Mohammed Diarra : « La formation reçue à Paris est inégalable »

Comme chaque semaine, les médias du club retrouvent un ancien joueur passé par le Centre de Formation du Paris Saint-Germain. Direction le Danemark, à Copenhague, pour prendre des nouvelles de l’ex-Titi Mohammed Diarra (génération 1992), qui revient sur son actualité et sur ses années parisiennes.

Mohammed, comment ton aventure au Paris Saint-Germain a-t-elle débutée ?

« Je suis arrivé à l’âge de neuf ans en France après avoir grandi en Guinée. J’ai d’abord habité chez mon oncle à Créteil, puis à Bondy où j’ai signé ma première licence de football. Mes parents sont restés en Guinée. À 13 ans, notre équipe jouait dans la même poule que celle du Paris Saint-Germain et c’est comme ça que je me suis fait repérer par ses recruteurs. Voilà comment a débutée mon histoire avec le PSG, où j’ai effectué toute ma formation, même si le RC Lens était aussi très intéressé par mon profil au départ. Mais mon oncle préférait que je reste en Île-de-France pour avoir un œil sur moi et me soutenir. »

Quels souvenirs gardes-tu de ton intégration au Centre de Préformation ?

« Le changement fut brutal car j’ai intégré une structure où tout était organisé au millimètre près. Les deux premiers mois furent compliqués car passer de deux entraînements par semaine à une séance par jour demandait forcément un temps d’adaptation ! À cette période, je n’étais pas encore dans l’optique de devenir footballeur professionnel. J’étais juste très épanoui en pratiquant ma plus grande passion qu’est le football. Lorsque je tapais dans un ballon, j’oubliais tout. Mon amour pour ce sport était la clé pour faire face au rythme intense de nos journées. »

Malgré une personnalité introvertie, tu fus rapidement désigné capitaine de ta promotion ! Un brassard lourd à porter ?

« Dès ma première saison au club, mon coach Morad Mouhoubi m’a attribué le rôle de capitaine. Bien qu’étant discret, il estimait que j’étais exemplaire sur et en dehors du terrain pour l’ensemble de mes coéquipiers. Je n’étais pas du genre à faire de longs discours mais en revanche tout le monde pouvait compter sur moi sur le terrain. J’ai porté le brassard avec honneur, tout en donnant le meilleur de moi-même. Il ne fût à aucun moment un poids lourd à porter. Ma grand-mère, qui m’a éduqué lorsque j’étais petit, m’a toujours appris à rester moi-même dans n’importe quelle situation. J’ai donc pris cette responsabilité de manière positive. »

En 2008, il a pourtant fallu trouver les bons mots après la défaite en finale des Playoffs U16 contre l’OM…

« Cette finale s’est jouée sur des détails, comme c’est souvent le cas lors des grands matches. On ne voulait pas la perdre, surtout face à cet adversaire ! Je me revois tout proche d’égaliser d’une reprise de la tête à la dernière minute, mais le gardien adverse a réalisé un arrêt superbe… Si j’avais marqué, nous serions allés à la séance des tirs au but, mais on ne peut pas réécrire l’histoire. À l’issue de la rencontre, toute l’équipe avait conscience d’avoir réalisé une belle performance. Même si la déception fut énorme, nous savions tous qu’un groupe était né et qu’il fallait se servir de cet échec pour revenir encore plus forts. »

C’est peu dire, puisque ta génération fut championne de France U19 en 2010 puis en 2011 ! Quelles furent les clés de ce doublé historique ?

« La qualité des joueurs est évidemment le premier paramètre mais plus que l’aspect individuel, c’est le collectif que nous formions qui était notre principale force. Nous nous connaissions tous très bien sur comme en dehors du terrain. Notre coach David Bechkoura a également su se montrer très persuasif quant au fait qu’on visait le titre, tout comme Jean-Luc Vasseur l’avait été la saison précédente. Ils ont toujours cru en nous et n’ont jamais cessé de nous encourager. Il y a parfois eu des moments difficiles, comme dans toutes les équipes, mais leur approche pédagogique était toujours réalisée avec bienveillance. On se sentait bien, comme dans une famille où rien ne pourrait nous arriver si nous écoutions et travaillions sérieusement. »

Quelles furent tes sensations lorsque tu as soulevé le trophée ?

« J’ai du mal à trouver les mots. J’y repense très régulièrement. Rien que d’en parler aujourd’hui, ça me procure une grande émotion. Ces moments nous ont tous marqué à vie. Vivre une telle joie avec ses potes est tout simplement fantastique. Je regarde souvent les médailles de ces deux titres, tout comme les photos qui ont immortalisé nos exploits. Le temps passe, mais ces titres marqueront à jamais l’histoire du Centre de Formation. C’est ce qui comptait le plus pour nous tous, démontrer à la France entière que Paris possède de très bons jeunes footballeurs, car nous étions et sommes toujours éperdument amoureux de notre club. »

Ta progression n’est pas passée inaperçue à l’époque, puisque les plus grands clubs anglais ont tout fait pour te convaincre de traverser la Manche ! Pourquoi avoir décidé de poursuivre ta formation à Paris ?

« Recevoir des sollicitations des plus grands clubs du moment fait forcément réfléchir un apprenti footballeur. Le nombre de zéros alignés sur un contrat ne doit pas faire oublier les valeurs transmises par nos éducateurs. Même si je venais d’une famille défavorisée, mes proches ont souhaité privilégier la stabilité. J’ai compris leur choix car ce n’était surtout pas à moi de prendre une décision si jeune. J’avais déjà subi un grand chamboulement en arrivant de Guinée, il était hors de question de vivre encore un déménagement sans réelle garantie de succès. À Paris, j’étais sur le bon chemin. Même si je savais que la concurrence serait rude à mon poste pour devenir professionnel, la formation reçue était inégalable pour aborder ma future vie de sportif et, surtout, d’homme ! »

Onze après avoir quitté Paris, quelle est ton actualité footballistique ?

« J’ai quitté le Paris Saint-Germain à l’été 2012 pour signer mon premier contrat professionnel à Odense, au Danemark. Je m’y suis établi durablement, à part quelques mois passés au Kazakhstan. La crise sanitaire est arrivée à un moment où j’étais à la recherche d’un club. Elle m’a permis de me remettre en question et d’entrevoir de nouveaux projets. Depuis trois ans, je suis entraîneur d’une équipe de U14 dans un club partenaire du FC Copenhague. Les jeunes que j’encadre portent tous le maillot du PSG lors des entraînements ! J’ai l’impression de ne jamais être parti du Camp des Loges ! C’est à mon tour de rendre au football ce qu’il m’a donné. »

PROFIL :

Date de naissance : 20 juin 1992
Lieu de naissance : Conakry (Guinée)
Poste : défenseur central ou milieu défensif

Clubs successifs : AS Bondy (2001 à 2005), Paris Saint-Germain (2005 à 2012), Odense BK (2012 à 2016), Nyköping FC (2016 à 2017), FK Altay (2017), FK Taraz (2017 à 2018), Vendsyssel FF (2018), Hvidovre FF (2018)
Palmarès avec les jeunes du Paris Saint-Germain : champion de France U19 (2010, 2011), vice-champion de France U16 (2008)
Équipe de Guinée : A (10 sélections, 1 but)