Boukary Dramé : « Pour tout un peuple »

Interviews

Formé au Paris Saint-Germain et parisien de 2000 à 2007, Boukary Dramé évoque notamment la victoire du Sénégal lors de la Coupe d'Afrique des Nations 2021, lui qui a connu les joies de la sélection avec les Lions de la Teranga.

Boukary, que représente pour toi la victoire du Sénégal lors de la Coupe d’Afrique des Nations ?

« C’est une immense satisfaction, on peut même parler d’une concrétisation. C’est une juste récompense pour ce groupe de joueurs qui a réalisé un beau parcours depuis plusieurs années. Dorénavant, on peut placer la sélection du Sénégal parmi les plus grandes du continent africain. Depuis l’épopée de l’équipe nationale lors du Mondial 2002 (ndlr : quart de finaliste), le peuple sénégalais était impatient de voir une étoile être apposée sur le maillot. C’est désormais chose faite, c’est fantastique ! »

Quelles ont été les clés de la réussite de cette équipe ?

« Incontestablement, la continuité. Le sélectionneur Aliou Cissé est en place depuis 2015. Il a ainsi pu mettre en place son savoir-faire sur la durée. Beaucoup de joueurs évoluent au plus haut niveau en Europe, ils sont habitués à disputer de grands matches et de grandes compétitions. Certes la chance entre également en ligne de compte, mais cette équipe a su la provoquer au bon moment. Ce succès est grandement mérité. »

Comment as-tu vécu cette finale si indécise ?

« Lorsque Sadio Mané a manqué son penalty pendant la partie, je me suis dit que le sort allait encore s’acharner contre nous. Mais très rapidement, je me suis convaincu que cette équipe n’allait pas lâcher moralement. Je connais très bien ce groupe pour avoir officié à leurs côtés, et je savais qu’ils allaient se battre jusqu’au bout pour ne rien regretter. Je sentais vraiment la victoire cette année. Même lors de la séance des tirs au but, je suis resté confiant. L’excellent travail d’Aliou Cissé, de son staff et des joueurs mérite d’être salué. »

Pourquoi cette compétition est-elle à part ?

« Le jeu est complètement différent de celui pratiqué en Europe. Si un joueur n’est pas prêt physiquement, ce n’est même pas la peine qu’il rentre sur le terrain. Les duels sont très rugueux, le rythme est très dense. Ça demande beaucoup d’énergie ! Les qualités techniques ne suffisent pas. A l’image des trois ballons crevés lors du match Egypte-Nigéria, l’engagement physique est constant. »

La sélection du Sénégal te faisait-elle rêver lorsque tu étais au centre de Formation du Paris-Saint-Germain ?

« Lorsque j’étais au Paris-Saint-Germain, l’équipe du Sénégal brillait lors de ce fameux Mondial 2002 en Corée du Sud et au Japon. Forcément, j’ai vécu son parcours avec de grandes émotions. Cette même année, la sélection avait atteint la finale de la Coupe d’Afrique des Nations. Ses bons résultats m’ont permis de me sentir encore plus sénégalais dans l’âme. Lorsque la Fédération Sénégalaise de Football m’a contacté, je n’ai pas hésité une seconde pour accepter de rejoindre les Lions de la Teranga. Je voulais représenter le pays de mes origines et gagner des titres. Porter le maillot d’une sélection procure un sentiment très spécial. Quand le Sénégal joue, tout le peuple suit avec attention le match du moment. Les supporters sont très démonstratifs, ils sont avec les joueurs pour les pousser à être encore meilleurs. »

Tu as participé à la CAN 2006 avec le Sénégal. Quels souvenirs en gardes-tu ?

« Elle s’était déroulée en Egypte. Nous avions réalisé un bon parcours, en terminant à la 4e place. Le Nigéria nous avait privé de la médaille de bronze. Il y avait déjà une très belle équipe avec El Hadji Diouf, Henri Camara, Mamadou Niang ou bien Pape Bouba Diop, paix à son âme. Je me rappelle que nous étions logés dans un village, isolé des installations sportives. Nous faisions notre footing au milieu des chèvres ! Le chanteur Akon, qui est d’origine sénégalaise, était venu nous saluer. Il nous avait offert des tenues de la part de son équipementier, ainsi que son double album. C’était ses débuts dans la chanson. Chacun avait eu le droit à son selfie ! »

Avant que l’on se quitte, peux-tu nous faire part de ton actualité ?

« Je vis dans la région de Bergame, en Italie. J’évolue dans un club amateur, pour entretenir ma passion pour le football. Je joue pour pratiquer ce sport et pas autre chose. Le football a toujours été ma plus grande passion, depuis mes premiers ballons tapés dans la rue ou dans la cour de l’école. Je vais prochainement passer mes diplômes d’entraîneur. Quand la passion vous tient… »

Un dernier mot pour tes potes qui ont remporté la CAN 2021 ?

« Je les remercie du fond du cœur et je les félicite tous ! Cette Coupe n’est pas que pour eux, c’est pour tout un peuple. Je leur donne du courage et de la force pour leurs prochaines échéances. Je ne leur souhaite que de vivre de belles choses. »