Ahmed Kantari : « Paris est vraiment un club familial ! »

Comme chaque semaine, les médias du club retrouvent un ancien joueur passé par le Centre de Formation du Paris Saint-Germain. Direction le Nord, à Valenciennes, pour prendre des nouvelles de l’ex-Titi Ahmed Kantari (génération 1985), qui revient sur son actualité et sur ses années parisiennes.

Ahmed, comment as-tu débarqué au Paris Saint-Germain en l’an 2000, toi le gamin du Loir-et-Cher ?

« Alors que je disputais la coupe Régionale avec la sélection du Loir-et-Cher, l’ancien recruteur Jean-François Laurent et le regretté Jean-Pierre Dogliani m’ont repéré puis contacté pour venir visiter le Centre de Préformation à Verneuil-sur-Seine lors de l’hiver 99. J’ai donc eu six mois pour me préparer mentalement avant de venir y déposer mes valises. J’ai également participé au tournoi de Rezé avec Paris afin de m’acclimater et surtout de valider mon choix. Une décision prise avec mes parents bien évidemment. J’ai n'ai eu leur accord que si je leur promettais d’avoir mon baccalauréat à l’issue de mon cursus. Une fois sur place, j’ai compris tout de suite ce qu’était le haut niveau ! J’étais un des rares joueurs hors Ile-de-France à signer au club. Rapidement, une osmose s’est mise en place entre tous les joueurs. Les éducateurs et les surveillants nous ont accompagnés de belle manière. Tout était parfaitement organisé pour qu’on puisse se sentir chez nous. Boukary Dramé était mon compagnon de chambre. C’est devenu plus qu’un frère aujourd’hui, on entretient une relation très fusionnelle. Paris est vraiment un club familial ! »

La suite se déroule au centre de Formation, où les enjeux sont différents…

« Plus on avance, plus l’étau se resserre. J’ai joué avec les 15 ans et les 17 ans, puis en CFA2 et enfin avec l’équipe réserve en CFA. Plus on monte, plus les places sont chères. Une concurrence s’installe avec les joueurs plus âgés, ce qui n’est pas évident, car pour nous ils étaient nos modèles. A mon poste, j’ai dû batailler avec Jean-Michel Badiane et Youness Bengelloun. J’ai bossé dur aux entraînements. Sans être un phénomène, j’ai réussi à gravir les échelons petit à petit. Nous étions encadrés par Antoine Kombouaré et le regretté Bernard Guignedoux qui étaient comme des papas pour nous tous. Je ne garde que d’excellents souvenirs de cette période car je me sentais vraiment comme chez moi au club. »

Le 19 juillet, tu as signé ton premier contrat professionnel en compagnie d’un certain… Boukary Dramé !

« Même si beaucoup de personnes me disaient que c’était difficile de signer pro au PSG, j’y suis tout de même parvenu à bonnes doses d’abnégation et de travail. Il faut toujours croire en soi et ses rêves ! C’était un aboutissement, une immense fierté. Mes nombreux sacrifices, ainsi que ceux de mes proches, furent récompensés par ce document si prisé. Vivre ça en même temps que mon meilleur ami fut fantastique ! Je me suis ensuite retrouvé au milieu des Pauleta, Rothen, Yepes et consorts. C’était une autre galaxie car je faisais partie intégrante de l’effectif pro. En parallèle, j’étais capitaine de l’équipe réserve avec qui j’ai disputé plus de 90 matches en CFA. »

Même si tu n’as pas disputé le moindre match officiel avec Paris, quels sont tes bons moments passés en pro ?

« Une chose est certaine, je n’en ai jamais voulu au club. J’aurais dû faire plus à l’entraînement pour m’imposer. Bien évidemment, j’aurais aimé porté le maillot Rouge et Bleu en match officiel, ce qui ne m’a pas empêché de passer d’excellents moments au club. J’ai joué plusieurs matches amicaux. Et puis il y a eu cette Coupe de France remportée face à l’OM en 2006. Tous les joueurs du groupe avaient été conviés pour vivre l’évènement de l’intérieur. La fête avec les supporters fut énorme ! La réception à l’hôtel de ville était impressionnante pour le Titi que j’étais. »

Tu resteras assurément l’un des grands acteurs de la Formation au club. Tu as bien une anecdote vécue avec tes potes à nous confier ?

« Etant défenseur axial, je n’étais pas un buteur dans l’âme ! Lors d’un match à Evry, j’ai marqué un coup-franc du milieu de terrain. Je ne sais pas ce qui m’a pris, j’ai posé le ballon puis j’ai tiré et le ballon a fini en pleine lucarne. J’ai inscrit un doublé ce jour-là. Et le week-end suivant, j’ai remis ça avec un nouveau doublé ! Ces deux matches reflétaient l’euphorie dans laquelle j’étais. Il y a parfois des moments où tout fonctionne. Un coup de pouce du destin ! Alain Roche était même venu me féliciter ! »

Dix-sept ans après ton départ, quel rapport entretiens-tu avec le club ?

« J’ai porté durant six années le maillot rouge et bleu, c’est donc un passage important de ma vie. Le Paris Saint-Germain m’a tout d’abord appris à devenir un bon footballeur, grâce à des tops éducateurs ! Nous étions encadrés avec bienveillance, et ça n’a pas de prix. Paris a également fait de moi l’homme que je suis devenu car j’y ai vécu toute mon adolescence. Je dois énormément au club. Je lui en serai toujours reconnaissant. Je suis lié à vie au club et j’en resterai son supporter numéro un. J’ai une attache viscérale au club. Je suis d’ailleurs très content de voir sa constante évolution positive. Certes, tout n’est pas parfait, mais c’est le football ! Malgré sa jeunesse, Paris est un club qui existe sur la carte du monde. Il est reconnu partout et je suis très fier d’y avoir été formé ! »

Tu as stoppé ta carrière sportive en janvier 2019. Cette décision fut-elle difficile à prendre ?

« Elle ne fut pas compliquée à prendre car elle avait été mûrement réfléchie, notamment avec mon entourage. J’avais le sentiment du devoir accompli, d’être aller au bout du bout. C’était comme une évidence. Cette décision m’a permis de basculer vers le métier d’entraîneur. Je ressentais ce besoin de vivre les mêmes émotions que lorsque j’étais sur le terrain. C’était comme une suite logique. Ayant obtenu mon brevet d’état premier degré à l’âge de 19 ans, ça a toujours été clair dans ma tête. J’ai toujours pris du plaisir à aider mes partenaires. On m’a souvent confié le brassard de capitaine tout au long de ma carrière, sans forcément être le meilleur de mon équipe. J’étais comme une sorte de ciment qui permettait de créer un lien entre tous les joueurs et le staff. J’aime donner et c’est ce que j’essaye de faire au quotidien avec les jeunes de l’équipe réserve du Valenciennes FC. »

Retrouves-tu en tes joueurs l’état d’esprit qui t’animait lorsque tu étais au centre de Formation du Paris Saint-Germain ?

« Presque vingt ans après, il y a effectivement de nombreuses similitudes. Ils sont au carrefour de leur carrière, ce qu’on appelle la ‘post-formation’. C’est un moment particulier qui vient clôturer leur cycle de formation. Pour avoir vécu cette période, je sais parfaitement ce qu’ils ressentent. Ils sont parfois appelés avec l’équipe professionnelle, et le reste du temps ils sont à ma disposition en National 3. Je suis donc là pour les accompagner du mieux possible, les rassurer, les encourager, les guider. Les joueurs ont le même état d’esprit qu’à mon époque, ce sont surtout les attentes de l’entourage qui ont changé. En tout cas, Antoine Kombouaré qui m’a formé à Paris avait raison : coacher c’est le kif total ! »

Pour rappel, tu as porté le maillot de l’équipe nationale A du Maroc à 15 reprises. As-tu vibré lors du fantastique parcours des Lions de l’Atlas au dernier Mondial ?

« Plus que vibré ! L’équipe a réalisé une performance exceptionnelle. C’est une vraie fierté pour tout le peuple marocain. Je me suis pris au jeu en les voyant gagner match après match. Ils m’ont fait ressentir des tas d’émotions ! Ils ont ravivé en moi des sensations vécues lorsque je portais ce maillot. Un grand bravo ! »

Et ce baccalauréat, tu l’as eu du coup ?

« J’ai mis toutes les chances de mon côté pour tenter de l’obtenir. J’ai d’abord suivi des cours à distance via le CNED. Ensuite, les profs venaient au centre de Formation. J’étais en tête à tête avec eux. Je ne pouvais pas me cacher ! J’avais une dette envers mes parents, il fallait que je sois sérieux jusqu’au bout. J’ai finalement décroché mon Bac Scientifique. Assurément l’une des plus belles victoires ! Quand j’ai vu les yeux de ma mère remplis de fierté ça valait tous les trophées du monde. »

PROFIL

Date de naissance : 28 juin 1985
Lieu de naissance : Blois (Loir-et-Cher)
Poste : Défenseur

Clubs successifs : AAJ Blois (1993 à 1999) – FCO Saint-Jean-de-la-Ruelle (1999 à 2000) - Paris Saint-Germain (2000 à 2006) – RC Strasbourg (2006 à 2008) – Stade Brestois (2008 à 2013) – RC Lens (2013 à 2015) – Toronto FC (2015 à 2016) – Valenciennes FC (2016 à 2019)

Palmarès avec les jeunes du Paris Saint-Germain : champion de CFA groupe A (2003)

Équipe du Maroc : U17 (10 sélections) U20 (1 sélection) Olympique (6 sélections) A (15 sélections)