Préparation studieuse pour les Parisiennes

En stage dans le Lot pendant une dizaine de jours avec l’équipe de France féminine, les sélectionnées Rouge et Bleu pour les championnats d’Europe et du monde qui approchent à grands pas, mais aussi pour les Jeux olympiques de cet été, ont pu répéter leurs gammes dans un cadre idéal.

Posé au bord du Lot, le complexe sportif de La Base à Temple-sur-Lot frappe immédiatement par son calme et son cadre apaisant. Un lieu d’entraînement apprécié de l’équipe de France de judo, en plein cœur du sud-ouest de la France, où l’encadrement féminin a décidé d’organiser pendant dix jours un stage national afin de préparer les championnats d’Europe (25-28 avril à Zagreb en Croatie), les championnats du monde (19-24 mai à Abou Dhabi aux Émirats Arabes Unis) mais aussi de commencer à préparer les titulaires olympiques (27 juillet-3 août).  
Stage Temple-sur-Lot (avril 2024)Lors de la séance fixée à neuf heures trente ce lundi matin, le salut était à peine effectué que le responsable de l’équipe féminine, Christophe Massina, annonçait la titularisation d’Audrey Tcheuméo (-78kg) pour les championnats d’Europe. La vice championne du monde 2023 rejoint ainsi Faiza Mokdar (-57kg), Priscilla Gneto (-57kg) et Margaux Pinot (-70kg), déjà titulaires pour l’événement continental. Pour ces quatre-là comme pour les olympiennes Amandine Buchard (-52kg), Marie-Ève Gahié (-70kg) et Romane Dicko (+78kg), c’est une session très intense qui figure au programme, avec deux combats très courts enchaînés sans pause sur un mode « golden score », dans une surface de compétition (huit mètres sur huit). Cinq minutes de repos entre chaque passage pour, au total, une bonne dizaine de combats. L’objectif de cette séance ? Être constamment sur l’attaque, faire tomber son adversaire. Et si Audrey Tcheuméo est exemptée d’entraînement – la double médaillée olympique a beaucoup travaillé sur le plan physique depuis le début du stage, les six autres combattantes du club de la capitale enchaînent les affrontements sans se ménager.

Amandine Buchard (décembre 2023)

À l’image d’Amandine Buchard, vice championne olympique de Tokyo et championne d’Europe en titre qui cherche puis, finalement, trouve la solution face à un cadet masculin du pôle espoirs de Toulouse grâce à son arme fétiche, un kata-guruma (roue autour des épaules, NDLR) que son jeune adversaire subira même plusieurs fois en toute fin de combat. Une Amandine Buchard visiblement très sereine et dont le plaisir à pratiquer saute aux yeux, comme elle l’explique à la fin de la séance. « C’est un stage qui fait énormément de bien. D’abord parce que nous sommes dans un autre cadre que celui de notre quotidien. Ici, nous sommes dans la nature, entourées de verdure. Ensuite, je trouve que le programme a été très bien pensé, en fonction des échéances de chacune. Pour ce qui me concerne, j’ai été à 100%, aussi bien sur les entraînements que sur la préparation physique. Enfin, les partenaires d’entraînement sont au top, car ils s’adaptent exactement à ce qu’on attend d’eux en matière d’opposition. »
Sur le même tapis, en alternance avec elle, Priscilla Gneto utilise avec efficacité ses mouvements de jambe pour projeter et suivre en immobilisation, comme l’en félicite l’entraîneur national. Victorieuse du Grand Chelem de Tashkent début mars, la titulaire des -57kg pour les championnats d’Europe appuie les dires de sa partenaire de club. « C’est un long stage, avec des séances de judo qui sont dures physiquement, mais nous avons aussi des plages de repos. C’est parfait pour arriver au top dans deux semaines à Zagreb. » Également titulaire en Croatie à la fin du mois dans cette même catégorie des -57kg, Faiza Mokdar ne lâche rien non plus, alors que ses adversaires ne la ménagent pas. Dure au mal, la médaillée d’or du Grand Chelem de Paris, où elle battit les trois dernières championnes du monde en titre, ne dévie pas de son optique de travail : « automatiser des points précis sur ma garde et perfectionner encore et toujours mon système d’attaque. Ce seront mes premiers championnats d’Europe seniors. Je suis très motivée ! D’autant plus qu’une bonne performance pourrait me permettre de participer aux championnats du monde. »

Marie-Ève Gahié (février 2024)
Sélectionnée pour les Jeux olympiques en -70kg, la championne d’Europe en titre Marie-Ève Gahié, toujours aussi concentrée qu’impactante avec ses mouvements de hanche et de jambes, se focalise, elle, plutôt sur l’aspect physique. « Car nous avons fait beaucoup de judo lors du stage au Japon il y a quelques semaines. » De l’autre côté du tatami, Romane Dicko a fort à faire avec de jeunes cadettes et juniors : la puissance et l’expérience du kumikata de la quadruple championne d’Europe seniors sont des armes précieuses face à des combattantes déjà aguerries au niveau international, certaines de ces jeunes judokas étant déjà championnes d’Europe ou du monde cadettes ! Une opposition particulièrement dense et punchy pour la médaillée de bronze olympique de Tokyo en +78kg qui bénéficie d’une adversité presque unique au monde.

Margaux Pinot (février 2024) 1Margaux Pinot, enfin, affûte ses mouvements d’épaule et son fameux ko-uchi-makikomi (petit fauchage intérieur en sacrifice, NDLR). Une variété technique qui sert la médaillée de bronze du Grand Chelem de Paris en -70kg, car même si la fatigue est là, la palette de la championne olympique par équipes lui permet de surprendre lors de cette séance. « Je suis très content, car il n’y a pas eu de bobo sur ce rassemblement, glisse avec soulagement Damiano Martinuzzi, responsable du haut niveau et toujours très attentif à chacune de ses protégées, qui pourront faire relâche en cette fin de semaine avant de retrouver le dojo du club dès lundi prochain.