Stéphane Lambèse : « Gagner un match avec Paris n’a pas de prix ! »

Stéphane, tu débarques en 2008 au Centre de Préformation du Paris Saint-Germain. Comment avais-tu été repéré ?

« C’est le recruteur Pierre Reynaud qui m’a repéré lors d’une détection à l’INF Clairefontaine. J’évoluais à l’Olympique de Sevran en 3e division départementale et pourtant il m’a montré un réel intérêt. Le RC Lens voulait me recruter mais quand Paris s’est manifesté je n’ai pas hésité une seule seconde pour donner mon accord. Il s’agissait du club de mon cœur. En tant que Parisien, c’était une vraie fierté de porter le maillot rouge et bleu. Mon intégration à la base de Verneuil s’est très bien déroulée, malheureusement j’ai contracté la maladie d'Osgood-Schlatter (inflammation douloureuse de l'os et du cartilage de la tubérosité tibiale) durant sept mois ce qui ne fut pas évident à vivre à un si jeune âge. Je conserve malgré tout d’excellents souvenirs de cette période qui m’a permis de pratiquer le football quotidiennement en parallèle des cours. C’était la découverte du haut niveau et de la concurrence que cela implique. »

Tu fais partie de la génération championne de France U17 en 2011, avec une finale remportée face à l’OM ! Fait marquant ?

« Aucun d’entre nous ne peut oublier ce match ! On en reparle à chaque fois que l’on se revoit. C’était incroyable à vivre ! Etre champion de France face à l’OM a forcément une saveur particulière pour tout Titi du PSG. C’était la première fois qu’on affrontait cette équipe. L’atmosphère était électrique car tout le monde connaissait la rivalité entre les deux clubs. Lors de la phase finale, nous avions éliminé Troyes, Lens et Le Havre. Nous avions à cœur de remporter le trophée surtout que nos aînés s’étaient inclinés en finale l’année précédente. Le scénario de cet ultime match fut complètement dingue. Après avoir ouvert le score sur un coup-franc d’Hervin Ongenda, notre défenseur Antoine Conte s’est fait exclure à la demi-heure de jeu. Les Marseillais ont égalisé dans les arrêts de jeu de la première période. Malgré la domination adverse, on a tenu bon au retour des vestiaires. Alexis Sainrimat a marqué un second but en notre faveur à dix minutes du terme, tandis qu’un joueur adverse a vu sa reprise de la tête heurter le cadre ! L’explosion de joie au coup de sifflet final est assurément la plus belle que j’ai vécue dans ma carrière de footballeur. Rien que de me remémorer ce moment, j’en ai des frissons ! C’était une superbe récompense pour toute une bande de potes dirigée impeccablement par Jean-Luc Vasseur. »

L’année suivante, vous remportez la première édition de la Al Kass International Cup au Qatar. Fabuleux souvenir ?

« Et comment ! Surtout que j’étais capitaine de l’équipe ! Nous avions déjà participé par le passé à un autre tournoi hors de France, au Brésil, mais celui-ci fut complètement différent. Lorsque la grande porte coulissante de l’aéroport de Doha s’est ouverte, de nombreux journalistes se sont rués sur nous ! Il y avait des tas de caméras braquées sur nous, des micros tendus pour nous questionner… C’était un choc pour les petits jeunes que nous étions. On avait l’impression d’être l’équipe professionnelle du club ! Sur le terrain, nous avons rivalisé avec des équipes comme le FC Barcelone et la Juventus Turin. Et dire qu’en finale, on s’est imposés face aux Italiens avec deux joueurs expulsés ! Tous les observateurs étaient unanimes pour dire que nous pratiquions un très beau jeu. Quand on a soulevé le trophée, on a eu la sensation de placer Paris sur la carte européenne des meilleurs centres de formation. »

Tu as rejoint Paris en tant qu’attaquant et c’est pourtant au poste de latéral droit que tu as poursuivi ton cursus de Formation. As-tu bien vécu ce repositionnement ?

« Alors que je performais en tant qu’attaquant (10 buts en U17 Nationaux), le coach Laurent Bonadéi m’a repositionné en tant que défenseur latéral droit car mon coéquipier Nicolas Gagic s’était fait une rupture des ligaments croisés. J’ai également occupé ce poste lorsque j’étais surclassé avec les U19 Nationaux dirigés par David Bechkoura. J’ai su être performant à chaque fois que l’on a fait appel à moi. Au début, c’était un peu compliqué sur le plan tactique, car j’ai dû apprendre à mieux défendre. Même si j’avais l’habitude d’occuper le haut du couloir, ce nouveau rôle n’avait rien à voir. Au début, je n’étais pas convaincu par cette décision mais j’ai préféré écouter mes entraîneurs en leur accordant toute ma confiance. La suite de ma carrière leur a donné raison. »

Tes bonnes performances ont convaincu Laurent Blanc de te convier à un match amical de l’équipe pro contre l’OGC Nice (victoire 2-1, le 23 juillet 2014). Impressionnant ?

« Participer à des entraînements avec les pros est une chose, mais porter le maillot de Paris lors d’un match en est une autre. Je n’ai pas eu de pression particulière lors de ce match face à Nice, au contraire j’étais déterminé comme jamais pour montrer mon potentiel. Tous les pros ont été sympas avec moi, ils m’ont mis à l’aise. J’ai remplacé Grégory Van der Wiel pour disputer l’intégralité de la seconde période. Il n’y avait quasiment que des Titis issus du Centre de Formation sur la pelouse, associés à Javier Pastore et Zlatan Ibrahimovic. C’était quelque part une suite logique qui venait récompenser mon parcours au club. Même s’il s’agissait d’une rencontre amicale, gagner un match avec le logo de Paris sur le coeur n’a pas de prix. Cette saison fut laborieuse car j’ai subi trois blessures à une cheville. Les dirigeants m’ont quand même permis de signer mon premier contrat professionnel l’été suivant. J’ai ainsi pu retrouver le terrain avec l’équipe réserve et la possibilité de rêver de nouveau ! »

Après huit années de bons et loyaux services, il a fallu rebondir. Tu y es parvenu en évoluant en Ligue 2 et en devenant International A Haïtien. Quelles sont tes clés de la réussite ?

« Avec le recul, je peux vraiment affirmer que j’ai eu la chance d’être formé au Paris Saint-Germain. On m’a enseigné le respect et la discipline, que cela soit dans le jeu, dans les consignes ou bien humainement. Le club a su faire de moi un homme avec de vraies valeurs. Je me suis donc toujours appuyé sur ce socle pour avancer chaque année. Avant de faire les choses, il est important de comprendre pourquoi on doit les faire. J’analyse avant d’agir ce qui me permet de gagner en efficacité. »

Quelles sont tes ambitions actuelles ?

« Je viens de connaître une année blanche suite à une rupture partielle du tendon rotulien. Psychologiquement, ce fut très dur à encaisser car cette blessure est intervenue en toute fin de la saison 2021-2022. Une fois guéri, je me suis entretenu avec l’US Orléans, puis l’US Créteil et enfin la JA Drancy. J’en profite pour remercier ces clubs de m’avoir accueilli. Ils m’ont permis de retrouver la forme et surtout la vie de groupe. Je suis dorénavant à la recherche d’un nouveau projet sportif. Je suis opérationnel à 200% ! Pourquoi ne pas tenter une aventure à l’étranger ? Je suis ouvert à toute opportunité même si ma préférence est de rebondir en France. Ayant connu la Ligue 2, j’espère rejouer à ce niveau. Hors de question de tout lâcher, ne serait ce pour mes deux enfants qui croient en moi ! »

PROFIL

Date de naissance : 10 novembre 1995
Lieu de naissance : Nogent-sur-Marne (Val-de-Marne)
Poste : Défenseur

Clubs successifs : Olympique de Sevran (2004 à 2008) - Paris Saint-Germain (2008 à 2016) – Blois Foot 41 (2017) – FC Lorient (2017 à 2019) – Stade Lavallois (2018 à 2019/prêt) – US Orléans (2019 à 2021) – US Quevilly-Rouen (2021 à 2022)

Palmarès avec les jeunes du Paris Saint-Germain : Champion de France U17 (2011) – Vainqueur de la Al Kass International Cup (2012)

Equipe de France : U16 (4 sélections, 1 but)

Equipe d’Haïti : U20 (9 sélections) Olympique (3 sélections) A (16 sélections, 1 but)