Sylvain Distin : « Énormément de plaisir à porter le maillot de Paris ! »

Comme chaque semaine, les médias du club retrouvent un ancien joueur passé par le Centre de Formation du Paris Saint-Germain. Direction l’Angleterre, à Bournemouth, pour prendre des nouvelles de l’ex-Titi Sylvain Distin (génération 1977), qui revient sur son actualité et sur ses années parisiennes.

Sylvain, il y a plus de trente ans, tu rejoignais le Centre de Formation du Paris Saint-Germain. Quels sont tes principaux souvenirs de tes premiers pas au club ?

« Mon club de Suresnes était partenaire du Paris Saint-Germain. Chaque mois, nous étions plusieurs joueurs d’Île-de-France à prendre part à des détections. Après plusieurs essais positifs, le club m’a proposé d’intégrer le Centre de Formation, mais mon père voulait que je reste externe. À l’époque, tous les apprentis étaient internes au "château", cette grande maison à l’entrée de Saint-Germain-en-Laye. J’ai vraiment eu peur que le club n’accepte pas cette requête... Finalement, j’ai pu poursuivre mes études dans ma ville d’origine tout en restant dormir chez mes parents. Je prenais le RER tous les jours pour venir m’entraîner au Camp des Loges. »

Quel est ton meilleur moment vécu sur le terrain avec les jeunes du Paris Saint-Germain ?

« Je vais citer la victoire de mon équipe lors du Tournoi de Montaigu en 1993, la plus prestigieuse des épreuves à cette époque pour les moins de 15 ans. Malheureusement, j’ai dû déclarer forfait deux jours avant d’y participer. En effet, le docteur du club m’a recommandé de stopper le sport car j’avais grandi trop vite, occasionnant de grosses douleurs aux genoux (épanchement de synovie). J’étais effondré suite à cette nouvelle. Notre coach Bernard Guignedoux a souhaité que j’accompagne quand même mes coéquipiers pour les encourager. J’ai donc vécu de l’intérieur leur épopée vers le titre. Je me souviens de chaque instant tellement c’était intense. Ce trophée est le seul remporté encore à ce jour par une équipe du Paris Saint-Germain, ce qui démontre l’exploit réalisé par mes potes. »

Malgré un immense potentiel, tu n’as pas signé ton premier contrat professionnel avec Paris. Décevant ?

« J’ai su franchir avec succès toutes les étapes. J’ai joué avec les 15 ans Nationaux, puis les 17 ans Nationaux, et enfin avec l’équipe réserve. J’ai pris part à des entraînements avec les pros. Je n’étais pas le meilleur, ni le plus mauvais. Mais une chose est certaine, je n’ai pas fait ce qu’il fallait en matière d’hygiène de vie. Comme j’étais externe, il m’arrivait de privilégier les sorties avec les copains plutôt que le repos. J’avais ce besoin de vivre mon adolescence comme je l’entendais. Que l’on ne me propose pas de contrat fût en quelque sorte une forme de logique. Il y avait des joueurs bien plus complets comme Nicolas Anelka et Didier Domi. J’ai rebondi à Joué-Lès-Tours en CFA2 (N3), où j’ai été confronté à la dure vie du football amateur, loin de ma région natale. Je travaillais en parallèle du football. J’y ai retrouvé un autre Titi, Eric Treutenaere, âgé de deux ans de plus que moi. À Paris, on ne se parlait jamais, on s’est pourtant lié d’amitié. On s’est vraiment soutenu l’un et l’autre. Malheureusement, il est décédé le jour où je faisais mes cartons pour revenir jouer à Paris, lorsque j’évoluais à Gueugnon. Sa tragique disparition m’a fait réfléchir à beaucoup de choses. Sa disparition a sonné comme un vrai déclic en moi. Le jour de son enterrement, ses parents m’ont donné sa chaîne qu’il portait autour du cou. Je l’ai porté durant toute ma carrière. J’ai tout fait pour qu’il soit fier de moi, car lui aussi voulait devenir footballeur professionnel. »

En évoquant Gueugnon, on se souvient de la finale de la Coupe de la Ligue remportée face au Paris Saint-Germain en 2000. Un tournant dans ta vie de footballeur ?

« Nous avons réalisé une saison fantastique ponctuée par cette victoire face à Paris. Lors de cette rencontre, nous avons joué sans pression. Nous avons su rester nous-mêmes, en privilégiant le plaisir de participer à cette grande fête. C’était déjà une grande victoire de disputer cette finale. Battre mon club de cœur fût bien évidemment un moment particulier. Le temps de ce match, j’ai mis mes sentiments de côté. Cette victoire a forcément servi de publicité pour l’ensemble des joueurs. J’étais parti par la petite porte de Paris, mais j’y suis revenu par la grande ! »

En revenant au club, tu as découvert la Ligue 1 et l'UEFA Champions League en foulant la pelouse du Parc des Princes (45 matches toutes compétitions confondues entre 2000 et 2002). Extraordinaire à vivre en tant que Titi ?

« C’est le bon mot ! J’en avais toujours rêvé. Dès mon plus jeune âge, j’ai fréquenté les tribunes du Parc. J’étais ramasseur de balle lors du fameux PSG-Real Madrid en 1993, j’ai forcément toujours voulu être à la place des Weah, Ginola et consorts. Lors de mon retour à Paris, j’ai intégré une équipe magnifique avec des joueurs d’expérience comme Okocha, Déhu, Pochettino, Benarbia, Rabesandratana et des jeunes talentueux comme Anelka, Domi, Mendy, Luccin, Dalmat... Un projet fantastique qui aurait mérité d’être prolongé dans le temps. Grâce à Paris, j’ai découvert le très haut niveau en affrontant de grandes équipes dans la plus prestigieuse des compétitions de clubs. Vivre ça seulement deux ans après avoir été sous contrat emploi-jeune, c’était complètement dingue ! »

Après ton départ de Paris, tu as évolué durant quinze années en Angleterre. Tu détiens même le record du nombre d’apparitions en Premier League pour un joueur de champ non-britannique (469 matches) ! Une grande fierté ?

« J’aurais bien aimé porter le maillot du Paris Saint-Germain plus longtemps et remporter des trophées avec mon club formateur, mais la suite de ma carrière m’a permis de ne pas avoir de regret. Une carrière est faite de choix qu’on ne maîtrise pas toujours. En Angleterre, j’ai pris beaucoup de plaisir sur le terrain. J’y ai connu quelques amis et vécu de très bons moments, à l’image de la Coupe d’Angleterre remportée en 2008 avec Portsmouth. Je me suis entraîné très dur pour me donner toutes les chances de jouer chaque match. Effectivement, j’en ai disputé pas mal ! Quand je regarde le top 20 des joueurs qui ont disputé le plus grand nombre de rencontres en Premier League, je me demande ce que je fais à leurs côtés ! Giggs, Lampard, Milner, Neville… Oui, je peux le dire, c’est une très grande fierté. »

Officies-tu toujours dans le monde du football ?

« Après avoir arrêté ma carrière en 2016, j’ai d’abord profité de ma famille. J’ai ensuite travaillé pour la télévision anglaise, puis je suis devenu préparateur physique pour des joueurs professionnels. J’ai également exercé auprès de jeunes joueurs pour les guider. Ces derniers temps, j’ai pris un peu de recul. Je me suis fixé des objectifs pour rester en forme. J’aime faire ce qu’il me plaît afin de me vider l’esprit. »

D’ailleurs, le maillot rouge et bleu est-il toujours dans ton esprit ?

« Tout le temps ! C’est mon club de cœur pour toujours. J’ai pris énormément de plaisir à porter le maillot de Paris. Même si tout n’a pas été parfait, mon parcours atypique démontre qu’il ne faut jamais rien lâcher. Je n’ai pas su monter dans le bon wagon lorsque j’étais au Centre de Formation, mais je me suis battu pour réaliser mon rêve. Rien n’est impossible ! Un conseil à tous les Titis actuels : il ne faut jamais s’interdire de rêver ! »

PROFIL :

Date de naissance : 16 décembre 1977
Lieu de naissance : Bagnolet (Seine-Saint-Denis)
Poste : défenseur

Clubs successifs : Rueil AC (1988 à 1990), JSS Suresnes (1990 à 1992), Paris Saint-Germain (1992 à 1997), US Joué-lès-Tours (1997 à 1999), FC Gueugnon (1999 à 2000), Paris Saint-Germain (2000 à 2002), Newcastle United FC (2001 à 2002, prêt), Manchester City FC (2002 à 2007), Portsmouth FC (2007 à 2009), Everton FC (2009 à 2015), AFC Bournemouth (2015 à 2016)