Yannis Takerboucht : « Paris m'a permis de vivre des expériences uniques »

Interviews

Comme chaque semaine, les médias du club retrouvent un ancien joueur passé par le Centre de Formation du Paris Saint-Germain. Direction le Camp des Loges, où il est venu se ressourcer, pour prendre des nouvelles de Yannis Takerboucht (génération 1993), qui revient sur son actualité et sur ses années parisiennes.

SES PREMIERS PAS DANS LE FOOTBALL

« J'ai débuté le football à l'âge de 6 ans au sein du club de Sartrouville, dans les Yvelines. Les éducateurs du club m'ont rapidement surclassé avec les joueurs nés en 92 et c'est ainsi que j'ai affronté pour la première fois le Paris Saint-Germain en championnat dans la catégorie poussins. Lors du match aller, j'ai réalisé une très bonne prestation en tant que numéro 10. Le recruteur Philippe Klein, paix à son âme, et son fils Jérôme, éducateur, ont pris contact avec mon papa à l'issue de la rencontre pour m'inviter à venir m'entraîner à plusieurs reprises au Camp des Loges. C'était sur les anciens terrains en sable ! Je me suis retrouvé parmi les joueurs nés en 91 et, malgré la différence d'âge, je me suis plutôt bien débrouillé. En rentrant chez moi, j'étais si heureux d'avoir eu cette opportunité. J'ai appris par la suite qu'il y avait eu une confusion sur mon âge et que je n'aurais jamais dû me retrouver avec ces joueurs. Ils m'ont toutefois fait part de leur grand intérêt pour la saison suivante. Lors du match retour, j'ai inscrit un doublé dont un corner rentrant ! C'est ainsi que j'ai validé pour de bon ma venue à Paris. »

SES DÉBUTS AU PARIS SAINT-GERMAIN

« J'ai intégré le PSG en poussins 2e année, sous la coupe d'Yves Gergaud. C'est le premier personnage important dans ma carrière car il a su adapter sa pédagogie avec une certaine bienveillance à mon égard. Il était très attentionné envers les enfants et très passionné par le football des jeunes. Mes débuts ne furent pas si simples, avec des hauts et des bas. Chaque année, je n'étais pas certain d'évoluer en équipe A car il y avait une forte revue d'effectif. Finalement, je me suis accroché et j'ai très vite été surclassé en poursuivant mon apprentissage à l'Association Paris Saint-Germain, parmi les joueurs nés en 92. Malheureusement, j'ai contracté la maladie d'Osgood-Schlatter quelques mois avant de prétendre à une entrée au Centre de Préformation. Une fois guéri, j'ai eu du mal à retrouver mon niveau mais je n'avais pas le temps de me lamenter sur mon sort. Le coach Jérôme Klein m'a mis dans les meilleures conditions pour revenir au premier plan. Lors de mon premier match en foot à 11 en U13 DH, il m'a titularisé en défenseur axial ! J'ai su me montrer à la hauteur de ses espérances, puis il m'a convié chaque mercredi à la base de Conflans aux séances d'entraînement du Centre de Préformation parmi les Nlundulu, Imbula, Salamone, Diouf... »

SA PARTICIPATION À FORT BOYARD

« En 2004, j'ai participé à la 1000e émission de Fort Boyard, tout pays confondu. La production recherchait des jeunes sportifs de haut niveau, dont un petit footballeur. Nous étions plusieurs coéquipiers du PSG en concurrence pour passer un casting par téléphone ! N'étant pas un fan averti de ce jeu, j'ai dû faire preuve de malice pour répondre correctement aux questions posées. La personne au bout du fil a retenu mon profil car j'avais fait preuve de maturité et d'une bonne expression selon ses dires. Je n'en revenais pas car je ne connaissais aucune épreuve ! Après avoir pris le TGV, j'ai rejoint sur place les autres athlètes à l'hôtel. Ils connaissaient cette émission de A à Z, de quoi me stresser au plus haut point ! Le lendemain matin, nous avions pris un hélicoptère pour atterrir sur le fort. Après un brief ultra-rapide, j'avais été nommé pour disputer la première épreuve, celle des seaux et du tapis roulant. Ne connaissant pas le règlement de ce jeu, j'ai couru sur le tapis sans tomber tout en attrapant les seaux puis les vidant en espérant trouver la clé ! Or, je ne savais pas qu'il fallait le faire dans un tuyau placé au bout du tapis pour surélever la clé coincée dedans... C'est ainsi que je me suis retrouvé dans le DVD spécial bêtisier ! Cette expérience reste un magnifique souvenir, d'autant plus que nous avions récolté plus de 18 000 Euros pour l'association des Petits Princes. »

SES SOUVENIRS DU CENTRE DE PRÉFORMATION

« Entrer au Centre de Préformation était une forme de continuité pour moi, car je voulais toujours être parmi les meilleurs. J'étais plutôt optimiste concernant mon niveau sur le plan sportif, la seule inconnue se situait sur le plan scolaire où c'était beaucoup moins réjouissant. Une fois les doutes levés, j'ai appris que j'allais partager ma chambre avec un enfant prénommé Karim. Un super joueur que j'avais côtoyé lors de quelques entraînements de la fin de saison précédente. J'ai malheureusement appris son décès le jour de la rentrée au centre... Nous avons disputé un match en sa mémoire, lors duquel sa famille est tombée en pleurs dans mes bras. Ils m'ont confié qu'ils auraient été très heureux que leur fils partage son quotidien à mes côtés. Sa tragique disparition m'a fait prendre conscience de la chance que j'avais de pouvoir suivre mon apprentissage au PSG. J'ai eu pour copains de chambre Axel Ngando puis Franck Bikoya. J'avais déjà vécu une expérience loin des miens, en étant logé dans une famille d'accueil pour un tournoi en Angleterre, mais là, c'était tout autre. Il y avait quelques joueurs nés en 90, ce qui était impressionnant pour moi car ils étaient beaucoup plus grands et plus costauds. C'était un peu la loi du plus fort, il a fallu que je m'affirme. Ces années furent les plus belles même si l'on ne s'en rendait pas compte sur le moment. Nous avons construit de très belles amitiés qui perdurent encore aujourd'hui. On a tous grandi loin de nos quartiers respectifs, ce qui a renforcé nos liens. J'y ai connu beaucoup de moments de joie, quelques embrouilles aussi, mais énormément de parties de rigolade ! Côté terrain, je n'étais toujours pas convaincu par le fait de devenir footballeur professionnel, je voulais tout simplement être parmi les meilleurs. »

SES MEILLEURS MOMENTS SUR LE TERRAIN

« En U15, nous avions participé au tournoi Nike organisé à Manchester en 2008. Nous avions affronté le Real Madrid et Manchester United, avant d'être battu en quart de finale par l'Eintracht Francfort. J'avais réalisé une bonne compétition en tant que capitaine. Je vais également citer la victoire lors de la Coupe Nationale des Régions remportée en tant que capitaine de l'équipe de la Ligue de Paris-Île-de-France, dans laquelle figuraient Alphonse Areola, Jérôme Roussillon, Raphaël Guerreiro, Jérémie Bela, Jean-Christophe Bahebeck... Ce trophée a une saveur toute particulière car j'avais perdu ma maman quelques jours avant la compétition. Le sélectionneur Jean-Claude Giuntini a pleuré dans mes bras quand nous avons remporté la finale. C'est un coach qui me marquera également à vie car il a été d'un grand soutien. Il y a ensuite les titres de champion de France glanés en U19 en 2010 et 2011. Soulever le trophée avec le maillot de Paris, il n'y a rien de plus beau ! »

SON PLUS MAUVAIS SOUVENIR

« Alors que j'étais convoqué pour participer à mon premier stage national U15 en compagnie d'Alphonse Areola et Philtzgérald Mbaka, je me suis blessé la veille de ce rendez-vous lors d'un match contre le Racing CF. Je me suis quand même rendu à Clairefontaine où j'ai partagé ma chambre le temps d'une soirée avec Paul Pogba. Nous avions bien rigolé mais j'ai malheureusement dû retrouver mon club car ma blessure ne s'était pas arrangée. C'est mon coéquipier Alvin Arrondel qui m'a remplacé. Je n'ai plus jamais eu l'opportunité de porter le maillot de l'Équipe de France. Qui sait ce qu'il se serait passé si j'avais pu porter le maillot frappé du coq ? »

SON STYLE DE JEU

« J'ai évolué à de nombreux postes mais à Paris, c'est en tant que défenseur latéral que j'ai véritablement performé. C'est Jean-Luc Vasseur qui m'avait repositionné dans ce rôle en U16 Nationaux, je l'ai pourtant accepté à contrecœur ! Je ne pensais qu'au football-plaisir et je revendiquais le fait de jouer au milieu de terrain. Latéral droit, ce n'était pas très glamour à mes yeux, alors qu'un numéro 10 attire davantage les regards ! Je lui en ai longtemps voulu mais avec le recul, il fallait bien avouer qu'il avait raison car j'étais vraiment fait pour ce poste. J'étais très endurant et puissant, un peu au-dessus de mes adversaires physiquement, et bon défenseur lorsque j'étais à mon meilleur niveau. En U19, le coach David Bechkoura aimait bien l’impact physique. On a eu le temps de bien se connaître, il aimait bien mon agressivité et le fait que je ne lâche jamais rien. J’ai beaucoup appris des deux coaches qui m’ont notamment aidé à accepter les critiques. Au fil des années, le foot a évolué et moi avec. Je suis devenu également un bon contre-attaquant. C'est dans ce type de moment qu'il faut être bien entouré pour nous ramener les pieds sur terre. Avec davantage de travail et d'écoute, j'aurais sûrement mieux appréhender mon apprentissage. »

SES COÉQUIPIERS LES PLUS TALENTUEUX

« Je vais citer Abdelrafik Gerard, qui était un joueur à la technique incroyable... Il savait tout faire des deux pieds ! Jimmy Kamghain était un attaquant rapide, technique et élégant. Sans ses blessures, il aurait tant mérité d'évoluer au plus haut niveau. Mais celui qui m'a le plus impressionné, c'est le double Titi d'Or Kingsley Coman ! Je n'ai jamais vu un joueur aussi rapide que lui ballon au pied. Il n'était pourtant pas très grand, mais il était si puissant. Lorsque je me retrouvais à défendre sur lui lors des entraînements, je savais que j'allais me retrouver sur les rotules à la fin de la séance tellement il mettait de l'intensité. La suite de sa carrière n'a fait que confirmer mon admiration pour lui, pourtant plus jeune que moi de trois ans ! »

SON DERNIER MATCH EN ROUGE ET BLEU

« C'était un PSG-Auxerre en CFA, lors duquel nous avions perdu (3-2) au Camp des Loges, en mai 2013. J'avais remplacé Sébastien Atlan pour jouer la seconde période. C'est le talentueux Sébastien Haller qui avait marqué le but victorieux dans le temps additionnel. En face, il y avait des joueurs comme Calvet, Jullien, Castelletto, Kilic... À mes côtés, il y avait Diaw, Ikoko, Sabaly, Conté, Coulibaly... Que des joueurs qui ont évolué par la suite au plus haut niveau ! Affronter des joueurs aguerris nous a permis de devenir plus malins et de gagner en expérience. Même lorsqu'on allait jouer en province, il s'agissait du match de l'année pour les clubs locaux. Disputer des derbys contre Aubervilliers, Drancy ou bien Alfortville, ça forge un joueur ! Avant cet ultime match avec Paris, nous avions également joué au Stade de la Meinau contre le RC Strasbourg, qui était alors en pleine reconstruction. De beaux souvenirs que je souhaite de vivre aux actuels Espoirs du club afin de parfaire leur post-formation. »

SON AMOUR POUR PARIS

« J'ai vécu des années inoubliables à Paris, des expériences uniques. J'y ai joué durant douze ans, ça ne peut pas s'effacer comme ça. Je suis un supporter du club au plus profond de moi-même ! Mon humeur quotidienne est rythmée en fonction des résultats de l'équipe professionnelle. Je suis d'ailleurs content de voir que les Titis ont du temps de jeu, c'est important de s'appuyer sur les jeunes du club. J'ai tissé de solides amitiés avec mes potes de formation, et ça n'a pas de prix. Paris m'a construit aussi bien en tant qu'homme qu'en tant que footballeur. Je n'ai aucun regret, au contraire, je n'ai que de belles histoires et de belles anecdotes à raconter sur mon passage en rouge et bleu ! »

SON ACTUALITÉ

« Ma carrière de footballeur professionnelle est désormais derrière moi. J'ai tourné le dos au football par fierté, frustration, colère, tristesse... car c'est en Ligue 1 que j'espérais évoluer un jour. Je pense malgré tout avoir abandonné trop tôt, car je n'ai pas accepté de ne plus évoluer avec les meilleurs. Je me suis mis à l'écart de la planète football pendant plusieurs années car j'avais besoin de me reconstruire moralement et financièrement. Je suis devenu père de deux petites filles. Elles m'ont ouvert les yeux sur beaucoup de choses. J'ai dorénavant pour projet professionnel d'accompagner des jeunes footballeurs en devenir, afin que mon échec puisse leur servir afin de ne pas commettre certaines erreurs. »

PROFIL :

Date de naissance : 3 février 1993
Lieu de naissance : Saint-Germain-en-Laye (Yvelines)
Poste : défenseur

Clubs successifs : ES Sartrouville (1999 à 2001), Paris Saint-Germain (2001 à 2013), Racing Santander (2013 à 2014), AS Poissy (2014 à 2015), RC Arbaa (2015 à 2016), FCM Aubervilliers (2016 à 2017), FC Martigues (2017), FCM Aubervilliers (2018 à 2020), Houilles AC (2018 à 2019, prêt)
Palmarès avec les jeunes du Paris Saint-Germain : champion de France U19 (2010 et 2011), vice-champion de France U17 (2010)
Équipe d'Algérie : U20 (1 sélection)