Rémy Descamps : « Un gardien peut également apprendre des joueurs de champ »

Interviews

Comme chaque semaine, PSG.FR retrouve un ancien joueur passé par le Centre de Formation du Paris Saint-Germain. Aujourd'hui, l’actuel gardien de but de Nantes, passé par le club de la capitale entre 2013 et 2019, revient sur ses années de formation en Rouge et Bleu.

Rémy, tu as porté le maillot du Paris-Saint-Germain de 2013 à 2019 (dont deux prêts à Tours et Clermont). Quels sont tes meilleurs moments vécus en Rouge et Bleu ?

« Chronologiquement, je vais débuter par notre très beau parcours réalisé en Coupe Gambardella lors de la saison 2014-2015. Nous avions atteint la demi-finale, malheureusement nous nous étions inclinés face au FC Sochaux de Marcus Thuram (1-3), futur vainqueur de la compétition. En quart de finale, nous avions pourtant battu l’Olympique de Marseille sur son terrain, ce qui nous laissait espérer atteindre la finale. Ce revers fut toutefois bénéfique pour mieux appréhender la Youth League la saison suivante. Nous avons réalisé une superbe épopée, ponctuée par une finale perdue face à Chelsea (1-2). Lors de cet ultime match, nous manquons un penalty en première période qui aurait certainement changé la physionomie de la rencontre. C’est l’histoire du football ! J’ai également en tête mes tous premiers pas au sein du groupe professionnel lors d’un stage de présaison en Autriche, en juillet 2016. J’avais eu l’occasion d’être sur le banc de touche lors de la victoire face au Wiener SK (3-0). Mike Maignan était en instance de départ, j’ai donc eu la possibilité d’être promu. J’ai profité des conseils dispensés par Kevin Trapp, Salvatore Sirigu, puis Alphonse Areola et par la suite Gianluigi Buffon. J’ai également eu la chance d’être gardien numéro 3 lors de prestigieuses rencontres de Champions League, notamment au Camp Nou (FC Barcelone), à Santiago-Bernabéu (Real Madrid), au Celtic Park (Celtic Glasgow) ou bien à l’Emirates Stadium (Arsenal). Même si l’espoir de disputer la rencontre était mince, j’ai grappillé le moindre détail pour enrichir mon approche de la compétition. »

Tu as signé ton premier contrat professionnel le 17 mai 2016. Quelles images te reviennent à l’esprit ?

« J’ai ressenti énormément de fierté. Lorsqu’on est apprenti footballeur, on réalise beaucoup de concessions tout au long de notre jeunesse. Ce contrat a confirmé que j’avais fait le bon choix en partant de chez moi très jeune, pour privilégier cette voie. Ce n’est jamais gagné d’avance, car il n’y a aucune garantie d’y parvenir. Ce n’était pas un aboutissement, mais plutôt le début d’une nouvelle histoire. C’était surtout la récompense d’une formation aboutie, pour moi, pour mes proches et pour mes entraîneurs. Une fois ma signature apposée, je savais qu’il fallait redoubler d’efforts pour atteindre le plus haut niveau et surtout y durer. »

Ton poste de gardien de but est-il vraiment à part ?

« Tout petit, j’ai senti que j’avais des facilités pour évoluer à ce poste. J’adorais plonger… plutôt pratique pour un gardien de but ! Je ne me sentais pas dans l’apprentissage d’un poste, car j’avais la sensation d’être moi-même. Mais il est vrai, que le gardien de but a besoin d’être dans sa bulle pour mieux appréhender un match. Il faut prendre des bonnes décisions en une fraction de seconde. Il faut parfois être joueur de champ en évoluant dans une position plus avancée, mais il faut aussi savoir bien lire les trajectoires aériennes, être explosif pour assurer une bonne sortie dans les pieds d’un adversaire… Ce poste requiert beaucoup de qualités que l’on travaille lors d’ateliers spécifiques. Ce poste évolue tout le temps. Par exemple, les gardiens de but allemands ont vraiment fait évoluer le poste ces dernières années en ce qui concerne les face-à-face. Sur le plan de la communication, les gardiens ont une démarche plus pédagogique basée sur l’encouragement que par le passé où ils recadraient parfois sévèrement leurs coéquipiers. »

Quels étaient tes modèles lorsque tu étais plus jeune ?

« Je n’avais pas de modèle en particulier. Etant très observateur, je n’ai pas hésité à puiser des qualités chez bon nombre de gardiens de but. J’aime la grinta de Gianluigi Buffon, les arrêts d’Edwin van der Sar, la détente de Bernard Lama… Je me suis inspiré d’un panel de joueurs et non d’un seul. »

Vous êtes cinq anciens Titis au sein du groupe professionnel du FC Nantes (Jean-Kévin Augustin, Sébastien Corchia, Kalifa Coulibaly et Roli Pereira de Sa) et si l’on ajoute votre entraîneur Antoine Kombouaré, il règne comme un air Rouge et Bleu du côté de la Jonelière cette saison ! De quoi faciliter ton intégration lors de ta venue l’été dernier ?

« En effet, le monde du football n’est pas si immense que l’on peut le dire ! Évoluer avec quelques anciens coéquipiers du Paris-Saint-Germain est un privilège, cela a facilité mon intégration. Je me souviens qu’en U19, nous nous demandions où est-ce que nous jouerions dans quelques années, au cas où nous deviendrions professionnels. Vivre cette expérience ensemble au plus haut niveau est tout simplement fabuleux. Même si notre statut évolue au fil du temps, notre passion pour le football est toujours aussi intacte. Avec du recul, ça peut paraître bizarre de signer des autographes ou bien de faire des selfies, mais il n’y a pas si longtemps nous étions à la place des supporters. On se doit de donner une bonne image pour répondre aux attentes. On aide notre club du mieux possible pour le faire avancer. »

Pour clore notre entretien, quels conseils peux-tu donner aux gardiens du Centre de Formation du Paris-Saint-Germain qui vont intégrer le groupe professionnel ?

« Évoluer chez les jeunes n’a rien à voir avec le niveau professionnel. Il faut être performant le plus régulièrement possible, chaque détail compte. Il faut mettre de côté ses émotions, car il y a toujours une certaine appréhension lorsqu’on côtoie pour la première fois des joueurs célèbres. Un gardien de but peut également apprendre des joueurs de champ. Au Paris-Saint-Germain, je me souviens avoir beaucoup observé Maxwell, Thiago Motta et Zlatan Ibrahimovic pour leur façon de pensée, leur attitude, leur manière de s’exprimer. Il faut vivre sa formation et non la subir. Les Titis ne doivent pas avoir peur de montrer qui ils sont, car ils ont tout à gagner. Ils doivent faire preuve de caractère, pour ne pas être considérés comme de simples figurants. S’ils sont conviés aux entraînements du groupe professionnel, c’est qu’ils possèdent de réelles qualités. Croyez en vous ! »

PROFIL :

Date de naissance : 25 juin 1996
Lieu de naissance : Marcq-en-Barœul (Nord)
Poste : gardien de but
Clubs successifs : Verlinghem Foot (2002), LOSC Lille (2002 à 2010), Tarbes PF (2010 à 2011), Clermont Foot (2011 à 2013), Paris Saint-Germain (2013 à 2019), Tours FC (prêt en 2018), Clermont Foot (prêt, 2018 à 2019), Charleroi SC (2019 à 2021), FC Nantes (depuis 2021)
Palmarès avec les jeunes du Paris Saint-Germain : Finaliste de l'UEFA Youth League (2016)