Un bouquet final d’or et d’argent

Au lendemain de la magnifique journée d’Alpha Djalo, troisième en -81kg, et de Marie-Ève Gahié, finaliste en -70kg, Romane Dicko et Alexis Mathieu ont fait encore mieux au Masters de Jérusalem en s’invitant tous les deux en finale. Pour un nouveau sacre de la championne du monde 2022 et un compteur joliment débloqué en argent sur le circuit international pour le Néo-Calédonien.

« Énormissime ! » C’est par ce superlatif que Florent Urani, entraîneur haut niveau du PSG Judo, qualifiait cette ultime journée de compétition sur cette épreuve de référence du Masters. Cinquième des deux derniers grands Chelems de Paris, Alexis Mathieu cherchait encore le chemin de son premier podium sur les grands rendez-vous du circuit international (Grands Prix, Grands Chelems et Masters) lorsqu’il s’avançait en début de journée face au Hongrois Krisztian Toth, médaillé olympique et mondial l’année dernière. Un adversaire coriace qui l’avait dominé lors de la récente Champions League, mais qui s’envolait comme une plume sur le contre du Français.

Alexis Mathieu (décembre 2022)

« Tout ce qu’il a proposé sur ce combat avait du sens, démontrant toute son intelligence et la confiance qu’il met dans notre travail au club depuis son arrivée en septembre. Alexis est à l’écoute, prêt à explorer de nouvelles choses pour développer son judo. Nous avons fait le pari de l’emmener en stage au Japon avant cette ultime épreuve de l’année, et c’est forcément gratifiant de voir que notre accompagnement poussé, qui guide la politique sportive du club, est récompensé par ce type de performance. » Car ni le Roumain Alex Cret, médaillé mondial juniors cet été, ni les Géorgiens Beka Gviniashvili, deuxième mondial, et Luka Maisuradze, champion d’Europe en titre, ne trouvaient à y redire derrière, tous trois emportés par la débauche d’énergie du Parisien, alternant avec justesse techniques de sacrifice, mouvements d’épaule ou de hanche, et autres fauchages pour forcer la décision et s’assurer d’une médaille en ralliant la finale. Où il retrouvait le Japonais de vingt-deux ans Sanshiro Murao, victorieux à Paris en février dernier après avoir battu Alexis Mathieu en demie. Même issue pour ce nouveau duel, mais la sensation d’un véritable cap franchi selon Florent Urani. « Vu le pedigree des combattants qu’ils dominent aujourd’hui, ce premier podium sur le circuit possède beaucoup de valeur et conforte tout ce qui est mis en place autour d’Alexis, un bonheur à entraîner. Je suis serein quant au fait qu’il emprunte le même chemin que son ami Alpha Djalo vers une exigence sans cesse accrue. »
Alexis Mathieu (décembre 2022) 1
Un modèle qu’il pourrait aussi bien emprunter à Romane Dicko, qui a réussi à démontrer qu’il s’agit bien de la patronne des +78kg même sans se présenter à 100% de ses capacités. « Ce n’était pas évident pour elle de se remettre de son premier titre de championne du monde, et ce qu’elle réalise là est tout bonnement incroyable, savoure Florent Urani. Si elle commet quelques petites erreurs çà et là, elle ne concède aucune valeur à ses quatre adversaires du jour pour se payer l’autre grand événement de l’année après les mondiaux. »

Romane Dicko (décembre 2022)Au passage, elle domine en finale sa compatriote Coralie Hayme, championne du monde juniors 2021 qui s’était offert en quart de finale la championne olympique en titre Akira Sone. « Ce dynamisme chez les lourdes en France est une bonne chose pour Romane, qui se doit de rester concentrée sur son projet et d’être continuellement performante. Ce qu’elle fait très bien pour le moment et ce sur quoi nous allons insister d’ici les Jeux de Paris. » Forte de son triplé championnats d’Europe-championnats du monde-Masters en 2022, Romane Dicko et son dossard rouge finiront même l’année 2022 avec le meilleur total de points pour une féminine toutes catégories de poids confondues.