Jonathan Reine-Adelaïde : « Paris m'a apporté tellement de moments de joie ! »

Jonathan, que représente pour toi le titre de champion de France acquis en 2006 avec les U18 Nationaux du Paris Saint-Germain ?

« Cette performance a véritablement fait basculer le centre de Formation du Paris Saint-Germain dans une autre dimension. Suite à ce titre, de nombreux jeunes formés au club ont intégré l'effectif professionnel dirigé par Guy Lacombe puis avec Paul Le Guen. Nous formions un groupe de joueurs très unis depuis notre entrée au centre de Préformation. Dès notre première année au club, nous avons été habitués à remporter quasiment tous nos matchs, avec les Chantôme, Arnaud, Mulumbu, Habert, Mabiala... Des plus jeunes comme Sakho sont venus se greffer au fur et à mesure. Ils avaient un vrai respect envers les anciens. Plus les années passées, plus il se dégageait des certitudes collectives. Nous avions une espèce de force en nous qui nous permettait de passer au-dessus de toute forme de pression. Lors de la phase finale, nous étions certains que la victoire ne nous échapperait pas. De quoi fêter ça dignement au Parc des Princes lors d'un tour d'honneur mémorable ! »

Quels sont tes autres bons moments vécus au club ?

« Il y en a tellement ! L'ambiance qui régnait au sein de notre bande de potes était exceptionnelle car on se soutenait les uns et les autres. Nous étions comme des frères. Il n'y a jamais eu d'animosité, même lorsque la concurrence était à son summum. Très jeune, j'ai eu le privilège d'aller m'entraîner régulièrement avec l'équipe professionnelle dirigée par Vahid Halilhodzic. Je me suis retrouvé à défendre sur un certain Pedro Miguel Pauleta qui était une véritable gâchette face au but ! Impressionnant ! Il avait un sens du déplacement hors norme, il aimanté le ballon. Je restais souvent regarder ses ateliers spécifiques après les séances. C'était si beau à voir. Vivre cela à 16 ans, c'est fabuleux et surtout très instructif. Je n'oublierai pas notre participation au tout premier tournoi Nike organisé à Lisbonne. C'était notre premier grand voyage à l'étranger pour la très grande majorité d'entre nous. On avait l'impression de disputer la Coupe du Monde de notre catégorie d'âge ! Ca marque forcément un adolescent. La preuve, c'est toujours gravé en moi ! »

Avec ta génération, vous étiez les tous premiers Titis à intégrer le centre de Préformation qui était initialement basé à Conflans. Quelles images te reviennent à l'esprit ?

« Nous étions logés dans les locaux du musée de la Batellerie. Il n'y avait pas de chambres individuelles. Il fallait parfois courir pour avoir de l'eau chaude ! Mais c'est une période que j'ai adoré ! Il n'y avait pas internet. Pour passer le temps, nous nous contentions de choses simples. Tout était basé sur l'échange. C'est ainsi que nous avons su créer un vrai collectif. A chaque saison qui passait, certains coéquipiers quittaient le club. Je peux vous garantir que nous avons pleuré plus d'une fois... Et puis il y a eu toutes ces valeurs reçues qui nous ont servies par la suite dans notre vie de tous les jours. Le fait de vivre dans un internat H24 entre garçons forge un caractère. Sans papa ni maman, nous avons appris à nous débrouiller tout seul. »

Après avoir disputé 39 rencontres avec l'équipe réserve en N2, tu n'as pas signé de contrat professionnel. Difficile de quitter Paris ?

« Depuis tout petit, j'ai toujours eu la tête sur les épaules. J'étais donc préparé à cette éventualité. Il m'a été moins compliqué de partir du club à l'âge de 20 ans plutôt que si c'était arrivé au milieu de mon cursus de Formation. Après avoir réalisé une saison pleine en CFA, le club m'a proposé un contrat amateur mais j'ai préféré rebondir à la Berrichonne de Châteauroux pour sortir de ma zone de confort et tenter de faire décoller ma carrière. Sur le moment, c'est un sentiment bizarre lorsque tout s'arrête. J'étais tellement habitué à défendre les couleurs de mon club de coeur. C'était comme ma famille ! Le foot est ainsi fait. »

Quel rapport gardes-tu envers le club ?

« Je reste un fervent supporter du Paris Saint-Germain ! J'ai grandi dans la région parisienne. J'ai défendu le maillot rouge et bleu du mieux que j'ai pu. Avec mes coéquipiers de l'époque, on a tous rêvé de voir Paris devenir l'un des plus grands clubs d'Europe ! Comment ne pas être content de sa constante progression ? Voir Ibrahimovic, Cavani, Beckham, Mbappé, Neymar, Messi sur la pelouse du Parc des Princes, c'est fantastique. Au-delà d'admirer l'équipe professionnelle qui réalise de belles performances, c'est surtout la reconnaissance que j'ai envers le club qui ne cessera jamais. Paris m'a apporté tellement de moments de joie. »

En 2019, tu as mis fin à ta carrière de footballeur. Un choix compliqué ?

« Oui, c'est assurément la décision la plus difficile que j'ai eu à prendre dans ma vie. Je voulais arrêter plus tôt, mais mes coéquipiers du club d'Avoine (N3) m'ont permis d'entretenir ma passion quelques années de plus. Stopper le football fut compliqué à vivre, car je n'avais connu que ça depuis tout petit. La vie de groupe, l'ambiance dans le vestiaire, l'adrénaline de la compétition, les nombreuses victoires... Je ne connaissais rien d'autre. Et puis une opportunité de reconversion dans le monde du football s'est présentée à moi par pur hasard. Je transmets à la nouvelle génération de joueurs ce que j'aurais aimé recevoir au même âge, même si mes proches ont toujours été là pour moi. Être bien entouré est la première clé du succès ! »

PROFIL

Date de naissance : 29 octobre 1987
Lieu de naissance : Chartres (Eure-et-Loir)
Poste : défenseur

Clubs successifs : Champigny FC 94 (1994 à 1999), CFF Paris (1999 à 2000), Paris Saint-Germain (2000 à 2008), La Berrichonne de Châteauroux (2008 à 2009), UJA Maccabi Paris (2010 à 2011), Poitiers FC (2011 à 2013), Olympique Saumur FC (2013 à 2014), Avoine OCC (2014 à 2019)

Palmarès avec les jeunes du Paris Saint-Germain : champion de France U18 (2006)