Premier titre continental pour Marie-Ève Gahié

Au terme d’une journée parfaite d’engagement et de concentration, la Parisienne de vingt-cinq ans débloque son compteur d’or européen trois ans après son sacre mondial de Tokyo.

Tête de série n°5 au coup d’envoi de cette journée, Marie-Ève Gahié aura eu besoin d’un combat pour se mettre en jambes. Face à la jeune Italienne Irene Pedrotti, finaliste des derniers championnats d’Europe -23 ans, elle ne trouvait en effet pas de solution technique et poursuivait finalement sa route qu’après la troisième pénalité concédée par son adversaire lors du golden score. Quasiment six minutes de combat qui allaient tout bonnement lancer la compétition de la dixième mondiale, impeccable pour envoyer sur le dos l’Ukrainienne Nataliia Chystiakova, championne d’Europe juniors 2021, et se mesurer en quarts à sa rivale Margaux Pinot, quadruple finaliste de l’épreuve et victorieuse des éditions 2019 et 2020. Un duel sur lequel la Parisienne s’avançait avec sérieux, dominant le duel de kumikata jusqu’à ce que l’arbitre ne pénalise une première fois sa compatriote. Bien dans son schéma, la championne du monde 2019 ne se souciait guère du shido (pénalité) qu’elle recevait en même temps que Pinot et, sur une fausse attaque de cette dernière après six minutes trente secondes d’opposition, c’est bien elle qui ralliait le dernier carré de la compétition. Pour faire mieux que ses deux médailles de bronze glanées en 2017 et 2020, il lui fallait alors dominer la Néerlandaise Hilde Jager, celle-là même qui l’avait éliminée dès son entrée en lice des derniers championnats du monde.

Marie-Ève Gahié (avril 2022) 2

Mais Marie-Ève Gahié n’est plus tout à fait la même depuis cette dernière confrontation et, deux projections plus tard, c’est bien elle qui s’invitait en finale contre l’autre Batave de la catégorie, Sanne Van Dijke, impressionnante en 2021 avec son titre continental et ses premières médailles mondiale et olympique. Bien que battue lors de leurs quatre dernières confrontations – en quarts du Grand Chelem de Tel-Aviv de février dernier notamment – depuis 2018, la judoka Rouge et Bleu s’appliquait à mener les débats à la saisie et, sur un enchaînement conclu d’un mouvement d’épaule, elle marquait waza-ari après seulement trente-huit secondes de combat. Un avantage qu’elle conservait en restant constamment sur l’attaque, également prompte à enchaîner au sol pour voir le chronomètre défiler en sa faveur. Jusqu’au gong final, qui lui assurait à vingt-cinq ans un titre pour le moins savoureux, parfait pour lancer cette olympiade qu’elle souhaite bien évidemment conclure par une sélection olympique à Paris.

« C’est un vrai plaisir de voir Marie-Ève revenir au top comme ça, salue Nicolas Mossion, directeur technique du PSG Judo. Elle signe une très belle journée, dans un championnat difficile, notamment au regard des trois dernières combattantes rencontrées. Cette finale constitue un véritable combat référence, avec ce score acquis très vite – sur un mouvement d’épaule que l’on commençait à voir venir à l’entraînement – et parfaitement tenu jusqu’au bout des quatre minutes. Il y a encore quelques mois, quand Marie-Ève n’avait plus totalement confiance en ses moyens, rien ne dit qu’elle aurait su gérer aussi bien ce scénario. Sa victoire au Grand Chelem d’Antalya en début de mois lui a permis de chasser les doutes et de se présenter en Bulgarie avec des certitudes quant à son judo, qu’elle continue de structurer semaine après semaine. Sur ces championnats, malgré quelques petites phases de relâchement, elle s’est montrée très rigoureuse au niveau des mains, sans jamais se démunir à mesure que les combats duraient. Et c’est ce qui lui offre ce titre aujourd’hui. »

Troisième et dernière chance de médaille pour le PSG Judo ce dimanche avec l’entrée en lice de Romane Dicko, déjà couronnée à deux reprises sur ces championnats d’Europe, en 2018 et 2020.