Record pour Teddy Riner, retour en or pour Romane Dicko

Les deux médaillés de bronze des derniers Jeux olympiques de Tokyo n’ont pas fait de détail dimanche à l’AccorArena pour disposer de leurs adversaires et finir la journée avec une Marseillaise reprise en cœur par le public français. Une scène que tous espèrent revivre cet été.

« Même si je me suis engagé tard sur ce tournoi, c’était important de venir combattre à Paris, parce qu’il s’agit d’une bonne répétition par rapport à ce qui m’attend le jour J. » En l’occurrence le 2 août 2024, septième jour du tournoi olympique qui verra l’entrée en lice des +100kg, une date qui est depuis de longs mois la seule à compter dans l’esprit de Teddy Riner. Six mois plus tôt donc, le colosse aux onze titres mondiaux a donc pu faire le point sur sa progression, commençant au petit trot en matinée – victoire aux pénalités contre le Kazakhstanais Galymzhan Krikbay – avant de mettre la machine progressivement en route. Le Sud-Coréen Youn Jaegu, troisième ici-même l’an passé, s’envolait dès la première attaque – en ashi-guruma (roue autour de la jambe) – du Français, prompt à contrer les tentatives de l’Allemand Losseni Kone pour le punir en deux temps lors de leur quart de finale.

Teddy Riner (février 2024)

Au regard du plateau proposé chez les lourds sur ce rendez-vous, c’est la finale avant l’heure qui allait se dérouler en demie, avec l’Ouzbek Alisher Yusupov, tête de série n°1, à dompter. Celui qui avait fait trembler l’AccorArena l’an dernier sur un arraché qui avait déraciné Riner (en vain puisque sa technique était illicite), et qui menait d’un waza-ari en décembre dernier du côté de Belgrade lors de la Champions League, remettait ça avec un contre en bordure d’abord comptabilisé ippon avant l’intervention de l’assistance vidéo. Le coup était passé si près que Riner appuyait sur l’accélérateur pour égaliser d’un uchi-mata dévastateur. Ne restait plus qu’à conclure en relançant à nouveau sa hanche entre les jambes de son opposant, qui tentait le tout pour le tout en tentant un nouveau contre. C’était pourtant bien lui qui entrait le premier en contact avec le tapis et laissait filer Riner en finale contre le Sud-Coréen Kim Minjong, deux médailles mondiales seniors au compteur à seulement vingt-trois ans. Désireux de ne pas subir le combat, il multipliait les attaques, mais le Parisien gardait le contrôle pour mieux saisir l’opportunité d’un grand fauchage intérieur en tout début de golden score.

Teddy Riner (février 2024) 2

Il pouvait alors mimer le décompte de ses victoires parisiennes, jusqu’au chiffre 8, total qu’il est le premier à atteindre après son six à la suite de 2008 à 2013 et sa victoire de l’an passé. Un record qui ne lui a pas fait perdre de vue la raison de son passage dans l’arène des bords de Seine. « On commence bien l’année, avec de bonnes sensations, mais il faut garder les pieds sur terre. C’était bien, mais il manque encore des choses, des solutions tactiques sur des profils que j’ai pu affronter ce dimanche, encore davantage de travail au sol. Monter sur ce tapis m’a permis de voir où je me situais par rapport à la concurrence internationale, et ce sur quoi je dois continuer de travailler. » Selon toute vraisemblance, le champion Rouge et Bleu s’alignera le 31 mars prochain sur le Grand Chelem d’Antalya en Turquie.

Romane Dicko (février 2024) 1

Si la fête fut belle et totale en clôture de ce cinquantième Grand Chelem de Paris historique – six titres pour l’équipe de France sur quatorze catégories, une première depuis 1991, c’est également grâce à la nouvelle démonstration de force de Romane Dicko (+78kg). Quarante-trois secondes pour clouer au sol la Tunisienne Zeineb Troudi, puis cinquante-et-une pour voir la Vénézuélienne Amarantha Urdaneta, totalement dépassée dans l’impact, récolter sa troisième pénalité fatidique, avant une demie réglée à nouveau à coup de sanctions contre sa rivale nationale Léa Fontaine en à peine plus de deux minutes. De quoi lui permettre d’atteindre la finale en parfaite condition physique, en plus d’une motivation toute trouvée face à la Turque Kayra Ozdemir, victorieuse de leurs deux derniers affrontements. De match, il n’allait cette fois pas y en avoir car la quadruple championne d’Europe imposait son ashi-guruma dès la première séquence, avant d’enchaîner sur une immobilisation contre laquelle son adversaire ne pouvait résister.

Romane Dicko (février 2024)

Comme en 2020, c’est bien Romane Dicko qui pouvait saluer le public acquis à sa cause avec un large sourire, le sentiment du devoir accompli et la perspective d’attaquer la suite de la préparation en tant que n°1 mondiale de la catégorie. « C’était une bonne chose de remettre les pendules à l’heure, face à cette combattante, et je suis contente de voir que le travail mis en place sur son profil a payé. Je demeure toujours en apprentissage, car il ne faut pas oublier que je suis encore jeune, et cela va encore passer par quelques répétitions en tournoi en amont des Jeux pour pouvoir encore hausser mon niveau et espérer décrocher deux titres olympiques (en individuel et par équipes mixtes) cet été. Cette quête d’excellence est continuelle et cette victoire, même si elle génère beaucoup de positif et de confiance, ne doit pas me faire perdre de vue l’objectif final. »

Audrey Tcheuméo (février 2024)

Un objectif final derrière lequel vont devoir encore continuer de courir Audrey Tcheuméo (-78kg) et Alexis Mathieu (-90kg), respectivement battus en repêchages et au troisième tour et qui ont tous les deux vu un autre compétiteur français terminer la journée avec du bronze autour du cou.

Alexis Mathieu (février 2024)

Le double médaillé en Masters aura une nouvelle carte à jouer dans deux semaines au Grand Chelem de Bakou, tandis que la vice championne du monde 2023 attend encore la date et le lieu de sa prochaine sélection nationale. Dans cette même catégorie des mi-lourdes, la championne de France 2023 Lyse Versmisse n’aura eu le droit qu’à un combat à se mettre sous la dent pour sa première apparition à ce niveau de compétition, mais l’expérience ne pourra lui être que profitable pour les mois qui viennent.

Lyse Versmisse (février 2024)