Marie-Ève Gahié : « Ne plus gaspiller mon énergie »

Pour ses sixièmes championnats du monde seniors, où elle briguera un troisième podium après l’argent de 2018 et l’or de 2019, la -70kg Rouge et Bleu s’avance sur Doha avec sérénité et la force de celle qui a su rebondir depuis sa non sélection olympique pour les Jeux de Tokyo.

Toi qui connais par cœur le déroulé d’une saison au plus haut niveau, est-ce que la programmation inhabituelle de ces mondiaux en mai change quelque chose ?
Depuis 2015, c’est vrai que j’ai pris mes habitudes avec le déroulé habituel du calendrier international. Il faut donc s’adapter, procéder à quelques petits changements, mais l’objectif demeure inchangé dans la tête. On s’est réorganisé comme il faut, avec la chance de pouvoir partir en stage, et notamment au Japon où cela faisait longtemps que nous n’avions pas pu nous entraîner. Là-bas, l’opposition est différente de ce que l’on peut connaître partout ailleurs, et je pense avoir réussi lors de ces deux semaines intenses à m’adapter à ce que propose en compétition les combattantes japonaises. C’était dur, mais cela m’a fait beaucoup de bien, et je sais que cela va jouer dans l’approche de ces championnats.

Marie-Ève Gahié (décembre 2022) 1

Quelle sera-t-elle ?
Quand j’étais petite, j’étais convaincue qu’une championne devait toujours tout gagner mais, avec l’expérience, j’ai pris conscience que les échecs étaient aussi importants dans la construction de la performance. Il faut accepter que sa carrière ne peut pas toujours être constante. Les défaites sont également là pour nous permettre de bien savourer le goût de la victoire, que l’on pourrait perdre si c’était tout le temps facile. Je suis toujours en recherche de méthodes qui me permettraient de m’améliorer dans les moments où je me sens moins bien, et je sais par ailleurs que je pourrai toujours m’appuyer sur deux socles que sont ma famille et ma foi, qui influe sur ma manière d’être au quotidien. Elle me permet à la fois de me ressourcer quand ça ne va pas, comme après ma non sélection pour les Jeux de Tokyo, mais aussi de rester humble quand tout se déroule bien.

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Comment faire en sorte que cela ne se reproduise pas pour les Jeux de Paris ?
Déjà se questionner pour être sûre que ce que l’on fait va dans le bon sens, et pas seulement lorsque ça va mal. Il faut avoir le courage de dire que des aspects auraient pu être gérés différemment et d’assumer ses choix. Maintenant, j’ai la chance de pouvoir prétendre à une sélection pour des Jeux olympiques à la maison, et je vais tout faire pour y être. Cela passe par ces championnats du monde de Doha, où il faudra être concentrée combat après combat, pour ne rien lâcher et aller chercher la victoire en fin de journée.

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La concentration, une dimension qui a pu te faire défaut par le passé…
Je pense que c’était avant tout dû à un manque de maturité, qui faisait que je pouvais m’agacer facilement lorsque les combats ne se passaient pas comme prévu ou que je ne trouvais pas les bonnes solutions. Aujourd’hui, même si cela peut encore m’arriver par moments, je sais qu’il ne peut plus y avoir d’agacement sur le tapis, et encore moins sur un grand championnat. Je ne peux pas me permettre de gaspiller bêtement l’énergie qui doit me servir à remporter mes combats.