Marquinhos : retour sur la saison du guerrier

Véritable couteau suisse, homme de vestiaire comme de terrain, Marquinhos a de nouveau crédité son CV d’une saison réussie dans la capitale. Retour en arrière.

Certains joueurs se révèlent par des coups d’éclat, d’autres se font oublier sur la durée. Et puis certains se font davantage remarquer par leur constance, marquent un vestiaire au fer rouge de leur personnalité, leurs supporters par leur détermination, et entrent sans faire de bruit, dans le panthéon de ces grandes figures prêtes à se damner pour honorer une tunique. Marquinhos est de cette trempe-là.

Pour sa 7e saison dans la capitale, le Brésilien a poursuivi son ascension, à la fois au milieu de son collectif mais aussi sur le rectangle vert. Davantage utilisé dans l’entrejeu, sollicité dans des défenses à deux ou à trois, c’est par sa polyvalence et sa faculté à se greffer à tous les systèmes que le n°5 a su devenir la pierre angulaire des différents schémas de Thomas Tuchel.

« Maintenant, quand j’évolue au milieu, je sais que je peux encore progresser sur le plan offensif, surtout au niveau de mes placements. Ce que je maitrise déjà, c’est le côté défensif du poste, les aspects liés au positionnement, aux déplacements, aux couvertures du latéral ou d’un autre milieu, ou encore tout ce qui relève du contre-pressing à la perte du ballon », expliquait l’intéressé en novembre dernier dans le magazine officiel du club.

Sérénité, intelligence de jeu, apprêté dans les duels, capacité à refermer les espaces derrière et les attaquer… Difficile de ne ressortir qu’une qualité chez Marquinhos, comme il s’avère compliqué de surligner une performance dans une saison marquée par sa régularité.

Défenseur le plus utilisé du coach allemand (32 matches joués), Marquinhos a poursuivi son travail défensif match après match, devenant le premier rempart parisien dans de nombreux matches. Il affiche d’ailleurs une moyenne de 2,4 points par match en Ligue 1, et personne ne fait mieux parmi les joueurs à minimum 100 matches dans les années 2010. Capitaine à 10 reprises cette saison, il a aussi été le fer de lance de l’équipe francilienne lors du premier trophée décroché face à Rennes pour le Trophée des Champions, mais aussi celui qui a sonné la révolte lors de l’ultime rencontre face au Borussia Dortmund.

Un match, justement, qui clôt et illustre à merveille l’implication de l’international auriverde durant toute la saison. D’un match perdu à l’aller, c’est par la révolte de tout un collectif, mais aussi de leur capitaine, que les Rouge et Bleu ont affiché une solidarité à toute épreuve. Et, malgré les vagues offensives des Allemands qui n’ont cessé de pleuvoir dans la surface parisienne, la performance défensive a permis aux Parisiens de conserver leur cage inviolée dans un match survolté, contre tous les vents contraires.

Mais il n’a pas fallu attendre ce match évènement pour voir la personnalité du défenseur se révéler. Celui que Thomas Tuchel surnommait « Franz Beckenbauer » la saison dernière, mettant en exergue la qualité de passe de son néo-milieu de terrain, n’a pas chômé sur le rectangle vert. Bien souvent à l’origine des ouvertures qui amènent à des actions franches des siens, il s’est aussi offert trois buts durant cette saison, dont un doublé opportuniste face à Bordeaux.

Pour l’avant-dernière journée de championnat disputée face aux Girondins, le défenseur s’était en effet illustré dans tous les secteurs de jeu, débutant la rencontre au milieu de terrain avant de glisser dans la défense centrale. Omniprésent, brassard autour du bras, il avait d’ailleurs été élu homme du match.

Pour l’anecdote, Marquinhos a inscrit 1 but tous les 1.36 tir cadré en Ligue 1 (14 buts sur 19 frappes cadrées) … Soit le meilleur ratio parmi les joueurs de l'élite sur les 10 dernières saisons (à minimum 10 buts).

En Ligue des Champions, c’est aussi sur le terrain volcanique de Galatasaray qu’il avait pu montrer sa capacité à mobiliser les siens pour aller au combat. Véritable plaque tournante, c’est un cran derrière Verratti et Gueye, et un cran devant le duo Kimpembe-Silva, que Marquinhos avait mobilisé les tiens, tant dans la voix que sous les crampons. Son sauvetage sur sa ligne sur une tête de Falcao (55e) s'est révélé décisif, tout comme son jeu de tête défensif sous la pression turque.

Gérer les montées adverses tout en s’offrant le luxe de participer au jeu : Marquinhos l’a aussi fait au match retour. Relancé dans la charnière centrale, c’est avec la casquette de capitaine qu’il avait cette fois accompagné les siens vers une éclatante victoire (5-0) pour clore une phase de groupes exemplaire sur le plan défensif.

« C’est important de se sentir important. Être le pilier d’une équipe, c’est quelque chose que tu vas conquérir sur le terrain match après match. On ne tape pas à la porte du coach pour réclamer un statut. Tout se gagne au mérite, sur le terrain. Et j’ai toujours eu cette approche », expliquait modestement le natif de Sao Paulo dans les colonnes du Mag.

Avec 278 matches à son actif sous la tunique parisienne (et 23 buts inscrits), Marquinhos est désormais l’un des joueurs les plus expérimentés de la capitale. Il a d’ailleurs déjà remporté 20 titres, le consacrant déjà comme l'un des joueurs les plus titrés de l'histoire du club. Le tout, avec des moyennes exemplaires de 93% de passes réussies et 68% de tacles réussis. Durant cette saison 2019-2020, il est aussi le joueur ayant remporté le plus de duels aériens – 70 au total – en Ligue 1.

« Il est l’un des meilleurs défenseurs du monde, et, en ce moment, il est l’un des meilleurs milieux du monde », résumait Thomas Tuchel. Une belle manière de conclure sur la polyvalence du Marqui de Paris, qui a d’ailleurs prolongé en janvier dernier jusqu’en juin 2024.