Lumière sur … Benjamin Gomes et Hugo Tchorowski
Arrivés au PSG Judo l’été dernier, Hugo Tchorowski et Benjamin Gomes ont depuis pris leurs marques au dojo de la rue Vandrezanne, de la partie lors des championnats de France seniors par équipes de première division disputés à Brest en octobre dernier.
-66kg
Benjamin Gomes, l’instinctif
Il fait partie des rares masculins à avoir été à la fois champion de France cadets (2016 en -60kg) et juniors (2019 en -66kg). Ne lui manque plus qu’un titre national seniors pour que Benjamin Gomes, vingt-et-un ans et premier dan, réalise une performance rare et significative au sein du judo masculin français. Une carrière rectiligne pour ce natif de Saint-Maurice (Val-de-Marne) qui monte pour la première fois sur un tatami à l’âge de neuf ans. « Au départ, je voulais faire de la boxe. Mais le club de la ville ne prenait pas des enfants de mon âge. Du coup, je suis allé m’inscrire au judo, car des amis de l’école en faisaient. » Ses débuts au sein du RSC Champigny sont loin d’être un long fleuve tranquille pour ce gaucher, médaillé de bronze aux championnats d’Europe juniors 2019. « Les deux premières années, j’étais tout le temps puni, sourit Benjamin. Avec les copains, on pensait plus à s’amuser qu’à écouter le professeur. Puis, à partir de onze ans, je suis devenu beaucoup plus calme. Et j’ai commencé à vraiment prendre le judo au sérieux lorsque j’étais minimes. Je pense que c’est lié au fait que j’avais de bons résultats sur les tournois. »
Des propos confirmés par son professeur au sein du club campinois, Samy Zran. « J’ai eu Benjamin des années benjamins aux années cadets. C’est vrai qu’à ses débuts, il avait des problèmes de discipline. Une attitude liée à son besoin, très précoce, de donner du sens à sa pratique. À partir du moment où il a commencé à gagner en compétition, Benj’ s’est montré très assidu, avec désormais un projet sportif clair dans sa tête. Il avait des qualités athlétiques naturelles, mais aussi un instinct qu’il a fallu canaliser. Cela s’est fait doucement mais sûrement. Avec de belles réussites sportives au bout. »
Chez les cadets, cet adepte de ko-uchi-gari (petit fauchage intérieur) en nage-waza (judo debout) et sankaku-jime (étranglement en triangle) en ne-waza (judo au sol) s’adjuge deux fois (2015 et 2016) le Tournoi de France. Chez les juniors, outre son titre national et sa médaille continentale, ce féru de crossfit garde gravé dans sa mémoire le bronze remporté lors des championnats du monde juniors par équipes 2019. « Individuellement, nous les masculins, n’avions pas réalisé de bonnes performances. Mais là, en équipe, un engouement extraordinaire s’est créé et a fait que l’on a battu des mecs plus forts que nous sur le papier. Un souvenir inoubliable. »
À l’été 2020, Benjamin choisit de rejoindre le PSG Judo. Une décision liée en grande partie à Nicolas Mossion. « J’ai été son élève lorsqu’il était entraîneur du pôle espoirs de Brétigny. Je le vois un peu comme un « magicien », car il arrive toujours à trouver des solutions techniques à nos problèmes et à nous donner envie d’être en permanence meilleur. »
Opéré de l’épaule en mai 2020, Benjamin a repris la compétition lors des championnats de France seniors première division par équipes en octobre dernier à Brest, où il était le titulaire de la catégorie des -66kg.
Privé d’échéance depuis, il attend son heure. Se donnant toujours à fond (« cela me joue des tours, car je me blesse souvent », comme dernièrement au pouce), Benjamin, qui n’aime rien tant que le judo basé sur l’attaque, a donc coché les prochains championnats de France individuels sur le calendrier. Et ainsi compléter son armoire à trophées nationaux pour se positionner comme un potentiel titulaire en vue des Jeux de Paris en 2024. Une ambition que son parcours et ses qualités lui autorisent plus que jamais.
-73kg
Hugo Tchorowski, le perfectionniste
« Hugo est un judoka exemplaire, raconte Karine Dyot, son premier professeur au club de Chelles. Son attitude, son respect et sa qualité technique font de lui l’élève que tout entraîneur est fier d’avoir formé. » C’est en effet en Seine-et-Marne que ce jeune homme d’un mètre soixante-seize découvre le judo, à l’âge de cinq ans. « J’étais assez agité, relate le combattant de vingt-trois ans, à la voix posée et tranquille. Mes parents m’ont inscrit pour me calmer. Mais le déclic est véritablement arrivé quand j’ai commencé à aller de la compétition. Gagner, c’est ça qui m’a motivé à faire du judo ma passion. »
Après Chelles, Hugo suit son professeur au JC Gournay (Seine-Saint-Denis), avant de déménager avec sa famille dans le Sud-Ouest, à Cahors. Commence alors pour l’actuel premier dan un parcours au sein de la filière fédérale de haut niveau : pôle espoirs à Toulouse puis pôle France à Bordeaux. Des années qui le voient émerger sur la scène nationale, avec une victoire lors du Tournoi de France cadets, en 2015, lui offrant sa première sélection internationale. Trois ans plus tard, pour sa dernière année en juniors, cet élégant gaucher, dont le « spécial » est o-soto-gari (grand fauchage extérieur), remporte le bronze lors des championnats de France, dans la catégorie des -73kg. Une performance qui permet à ce garçon travailleur, persévérant et rigoureux, d’être accepté à l’INSEP, avant de s’envoler à Tokyo comme sparring-partner de l’équipes de France sur les mondiaux seniors 2019. Quelques semaines après son retour en France, il rejoignait le PSG Judo. « Dans mon précédent club, mon entraîneur venait de se faire licencier. J’ai donc appelé Nicolas Mossion (responsable du haut niveau au PSG Judo, NDLR) car le club me paraissait le plus à même de me faire progresser. C’était pour moi le bon moment pour tenter l’aventure. Et je suis heureux de ce choix, car le suivi est excellent. Il y a une très bonne démarche de travail et le groupe, jeune, est constitué de beaucoup de copains de l’INSEP. » Un choix qui s’inscrit dans la volonté de Hugo de prouver sa valeur chez les seniors, étape par étape. Si la situation actuelle n’est pas facile à vivre avec des perspectives de compétition plutôt floues, ce fan de Teddy Riner (« pour son parcours et son palmarès »), de Fabio Basile (champion olympique -66kg en 2016) et Shohei Ono (« ce qui se fait de mieux au niveau mondial dans ma catégorie de poids ») a les idées claires : goûter à nouveau aux joies d’un podium national en fin d’année, pour se voir offrir la possibilité de briller à l’international avec l’équipe de France. Des ambitions qui passent en priorité par un travail psychologique à faire sur soi-même. « Je suis un peu trop perfectionniste. Je n’ai pas réussi à me lâcher complètement sur les dernières compétitions Je travaille beaucoup là-dessus car, à l’entraînement, je fais tomber. » Un axe de travail confirmé par Karyne Dyot : « Hugo est un gentil. Il se pose tout un tas de questions en compétition, et ça le parasite. Je suis persuadée qu’il n’a pas encore atteint son niveau optimal chez les seniors à cause de cela. » Des freins mentaux qui, s’ils réussissent à être levés, pourraient bien faire de Hugo Tchorowski l’un des favoris aux prochains podiums nationaux.
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ÉPISODE 9 – KHAMZAT SAPARBAEV ET LUCA OTMANE
ÉPISODE 8 – ISRAEL DAKAYEV ET NABIL HACHEM
ÉPISODE 7 – MARTHA FAWAZ ET ANTONY DUPORGE
ÉPISODE 6 – LAURA ESPADINHA ET ARNAUD AREGBA
ÉPISODE 5 – OPHÉLIE VELLOZZI ET SINA SADROLESLAMI
ÉPISODE 4 – HABI MAGASSA ET FAIZA MOKDAR
ÉPISODE 3 – TANOU KEITA ET CHRISTOPHER MVUAMA