Buchard et Dicko reines du Masters

Magnifique week-end pour les judokas Rouge et Bleu lors du Masters de Budapest, duquel Amandine Buchard et Romane Dicko reviennent avec l’or tandis qu’Alexis Mathieu s’adjuge le bronze.

Elles pourront partir en vacances l’esprit serein. Avec une victoire lors du Masters, la deuxième compétition la plus rémunératrice en points du circuit derrière les championnats du monde, Amandine Buchard en -52kg et Romane Dicko en +78kg, ont frappé un grand coup. La première offrit une prestation XXL, battant avec une autorité bluffante deux de ses principales concurrentes mondiales : l’Anglaise Chelsie Giles en demi-finale et la Kosovare Distria Krasniqi en finale. Une journée parfaite pour la vice championne olympique parisienne qui en a profité pour montrer l’incroyable diversité de sa palette technique : si elle s’appuie sur son mouvement favori en finale, un kata guruma (roue autours des épaules, NDLR) qu’elle maîtrise dans toutes les directions, la médaillée mondiale 2023 place également un enroulement du bras inédit lors de son combat contre Giles, à qui elle rend plusieurs bons centimètres. « Je suis arrivé en Hongrie en overdose de judo : je n’avais pas coupé depuis décembre. Mais la veille de la compétition, je me suis mise en mode combattante, en me disant que c’était la dernière de la saison, le moment idéal de tester tout le travail mis en place avec les entraîneurs. Le niveau de la compétition (il ne manquait qu’Uta Abe, la championne olympique et du monde japonaise, NDLR) allait me servir pour prendre des informations en vue de Paris 2024. Sur Giles et Krasniqi, je me suis trouvée forte, avec des schémas tactiques pertinents. Plus globalement, je suis en train de prendre confiance sur une manière de faire mon judo où je viens un peu plus au contact, comme le uchi-mata-sukashi (une attaque dans l’attaque, NDLR) contre la Chinoise Zhu, et où j’enchaîne plus vite en liaison debout-sol. J’en tire donc un bilan très positif car cette compétition m’a montré que j’étais sur la bonne voie et qu’il fallait que je continue comme ça. »

Romane Dicko (aout 2023)En +78kg, Romane Dicko a pour sa part repris sa dynamique de victoire, après l’échec des championnats du monde de Doha en mai dernier. Elle s’offre son troisième succès majeur de la saison après son sacre mondial à l’automne 2022 et le Masters en décembre dernier. Quatre combats pour la médaillée de bronze olympique individuelle, dont deux contre des Françaises. Des rencontres toujours singulières que Romane Dicko géra parfaitement, se montrant la plus forte tactiquement contre Léa Fontaine en quart de finale et, surtout, contre Julia Tolofua en finale. Une victoire très importante dans la course olympique, alors que celle-ci avait fini en argent lors des derniers championnats du monde. « Il fallait à nouveau marquer mon territoire, analyse la Parisienne. Je savais que ce Masters allait beaucoup compter pour les Jeux. Au-delà de l’or, je suis contente de ma production du jour, notamment au kumikata (la garde, NDLR) ». « Elle n’avait pas le droit de se rater, explique sans ambages Florent Urani, entraîneur du groupe élite présent à Budapest. Elle a répondu parfaitement en redevenant la Romane que l’on connaît, imposant sa puissance et rigoureuse tactiquement contre ses compatriotes. Cette victoire est très encourageante pour la suite. »

Un troisième jour de compétition réussi pour le club puisqu’Alexis Mathieu montait sur la troisième marche du podium. Un événement qui réussit particulièrement bien au -90kg Rouge et Bleu puisqu’il avait fini en argent en fin d’année dernière à Jérusalem. Au premier tour, le Parisien pulvérise le Hongrois Krisztian Toth, médaillé olympique et mondial, sur un mouvement de jambe parfait. En huitième de finale, nouvelle victoire contre le Serbe Nemanja Majdov, double médaillé mondial (2017 et 2019). Si Mathieu s’incline en quart de finale contre l’Ouzbek Davlat Bobonov, champion du monde 2022, il bat l’Azerbaïdjanais Murat Fatiyev en repêchages sur un arraché surpuissant, avant de se présenter seul pour le bronze suite au forfait de l’Italien Christian Parlati, touché à un genou.

Alexis Mathieu (aout 2023)
« Je suis un peu déçu par mon quart de finale contre Bobonov, que je prenais pour la première fois, mais je suis satisfait de ma journée et des axes de travail mis en place, explique le médaillé de bronze. Maintenant, j’attends les sélections pour les championnats d’Europe, début novembre à Montpellier » « Médaillé sur sa compétition précédente (le bronze au Grand Chelem d’Oulan-Bator fin mai, NDLR), c’est plaisant de voir Alexis enchaîner de la sorte, note Florent Urani, Lui qui est un judoka très varié, quand il arrive à placer sa garde comme il veut, il est redoutable. Ce qu’il a montré sur cet événement est exactement ce que l’on attend de lui. Sur son quart de finale perdu, il va falloir encore travailler contre cet adversaire, un des très gros calibres de la catégorie. Il va falloir apprendre à être plus patient et à le faire douter. »
Derniers engagés du club, Mélanie Vieu (-48kg) s’incline d’entrée contre la Chinoise Zongying Guo aux pénalités, tandis que l’Algérien Messaoud Redouane Dris (-73kg) cède au troisième tour face au Moldave Petru Pelivan.
Alors qu’une période de vacances est désormais prévue – les féminines reprendront sur un stage en Corse fin août, les garçons début septembre à l’INSEP – à partir de cette semaine, ce Masters aura été aussi une excellente opération au niveau de la ranking list olympique puisqu’Amandine Buchard et Romane Dicko prennent le leadership de leur catégorie respective, tandis qu’Alexis Mathieu monte lui à la sixième place.