Grand Chelem de Paris 2023 : J-10 avec Luca Otmane

Alors que le Grand Chelem de Paris (4-5 février) s’approche à grands pas, les onze athlètes du PSG Judo sélectionnés avec l’équipe de France font le point sur leur saison, analysent leur dynamique du moment et se projettent sur cette fin d’olympiade. Place au champion de France 2021 Luca Otmane, qui compte bien s’affirmer au Portugal et à l’Accor Arena pour définitivement se lancer dans la course olympique.

« Quel bilan tires-tu de la saison écoulée ?
Une année mitigée… mais pas un échec pour autant. Il s’agit de ma première saison complète depuis mon opération du genou droit à l’été 2020. En signant mon contrat avec le PSG Judo sur mon lit d’hôpital, j’avais donné à l’encadrement la promesse de tout faire pour retrouver mon meilleur niveau. J’ai prouvé, et je me suis prouvé, que j’étais capable de revenir. Dès mon retour à l’été 2021, je me relance rapidement en enchaînant une médaille de bronze lors de la coupe européenne de Dubrovnik et l’or, une semaine plus tard, sur l’open européen de Malaga. Puis viennent les championnats de France, où je remporte mon second titre de champion de France. Après ce gros trimestre, je connais un passage à vide au début de l’année 2022, avant de me remettre en selle l’été dernier, d’abord en terminant sur le podium de la coupe européenne de Madrid, puis en remportant celle de Riccione. Malheureusement, je m’incline en finale des championnats de France, ce qui m’empêche de faire la passe de trois et de retrouver de la régularité.

Luca Otmane (novembre 2022) 2

Comment y parvenir ?
Si j’avais toutes les réponses, ce serait plus facile (rires) ! Pour être honnête, je pense qu’il faut veiller à ne suranalyser ni les performances ni les échecs. J’ai parfois eu tendance à le faire, mais cela ne m’a rien apporté, voire m’a desservi, comme à cette période de l’année l’an passé par exemple. Attention, cela ne veut pas dire que nous n’en avons pas discuté avec les entraîneurs et le staff. Je suis le premier à faire mon auto-critique et nous avons tiré un bilan clair, précis et honnête de ce qui a fonctionné, mais surtout de ce qui manque encore. À l’instant T, je préfère me projeter sur la saison à venir et le travail que je dois réaliser, que de rester muré dans le passé et de l’analyser sans cesse. Changer d’état d’esprit et aborder 2023 en prenant le judo avec davantage de recul et de légèreté, voilà ma ligne de conduite.

Quoi de mieux qu’un Grand Chelem à la maison pour lancer une saison ?
Exactement, je l’espère en tout cas. L’an passé, je m’incline au deuxième tour face à Fabio Basile, champion olympique des -66kg en 2016, qui termine ensuite cinquième. Plus récemment, je laisse passer une occasion au troisième tour du Grand Chelem d’Abou Dhabi, face à l’Espagnol Cases Roca… Je veux faire mieux et, devant le public français et mes proches, le moment est idéal. Ce tournoi, il faut le vivre pour le comprendre et, même après quatre participations, le même sentiment survient en pénétrant sur le tapis poussé par quinze-mille personnes… c’est indescriptible. Avant ça, il ne faut pas omettre le Grand Prix du Portugal, dès ce week-end. Là aussi, j’ai des ambitions et je ne m’en cache pas. Grimper au classement mondial passe en premier lieu par montrer mon niveau sur ce genre de compétition.

Luca Otmane (février 2022) 1

À dix-huit mois des Jeux olympiques, quelles ambitions nourris-tu ?
Évidemment, le rêve, c’est la médaille olympique ! Mais pour y accéder, la route est encore longue. D’abord, il y a un préalable : obtenir sa sélection. L’équation est simple, il faut s’imposer sur le circuit, pas à pas. D’abord en Grand Prix, puis en Grand Chelem, et ensuite sur les championnats internationaux. Voilà le chemin qu’il me reste à parcourir, j’espère avant 2024 et, dans tous les cas, en vue des Jeux de Los Angeles en 2028.

Pour cela, tu suis un rythme atypique, la moitié du temps à l’INSEP et l’autre moitié au club. Pourquoi ?
Je ne crois pas qu’il y ait une seule manière de réussir et, à vingt-sept ans, je pense avoir trouvé à la fois un rythme qui me convient, ce qui n’a pas toujours été le cas, car mon tempérament m’amène à rapidement m’ennuyer. Il est certain que je m’appuie beaucoup sur le PSG judo, et c’est aussi la raison pour laquelle j’ai choisi de rejoindre le club. Partir en stage, comme au Japon en fin d’année dernière, voyager, ne pas s’enfermer dans une routine, voilà ce qui me convient, d’autant plus que le groupe s’étoffe de plus en plus et que l’alchimie avec mes entraîneurs est bonne. Alors pourquoi changer ? D’ailleurs, il n’en est pas question à quelques mois des Jeux olympiques, alors que le parcours de qualification va réellement commencer.