Jérémy Quémener : « Paris m’a aidé à me construire en tant qu’homme »

Interviews

Comme chaque semaine, les médias du club retrouvent un ancien joueur passé par le Centre de Formation du Paris Saint-Germain. Direction le Var, à Toulon où il réside, pour prendre des nouvelles de l’ex-Titi Jérémy Quémener (génération 1994), qui revient sur son actualité et sur ses années parisiennes.

Jérémy, te souviens-tu de ton arrivée à l’Académie du Paris Saint-Germain en 2007 ?  

« Un rêve devenu réalité pour le petit gamin que j’étais ! Je me souviens surtout de la bande de potes que nous formions avec mes coéquipiers. Dès mes premiers jours au Centre de Préformation, je me suis senti très à l’aise en leur compagnie. Sur le terrain comme en dehors, nous faisions preuve d’une grande solidarité. Nous vivions  ensemble au quotidien, donc forcément les liens étaient très forts entre nous. Plus que de l’amitié, nous avions la réelle sensation d’appartenir à la même famille. La famille rouge et bleu ! »

Tu as vécu de très grands moments sur la pelouse, quelles images te reviennent à l’esprit ?

« A l’issue de ma première année au club, j’ai participé au Tournoi International du Camp des Loges. C’était la toute première fois que j’affrontais des équipes étrangères très réputées. J’ai été élu meilleur joueur de la compétition. C’est l’ancien Titi Maxime Partouche (génération 1990) qui m’avait remis le trophée. Il faisait ses débuts en Ligue 1 à cette époque. Cette récompense avait une saveur particulière car c’était à domicile et surtout devant tous mes proches. En 2009, nous avons participé à la Manchester United Premier Cup. Ce tournoi servait de transition entre les U14 Fédéraux et les U16 Nationaux. Nous nous étions fait éliminer en demi-finale par le Werder Brême après la séance des tirs au but, alors que nous avions dominé tout le match. Ce fut une grande frustration, surtout que nous avions battu en phase de groupe le lauréat Sao Paulo. La finale disputée à Old Trafford nous tendait pourtant les bras. Le coach des Red Devils Alex Ferguson, qui avait regardé tous nos matches, nous confiant être séduit par notre jeu. En 2011, nous avons peut-être réalisé l’un des plus beaux exploits de l’histoire de la formation au Paris Saint-Germain. Nous sommes devenus champions de France U17 en battant l’OM en finale ! Bien que capitaine de l’équipe, j’ai assisté à ce match en étant dans les tribunes car j’étais suspendu. Mes coéquipiers ont été fabuleux et ma peine fut effacée. Difficile de faire mieux comme scénario en battant notre rival, pour prouver que nous étions les plus forts de France ! Pour l’anecdote, c’est Adrien Rabiot qui m’a remplacé pour ce match. Il a réalisé un match énorme. »

Avec plus d’une douzaine d’années de recul, quel regard portes-tu sur ton apprentissage suivi au Paris Saint-Germain ?

« Ma formation m’a permis d’acquérir des valeurs qui me servent aujourd’hui dans ma vie d’homme, mais également sur le plan professionnel. Rien que pour ça, c’est une immense réussite. J’ai vécu des choses extraordinaires que tout jeune du même âge aimerait vivre. Certes, je suis passé tout proche de signer un contrat professionnel, mais c’est la loi du foot. J’étais pourtant capitaine, international français U16 et champion de France U17. Ca n’a pas suffit. Il m’a fallu très vite faire le deuil pour rebondir. J’ai par la suite pas mal bourlingué en étant confronté aux difficultés du football amateur. J’ai tout de même disputé 140 matchs cumulés en N2-N3. »

Les observateurs avertis des jeunes du club se rappelleront sans aucun doute de ton profil qui n’est pas sans rappeler celui de Marco Verratti ! Es-tu d’accord ? 

« Je suis flatté ! C’est vrai que nos deux profils possèdent beaucoup de similitudes, toute proportion gardée. La vision du jeu, la technique, l’habileté des deux pieds, l’orientation du jeu, récupérer et faire jouer… Mais n’est pas Marco qui veut ! Quel joueur ! Peut-être suis-je arrivé trop tôt dans le football ? Par le passé, tout était basé sur l’impact physique alors que mon jeu était plus axé sur le jeu collectif. Si je n’ai pas franchi le cap, c’est qu’il me manquait quelque chose, on ne va pas réécrire l’histoire. »

Tu as porté le maillot de l’Equipe de France U16. Fier de représenter Paris au niveau international ?

« Un truc de dingue quand j’y repense ! Représenter mon club formateur avec le coq sur le cœur, c’est tout simplement merveilleux à vivre. C’était une récompense pour tout mon travail réalisé avec mon club. En plus, nous étions quasiment que des Titis dans le XI de départ : Abdallah Yaisien, Pierre Bourdin, Alexis Sainrimat, Jordan Ikoko, Antoine Conte, Romuald Lacazette et moi. Sorel Chemin nous avait même rejoint par la suite. Je me souviens que l’on disait souvent que nous étions le PSG avant de dire que nous étions les Bleus ! »

Cette amitié a-t-elle perduré dans le temps ?

« A mon plus grand regret, je n’ai plus de contact avec mes anciens coéquipiers. J’ai déménagé dans le sud de la France depuis deux ans. Chacun a pris des chemins différents. Certains jouent à l’étranger, d’autres ont fondé une famille. Nous sommes également tous pris par nos vies professionnelles. Tous ces mecs resteront pour toujours dans mon cœur. Pourquoi pas se revoir lors du prochain rassemblement organisé par l’association des Titis du PSG ! Taper le ballon sur la pelouse qui nous a vu grandir avec les maillots de l’époque, ça doit être extraordinaire à vivre. Je lance donc l’appel à mes potes ! »

Une grande majorité d’entre eux joue en pro, n’est-ce pas compliqué à vivre pour toi ?

« Bien au contraire, je suis très heureux pour ceux qui ont réussi ! Je ne suis pas quelqu’un de mauvais. Quand on est jeune, on prend ça comme un échec, une sorte d’injustice, mais quand je les vois à la télévision, je suis le premier à dire que j’ai joué avec eux ! Je leur souhaite à tous une franche réussite pour la suite de leur carrière. »

La tienne s’est arrêtée en 2019. Pourquoi avoir mis de côté le ballon rond ?

« A 25 ans, j’ai pris la décision de stopper ma carrière car je vivais mal le fait d’être entre deux eaux. Jouer en N2 ne correspondait pas à mes rêves de gosse. Comme évoqué précédemment, vivre du football au niveau amateur n’est pas des plus évidents. J’ai donc pris le temps de la réflexion car je ne voulais pas me tromper. C’est ainsi que j’ai opté pour la voie du coaching sportif. J’ai passé mes diplômes pour endosser cette nouvelle profession. Depuis un an et demi, je suis à mon compte à Toulon. Mon agenda est plein à craquer. Je suis très heureux dans cette nouvelle vie. Même si je ne tape plus dans un ballon, je suis toujours dans le domaine sportif. Je remercie le Paris Saint-Germain qui m’a aidé à me construire en tant qu’homme. Et puis Paris, c’est Paris ! Même dans le sud, je ne me prive pas d’enfiler le maillot de mon club de cœur ! »

PROFIL :

Date de naissance : 7 juillet 1994
Lieu de naissance : Suresnes (Hauts-de-Seine)
Poste : milieu de terrain

Clubs successifs : Suresnes JS (2000 à 2006), AC Boulogne-Billancourt (2006 à 2007), Paris Saint-Germain (2007 à 2012), FC Metz (2012 à 2014), FC Dieppe (2014 à 2015), AS Beauvais Oise (2015 à 2018), AS Poissy (2018 à 2019)

Palmarès avec les jeunes du Paris Saint-Germain : champion de France U17 (2011)

Équipe de France : U16 (2 sélections)