Sublimes confirmations pour le PSG Judo

Avec six médailles individuelles – dont deux titres pour le Géorgien Lasha Bekauri (-90kg) et Teddy Riner (+100kg) – obtenues par ses combattants, sans oublier l’homérique victoire par équipes mixtes des Français, à laquelle ils ont été trois athlètes Rouge et Bleu à contribuer activement, le PSG Judo a brillé à domicile.

Si le PSG Judo était une nation, il pointerait tout bonnement en deuxième position du classement olympique, seulement devancée par le Japon et ses trois médailles d’or. C’est dire le niveau de performance proposé par les engagés parisiens à l’Arena Champ-de-Mars lors de cette ultime rendez-nous de l’olympiade, récompensés à six reprises, dont quatre parmi les sept tricolores. « Grâce notamment au soutien inconditionnel du public, et cette ambiance que je n’avais jamais connue auparavant, nos athlètes ont su tirer beaucoup de positif du "home advantage", là il aurait pu y avoir un surplus de pression, saluait d’emblée Damiano Martinuzzi, entraîneur principal de la section. C’est d’autant plus satisfaisant qu’il s’agit d’une compétition unique, là où tout se joue en définitive après plusieurs années d’attente, et où les meilleurs du circuit, qui se présentent en favoris, sont souvent rattrapés par l’enjeu. Souvent, il se dit même que la première médaille y est plus facile, quand les suivantes sont bien plus compliquées à obtenir du fait du statut hérité suite au premier podium. Nous ne pouvons donc qu’être satisfaits des médailles à nouveau obtenues par Luka Mkheidze (finaliste en -60kg), Amandine Buchard et Romane Dicko (médaillées de bronze en -52kg et +78kg), sans oublier, bien évidemment le triomphe de Teddy Riner, désormais triple vainqueur en +100kg. »

Teddy Riner (août 2024) 1

Teddy Riner, un exemple pour le sport

Dans la bouche de l’entraîneur belge, les superlatifs manquent au moment d’évoquer celui qui est devenu début août le meilleur judoka de l’histoire des Jeux, avec deux nouvelles médailles d’or (+100kg et par équipes mixtes) qui lui permettent d’en totaliser sept désormais aux Jeux (dont cinq titres). « Grandiose, incroyable, magnifique, extraordinaire… Teddy est non seulement un exemple pour la France, il est aussi un exemple pour le judo, et pour le sport en général. Il a su se remettre en question au cours de l’olympiade, prendre des décisions fortes et assumer ses choix pour mettre toutes les chances de son côté pour ces Jeux. Son corps s’est transformé ces derniers mois, jusqu’à devenir imbattable comme il a su le démontrer, malgré tous les enjeux et la pression autour de lui. Le champion qu’il était déjà est entré dans une nouvelle dimension avec ce doublé incroyable, et cette démonstration en finale du par équipes mixtes où il bat deux fois le Japonais Saito, dont la deuxième pour apporter la victoire à la France. » Une fin de semaine en apothéose pour Riner, qui avait eu l’immense l’honneur d’allumer la vasque, aux côtés de l’athlète Marie-José Pérec, à l’issue de la cérémonie d’ouverture.

Luka Mkheidze (juillet 2024) 2

Luka Mkheidze, l’or à portée de main

Premier à entrer en scène au pied de la Tour Eiffel, le médaillé de bronze de Tokyo, seul masculin français tête de série avec Teddy Riner, a lui aussi été proche de la perfection, s’invitant en finale où il ne s’inclinait que face au Kazakhstanais Yeldos Smetov, déjà finaliste à Rio en 2016 et troisième comme le Parisien il y a trois ans. « Luka a été précis à chaque entrée de combat parce que nous avions bien anticipé ce qui allait se passer pour lui. Il a passé ses tours en contrôle, même s’il aurait pu encore mieux gérer son avance contre le Sud-Coréen. En finale, comme il l’a répété dans la presse, il en a un peu trop fait, et n’aurait pas dû retenter sa technique de sacrifice. Mais c’est facile de dire ça de l’extérieur, et je veux avant tirer mon chapeau à Luka qui est parvenu à confirmer sa troisième place de Tokyo par une très belle médaille d’argent. Et ce malgré pas mal de petits pépins physiques sur cette dernière année de préparation, qui ne l’ont pas empêché d’aller décrocher des récompenses tout au long de l’année, dans une catégorie très compétitive en France. Ce n’était pas non plus évident pour lui de devoir lancer les huit jours de compétition à domicile, et il a parfaitement su le faire pour devenir l’un des rares super-légers à parvenir à récidiver. L’or n’était vraiment pas loin, mais pas question pour autant de nourrir trop de regrets. »

Amandine Buchard (juillet 2024) 2

Amandine Buchard et Romane Dicko, phénomènes en bronze

Finaliste il y a trois ans, la -52kg doit cette fois se contenter de la troisième place, vaincue comme toutes les favorites durant la journée par la jeune Ouzbèke Diyora Keldiyorova, première de l’histoire de son pays à s’imposer en judo. « Amandine demeure un phénomène dans le monde du judo car, quel que soit son état de forme, on la retrouve systématiquement sur le podium. Ce n’était pas une Amandine à 100% cette fois, mais elle a su lutter contre ses faiblesses, tirer profit des milliers de spectateurs, qui ont poussé derrière elle sans relâche, pour que son nom figure à nouveau au palmarès. Elle était venue pour l’or, il y avait là une belle occasion d’y parvenir, surtout après l’élimination précoce de son bourreau de Tokyo Uta Abe, la seule à pouvoir véritablement rivaliser avec Amandine quand elle est au maximum de ses capacités. »

Romane Dicko (juillet 2024) 1

Encore plus frustrant peut-être, la défaite en demi-finale de Romane Dicko en +78kg, qui prouvait en place de trois toute la marge qu’elle possède sur le reste du plateau. « En tant que numéro 1 de la catégorie, elle s’était offert le tableau idéal pour aller au bout, ce qu’elle avait clairement annoncé en amont. Sauf que la Brésilienne, qui allait être sacrée au final, avait parfaitement travaillé pour la battre, et a proposé une posture et un kumikata qui a pris de court Romane. D’ordinaire, c’est toujours elle qui parvient à prendre l’ascendant à la saisie, et elle n’a pas su réagir lorsque Souza parvenait à s’installer avec sa forte main droite au revers. Bravo tout de même à Romane qui convertit à nouveau sa participation par une nouvelle médaille, et qui va se remettre au travail pour décrocher l’or dans quatre ans, l’unique métal pour lequel elle s’entraîne si dur depuis des années. »

Walide Khyar (juillet 2024) 1

Walide Khyar, si près du graal 

Auteur de sa meilleure prestation de l’année au meilleur moment, il y avait de la place pour que le médaillé mondial 2023 ne parvienne à débloquer son compteur olympique. Une affaire de détails qui lui valaient la victoire en quarts puis lors du combat pour le bronze. « À chaque tour, Walide aura eu la solution pour s’en sortir, et cela s’est joué à rien contre le Kazakhstanais Kyrgyzbayev puis le Moldave Vieru. En préparation, il avait réussi à se recentrer sur lui et se présentait avait de solides arguments, comme en atteste cette cinquième place. En tenant jusqu’au bout les stratégies de combat, l’issue aurait été encore plus belle… »

Marie-Eve Gahié (juillet 2024) 1

Marie-Ève Gahié et Alpha Djalo n’ont pas su se lâcher

Piégée en quarts puis en repêchages, la vice championne du monde des -70kg termine cette première expérience olympique en septième position. Une découverte qui doit lui servir pour l’avenir. « Contrairement à ses championnats d’Europe de Montpellier, où elle avait mis tout le monde d’accord par son impact, Marie-Ève n’a pas réussi à se montrer incisive cette fois, comme rattrapée par l’enjeu. Il y a certes eu des fulgurances, comme sur son premier combat où elle montre qu’elle est bien dominante, mais il lui a manqué ce relâchement qui permet le petit temps d’avance dans l’action. Sur son repêchage, c’est son attentisme au sol qui lui joue des tours, alors qu’elle devait logiquement disputer la médaille derrière. »

Alpha Djalo (juillet 2024) 2

En -81kg, l’aventure s’est arrêtée en huitièmes pour Alpha Djalo, sans possibilité d’espérer le bronze par la voie des repêchages, seulement accessibles à partir des quarts. « Son coup de judo sur l’Azerbaïdjanais au deuxième tour avait montré qu’Alpha était prêt à saisir la moindre opportunité, mais il n’a pas été en mesure d’imposer son schéma technico-tactique au tour suivant contre l’Ouzbek Boltaboev, qu’il avait affronté deux mois plus tôt aux mondiaux. Lui aussi a mis tout ce qu’il avait sur le tapis, c’est dommage. »

Lasha Bekauri (juillet 2024) 2

Pas loin du doublé géorgien

Tato Grigalashvili (-81kg) et Lasha Bekauri (-90kg), membres de l’équipe parisienne lors de la dernière Champions League, s’avançaient en favoris dans la capitale française. Et ils n’auront pas déçus puisqu’ils parvenaient tous les deux en finale dans leur catégorie respective. Et si le premier laissait le titre au Japonais Nagase, déjà en or à domicile en 2021, le second le vengeait, opposé lui aussi pour l’or au représentant nippon. De quoi en faire le plus jeune double champion olympique, lui qui fêta ses vingt-quatre ans le jour de la cérémonie d’ouverture, et lui laisser entrevoir de nouvelles opportunités de rejoindre dans la légende un certain … Teddy Riner.

Tato Grigalashvili (juillet 2024) 1

La gloire du collectif bleu

En allant chercher huit points lors des quatre rencontres qui ont mené l’équipe de France à ce doublé magique, Marie-Ève Gahié, Romane Dicko et Teddy Riner ont largement apporté leur écot lors du huitième jour de compétition. Mention spéciale pour ce dernier, seul double médaillé d’or de cette édition parisienne, invaincu comme la veille et imperturbable pour glaner le quatrième point décisif face au Japon lors de cette finale d’ores et déjà entrée dans l’histoire de la discipline.

Equipe de France (août 2024)

Sur le podium, les sept Parisiens pouvaient savourer : ils font partie de l’équipe tricolore la plus prolifique depuis l’apparition du judo au programme olympique il y a soixante ans.