présidentielle, j'ai salué mes proches qui étaient présents dans les gradins. Je n'étais pas du tout stressé, car j'avais pris ça comme une forme de logique dans mon parcours. J'avais travaillé dur pour y parvenir, il fallait vite se plonger dans le match pour être à la hauteur des espérances. Nous avons remporté le match (2-0) grâce à un doublé d'Okocha, en compagnie de mes potes du Centre de Formation Jérôme Leroy et Pierre Ducrocq. Fantastique à vivre en tant que joueur formé au club ! »
SON MOMENT LE PLUS COMPLIQUÉ
« Ma grave blessure aux ligaments croisés du genou gauche en février 1999 a été un tournant car j'aurais sûrement pu disputer beaucoup plus de matches avec Paris. C'était contre Thouars en Coupe de France, après seulement trois minutes de jeu. Un match que nous avions déjà disputé mais qui avait été stoppé puis reporté à cause des conditions climatiques. Malgré le score de 2-0 en notre faveur, il avait fallu y retourner un mardi soir, juste après avoir affronté Saint-Étienne le week-end précédent. J'ai mal géré une réception et la machine a pété ! Les croisés antérieurs ont lâché, le ligament latéral interne s'est rompu et le ménisque externe s'est déchiré : la totale... Deux solutions s'offraient à moi : celle de stopper ma carrière ou bien celle de me battre pour revenir sur les terrains. Ma passion pour le foot a été plus forte et c'est ainsi que j'ai joué durant douze ans au plus haut niveau avec un genou gonflé ! Lorsque j'ai recroisé les membres du staff médical du PSG quelques années après, lorsque je jouais à Sochaux, ils m'ont avoué qu'ils n'étaient pas sûrs que je pourrais rejouer au football. J'ai pris leurs confidences comme une forme de récompense par rapport à mes nombreux mois de rééducation. Le mental, rien que le mental ! »
SES CONSEILS POUR LES TITIS ACTUELS
« Tout d'abord, je tiens à mettre en avant l'outil fantastique qu'est le Campus PSG. Les jeunes pensionnaires doivent vraiment s'estimer heureux d'évoluer au sein d'une telle structure. La qualité des terrains est exceptionnelle, ils sont véritablement dans les meilleures conditions possibles pour réussir. Ils n'ont pas le droit d'être spectateur de leur formation, l'inverse serait inexcusable. Ils doivent donc avoir la réelle volonté de réussir, en mettant toutes les chances de leur côté. Tous les joueurs possèdent indéniablement d'excellentes qualités techniques, sinon ils ne seraient pas là, mais il y a des petits trucs en plus qui feront la différence sur la durée : le mental à toute épreuve, la fiabilité de l'entourage, la notion d'humilité et, surtout, la capacité de travail. Je n'invente rien ! Rien ne sert de se la raconter, il faut rester humble. Une blessure est si vite arrivée, voilà pourquoi il ne faut surtout pas négliger l'aspect scolaire. Chacun d'entre eux doit au moins aller jusqu'au baccalauréat car c'est la seule possibilité pour accéder à des études supérieures. J'essaye de porter un discours lucide, car il est très compliqué de devenir footballeur professionnel et encore plus de durer au plus haut niveau. L'argent est une chose, l'image également, mais être un vrai passionné en est encore une autre ! Je ne veux pas faire de généralité, mais un grand nombre d'apprentis oublient bien souvent pourquoi ils pratiquent le football. À mon époque, les réseaux sociaux et les téléphones portables n'existaient pas et on ne s'en portait pas plus mal. Aujourd'hui, il faudrait tout filmer ou tout prendre en photo, au point de parfois omettre de vivre l'instant présent. Certes, il faut vivre avec son temps, mais qu'ils mettent leur amour pour le jeu avant tout le reste. »
SON APRÈS-CARRIÈRE SPORTIVE
« En 2012, quand j'arrête ma carrière, j'ai directement endossé le rôle de consultant chez beIN SPORTS, un métier pour lequel je n'étais pas forcément prédestiné. Je m'estime donc privilégié, parce que j'ai quand même réussi à rester dans le milieu du football, indirectement, et c'est un vrai kif ! J'interviens également à la radio sur RMC Sport. Même si on ne peut pas toujours plaire à tout le monde, j'ai la sensation en toute modestie d'apporter de bonnes expertises. Ma carrière de joueur est forcément une vraie plus-value. Durant toutes ces années, j'ai côtoyé tous les journalistes français de la planète football, ce qui m'a permis de les questionner et ainsi de récupérer leurs nombreux conseils. Parallèlement, j'ai passé mon diplôme de manager général à Limoges, car il subsiste en moi la volonté d'intégrer un club pro. Cette formation m'a permis d'enrichir mes connaissances et de maitriser les outils et les logiques de raisonnement propres aux domaines de la gestion des ressources humaines, administrative, juridique, économique et commerciale appliquées aux clubs sportifs professionnels. J'ai besoin que ça se sache, mais je ne veux pas faire les choses n'importe comment, mais plutôt en bonne intelligence. Je ne vous cache pas qu'un retour au PSG est mon plus grand rêve. Ce serait fabuleux après avoir effectué mes premiers pas au club à l'âge de neuf ans ! »
PROFIL :
Date de naissance : 7 mai 1977
Lieu de naissance : Paris
Poste : défenseur
Clubs successifs : JS Pantin (1985 à 1986), Paris Saint-Germain (1986 à 2001), Servette FC (1997, prêt), Stade Rennais FC (2001 à 2002), Le Havre AC (2002 à 2003), FC Sochaux-Montbéliard (2003 à 2005), FC Metz (2005 à 2006), ES Troyes AC (2006 à 2007), RC Strasbourg (2007 à 2009), OGC Nice (2009 à 2011), EA Guingamp (2011 à 2012)
Équipe de France : U18, U19, U20