Pierre Ouvry : « À Paris, on prenait un plaisir immense à jouer tous ensemble »

Interviews

Comme chaque semaine, les médias du club retrouvent un ancien joueur passé par le Centre de Formation du Paris Saint-Germain. Direction la Seine-Maritime, à Oissel, pour prendre des nouvelles de Pierre Ouvry (génération 2000), qui revient sur son actualité et sur ses années parisiennes.

Pierre, le Paris Saint-Germain vient prendre de tes nouvelles en te souhaitant également un joyeux anniversaire !

« Je suis très touché par cette sympathique attention et surtout très heureux de voir que le club n'oublie pas ses anciens joueurs. Après avoir quitté le Paris Saint-Germain en 2019, j'ai rejoint le C'Chartres Football qui évoluait alors en N3. À la base, il n’était pas prévu que je quitte Paris aussi tôt, puisqu’il me restait un an de contrat. Suite à la suppression de l’équipe réserve (N2), je ne pouvais plus rester et nous avons trouvé un accord avec le club pour que je sois libéré. Après onze titularisations avec Chartres, la crise sanitaire est venue stopper ma progression car les compétitions furent stoppées. Pour ne rien arranger, je me suis fait une fracture au visage qui m'a écarté des terrains durant trois mois la saison suivante. J'ai ensuite rebondi au CMS Oissel où j'évolue toujours en N3, proche de ma région natale et de ma famille. »

Tu fais partie de la génération qui fut championne de France U17 en 2017. Quels souvenirs conserves-tu de cet exploit ?

« Je n'ai plus rien connu de comparable ! Remporter un titre national avec son club formateur, il n'y a rien de plus beau. Ce fut une magnifique récompense pour une bande de potes qui se connaissaient depuis l'âge de douze ans. Pourtant nous n'étions pas forcément annoncés comme étant les favoris mais au final, nous avons réalisé un parcours fantastique. Notre coach Laurent Huard et son staff ont su créer une véritable osmose au sein du groupe. On prenait un plaisir immense à jouer tous ensemble. C'était ça notre vraie force ! Notre victoire en finale contre l’AS Monaco (3-0) des futurs internationaux Benoît Badiashile et Kephren Thuram est venue conforter la valeur du Centre de Formation. Nous possédions des joueurs talentueux qui évoluent désormais au plus haut niveau comme Yacine Adli, Timothy Weah, Loïc Mbe Soh, Arthur Zagre, Claudio Gomes, Virgiliu Postolachi... »

Comment gérais-tu la concurrence entre gardiens de but ?

« Il a toujours régné une entraide mutuelle que cela soit avec Will-Césaire Matimbou ou avec Garissone Innocent. Nous avons appris à grandir ensemble, il n'y avait aucune raison de se mettre des bâtons dans les roues. L'ambiance entre gardiens est un peu particulière, comme une famille ! Occupant déjà un poste à part de celui du reste de l'effectif, on ne pouvait pas concevoir le fait de bosser chacun de notre côté. Au contraire, cette concurrence bienveillante nous a tiré vers le haut et nous a permis de progresser plus rapidement. Bien évidemment, plus les années passaient moins la rotation au rôle de titulaire était ouverte. Ce n'est pas pour autant que nous souhaitions du mal à celui qui était choisi pour débuter un match. On a toujours fait en sorte d'entretenir de bons rapports, encore aujourd'hui. »

Tu es l'un des rares Titis formés au club n'étant pas originaire d'Île-de-France. Comment en étais-tu venu à rejoindre Paris ?

« Lorsque je jouais dans mon petit club de la région dieppoise, j'ai participé à la finale régionale organisée à Pacy-sur-Eure. C'est d'ailleurs lors de cette journée que le recruteur du PSG avait aussi repéré mon futur coéquipier Claudio Gomes, qui jouait pour Évreux. Je suis allé faire un essai au Camp des Loges qui s'était très bien passé. Le recruteur est venu une nouvelle fois m'observer lors des sélections pour entrer à l'INF Clairefontaine. On m'a invité à participer à un tournoi au Portugal. Dans la foulée, j'ai intégré le Centre de Préformation du Paris Saint-Germain. Je n'étais pas effrayé à l'idée de me retrouver en internat, car j'étais déjà en sport-études. La proximité de ma famille m'a permis de rentrer chaque week-end chez moi. J'ai pu conserver un bon équilibre, tout en apprenant à devenir autonome. D'ailleurs je tiens à remercier tous les encadrants que cela soit les profs, les surveillants et les cuisiniers, car ils étaient vraiment aux petits soins pour nous. »

Le Paris Saint-Germain forme d'excellents gardiens de but depuis de nombreuses années. Peux-tu nous dévoiler les secrets de cette réussite ?

« Je vais d'abord citer les compétences du staff qui était formé par Alfred Dossou Yovo et Jean-Luc Aubert, ainsi que Benjamin Leborgne lors de ma dernière année. Ils ne cherchaient pas à former de bons gardiens, mais des gardiens pour évoluer en Champions League. Ils avaient tout le temps le souci du détail en nous poussant vers l'excellence. Ils étaient intransigeants avec nous que cela soit sur comme en dehors du terrain. Ils nous faisaient comprendre qu'avant d'être bon sur le terrain, il fallait adopter un comportement professionnel en dehors. Grâce à cette approche pédagogique, ils ont fait de nous de bonnes personnes. Pour l'aspect technique, ils m'ont permis de développer mon jeu au pied car nous étions considérés comme le premier attaquant de notre équipe. Être gardien de but à Paris impose d'être doublement concentré de la première à la dernière minute de jeu. Il y avait beaucoup de matches sans avoir de réelle sollicitation, mais il en suffisait d'une seule pour se faire surprendre. Nous réalisions également un gros travail d'observation avec la vidéo de nos prestations, un bon moyen pour se rendre compte de nos axes de progression. La répétition des exercices lors des séances d'entraînement réalisée sur un rythme intense nous poussait à devenir encore meilleur. Tous ces paramètres mis bout à bout ont permis à de nombreux talents de se révéler au plus haut niveau. »

As-tu des conseils à transmettre aux gardiens qui viennent d'intégrer le nouveau Campus PSG ?

« Il faut très bien écouter les coaches, prendre en compte ce qu'ils disent et mettre en application. Il y aura forcément des obstacles sur leur chemin mais il ne faut jamais abandonner. Ils ont une chance inouïe de pouvoir apprendre leur métier dans un tel complexe. Il faut qu'ils profitent de chaque instant car ça passe à 2000 à l'heure ! Ils ne doivent jamais se reposer sur leurs acquis et toujours donner le meilleur d'eux-mêmes. Il faut adopter un état d'esprit irréprochable, en étant serein face à l'échec et humble face au succès. »

Que représente le football pour toi aujourd'hui ?

« À Paris, le football était mon quotidien. Dorénavant, il représente davantage un plaisir de pratiquer du sport même si je garde dans un coin de ma tête l'envie de retrouver le plus haut niveau. Cette passion me permet de me vider l'esprit en évacuant la pression du travail. En effet, j'occupe le poste de manager en télécommunication pour l'opérateur n°1 en France. Je dirige une équipe de collaborateurs qui installe la fibre optique au sein des sociétés localisées en Normandie. Avoir obtenu mon BAC S au Centre de Formation m'a permis de me diriger ensuite vers des études supérieures et ainsi de pouvoir assurer mes arrières. On ne le répétera jamais assez, l'école occupe une place importante dans le cursus de formation d'un apprenti footballeur. Ca aussi c'est un bon conseil ! »

PROFIL :

Date de naissance : 7 janvier 2000
Lieu de naissance : Dieppe (Seine-Maritime)
Poste : gardien de but

Clubs successifs : FC Offranville (2006 à 2012), Paris Saint-Germain (2012 à 2019), C'Chartres Football (2019 à 2021), CMS Oissel (depuis juillet 2021)
Palmarès avec les jeunes du Paris Saint-Germain : champion de France U17 (2017)