Audrey Tcheuméo sans rivale en Europe
La vice championne du monde 2023 a signé la journée parfaite ce samedi en Croatie pour s’offrir le cinquième titre continental de sa carrière, égalant le record de victoires d’un combattant français sur cette épreuve, notamment détenu par Teddy Riner.
C’est ce qui s’appelle une réaction de championne. Moins d’un mois après sa non-sélection olympique, Audrey Tcheuméo était de retour sur les tatamis et toutes celles qui ont voulu lui faire face ont volé en éclats. La Russe Nadezhda Tatarchenko ne résistait qu’une vingtaine de secondes lors du premier passage de la Parisienne dans l’arène, prélude d’une journée à trois ascensions qu’elle allait traverser sans sourciller. La tenante du titre Alina Boehm, qui l’avait éjectée du podium du décisif Grand Chelem de Tbilissi mi-mars ? Elle courbait l’échine sur un grand fauchage extérieur asséné à trente secondes du gong final. La championne du monde en titre Inbar Lanir, celle qui avait privé d’or Tcheuméo aux mondiaux avant de l’éliminer aux championnats d’Europe de Montpellier en novembre dernier ? Elle ne trouvait pas les ressources pour s’opposer à son puissant harai-goshi, qui exorcisait au passage ces derniers rendez-vous conclus sur une mauvaise note par sa faute.
Ne restait plus que la médaillée olympique et championne du monde 2021 Anna-Maria Wagner pour tenter de la stopper dans sa ruée vers l’or… Elle y parvenait six minutes durant, avant que l’enchaînement de petits fauchages intérieurs de la Française ne la surpasse pour un ippon magistral, à la hauteur de la journée de la désormais quintuple championne d’Europe. « Même si ce n’est pas mon premier titre, celui-ci possède une saveur particulière, se réjouissait la double médaillée olympique en attendant de faire retentir la première Marseillaise de ces championnats. Je suis venue ici relâchée, tranquille dans ma tête, et quand mon cerveau veut, tout suit. J’ai fait mon judo à l’instinct aujourd’hui, sans jamais me précipiter et en y croyant fermement. Quel plaisir fou de mettre des pions comme ça, ça fait vraiment du bien ! »
Damiano Martinuzzi espère que ce succès probant constitue le déclic attendu depuis des mois. « Audrey a toujours eu le judo qu'elle a montré aujourd'hui et qui lui a permis de mettre des valeurs techniques à toutes les meilleures. C'est juste elle qui avait gardé ça dans un tiroir qui était resté bloqué pour une raison qui nous échappe encore. Là, elle s’est pleinement exprimée, preuve que la flamme est toujours vive en elle. Beaucoup de gens se seraient écroulées, pas elle. Quand elle a appris sa non sélection, j’avais apprécié qu’elle réagisse aussitôt en annonçant qu’elle allait devenir championne d’Europe et du monde. La moitié du chemin est faite. »
Tous deux engagés en -90kg, le Géorgien Lasha Bekauri (photo ci-dessus) et Alexis Mathieu (photo ci-dessous) se voyaient sortir du tableau principal aux portes des demi-finales, battus par les Azerbaïdjanais Eljan Hajiyev et Murad Fatiyev. Seul Bekauri parvenait à remonter les repêchages pour finir la journée avec du bronze autour du cou, contre une septième place pour le n°1 tricolore de la catégorie, lucide à l’issue de sa compétition.
« Avant cette dernière action qui aurait pu me permettre de passer mon quart, je n’ai pas réussi à m’imposer au niveau du kumikata et c’est ce qui me coûte un waza-ari sur une action au ralenti. C’est rageant parce que je sors de ce combat un peu cuit et que je n’arrive pas à rivaliser avec le Néerlandais en repêchages. Encore une fois, je me retrouve à une place qui ne me satisfait pas, car ce n’est toujours pas la première grande médaille que je convoite. Ça ne se joue pas à grand-chose, mais il va falloir encore s’accrocher et ne pas baisser les bras. J’ai quitté la Calédonie pour ça, et rien ne doit me détourner de ces objectifs que je me suis fixés. À moi de garder le cap et d’aller vers l’avant. »