Richard Makutungu : « Paris m’a appris l’importance du collectif »

Richard, est-il vrai que tu as signé au Paris Saint-Germain la veille de Noël, en 2013 ?

« Un sacré cadeau pour un môme de douze ans ! J'ai rejoint Paris sans avoir réalisé le moindre essai. Les recruteurs sont venus me faire cette surprise le 24 décembre car ma maman était en déplacement la veille. C'est une décision qui n'était pas simple à prendre car mon club de Cergy était partenaire de l'AJ Auxerre. J'avais peur de ce sentiment de trahison mais rejoindre Paris était un immense rêve. Ils m'ont expliqué m'avoir repéré lors de la Danone Nation Cup en U12 en tant qu'ailier. C'est ainsi que mon aventure a débuté au Centre de Préformation l'été suivant, sous la direction de Pascal Hilbert et de Tarek M'henni. Je n'ai eu aucun problème d'adaptation car j'ai été confronté à de rudes épreuves de la vie dès mon plus jeune âge. J'avais un mental d'acier pour intégrer une nouvelle bande de copains aux différents vécus. »

Quels sont les meilleurs moments clés vécus lors de ton cursus de formation ?

« Il y en a tellement ! C'est l'apprentissage d'un nouveau football dans sa globalité qui m'a le plus marqué. Lorsque je jouais à Cergy, nous avions une idéologie du football sans dénigrer le travail réalisé par tous les éducateurs. Au Paris Saint-Germain, on m'a appris l'importance du collectif. Avant de rejoindre le club, j'étais un joueur doué techniquement mais qui ne possédait pas de réelle réflexion tactique. À chaque saison son apprentissage ! J'ai appris de tous mes coaches et de tous mes partenaires. »

Le championnat, l'UEFA Youth League, la Coupe Gambardella, les grands tournois comme l'Al Kass international Cup remportée en 2018 ! L'entrée au Centre de Formation est-elle simple à vivre avec toutes ces compétitons importantes ?

« Quand on arrive au Centre de Formation, on comprend que notre sport peut devenir un métier. Les enjeux sont différents, à cause de l'obligation de résultat. Au Centre de Préformation, on ne dispute que des matches amicaux. C'est plus la période de l'insouciance. Il faut donc mettre les bons ingrédients pour faire face à la charge de travail et répondre aux attentes. Tout est une question de sérieux et de respect. »

À l'image de ton changement de poste, il faut également avoir une bonne faculté d'adaptation ?

« Bonne mémoire dis donc ! En effet, mon coach en U17 m'a proposé de devenir défenseur latéral droit alors que j'étais ailier. Il m'a fait comprendre que je me donnerais davantage de chances d'éclore sur le plan international en optant pour ce poste. Ce fût une décision très difficile à prendre car j'adorais mon poste offensif ! J'ai donc suivi ses conseils en espérant en tirer du positif. J'étais très offensif en répétant de nombreuses courses. En parallèle, le staff m'a appris à bien défendre. Après quelques matches, un engouement médiatique s'est créé autour de moi car j'ai réalisé de bonnes performances. »

Une belle réussite au point d'attirer le regard de la sélection belge !

« Étant né en Belgique, je possède la nationalité belge. Jusqu'à l'Euro U17 organisé à l'été 2018, les sélectionneurs n'étaient pas au courant qu'un jeune Belge évoluait au PSG. Intéressé par mon profil, le staff m'a fait comprendre qu'il ne m'appellerait qu'après cette échéance internationale afin de faciliter mon intégration. J'ai donc porté le maillot des Diables Rouges au même moment où Thiago Motta a pris en main les U19 Nationaux. Défendre les couleurs de son pays d'origine est tout simplement fantastique à vivre. Le maillot, l'emblème sur le cœur, l'hymne national... Comme quoi il faut toujours écouter les conseils de ses entraîneurs ! »

Le poste de défenseur n'est pas forcément le plus mis en avant sur le plan médiatique. Compliqué à vivre quand on est un apprenti footballeur ?

« Je n'ai jamais été de nature à me mettre en avant individuellement, car j'ai toujours voulu agir au service de l'équipe. Durant toute ma formation, je n'ai jamais eu le moindre moment où je n'ai pensé qu'à moi. J'étais un joueur très à l'écoute de ses entraîneurs, désireux de respecter leurs principes de jeu. Mon comportement est très certainement le fruit de l'éducation reçue de mes proches. »

Allez, avoue ! Ton magnifique but inscrit contre Rouen en U17 Nationaux (1-1, le 3 décembre 2017), était-il initialement un centre ?

« Oh le dossier ! L'essentiel est d'avoir marqué, non ? C'est vrai, ma première intention était de centrer ! Quand j'y repense, j'ai moi-même été surpris par la trajectoire du ballon... J'ai frappé fort sous le ballon puis il est parti se loger dans la lucarne du but adverse. Habituellement, je brosse ma frappe quand je souhaite centrer. C'est toujours un moment spécial de marquer avec le maillot de Paris, qui plus est sur le terrain honneur du Camp des Loges. Mais si je dois retenir un but plus qu'un autre, c'est celui inscrit contre Galatasaray en Youth League. Ce n'était pas un match à enjeu, mais marquer sur la scène européenne à une saveur particulière. Ayant souvent manqué les grands rendez-vous à cause de mes blessures, j'avais travaillé durement pour revenir à la compétition. Ce but fût comme une sorte de délivrance. »

Quelle est ton actualité footballistique ?

« Après avoir évolué avec la réserve du Paris FC en National 3, je suis en quête d'un nouveau challenge. Actuellement, je réalise un essai en Espagne au sein d'un club partenaire de Valladolid. À mon âge, j'aspire à jouer le plus souvent possible. Un footballeur évolue en fonction de ses prestations, il est donc important que j'enchaîne des saisons complètes, sans blessure et avec un maximum de plaisir ! »

PROFIL :

Date de naissance : 21 décembre 2001
Lieu de naissance : Liège (Belgique)
Poste : défenseur

Clubs successifs : Cergy-Pontoise FC (2007 à 2014), Paris Saint-Germain (2014 à 2021), Paris FC (2022 à 2023)
Palmarès avec les jeunes du Paris Saint-Germain : vainqueur de l'Al Kass International Cup (2018)
Équipe de Belgique : U18 (5 sélections), U19 (2 sélections)