Pierre Ducrocq : « Paris, c’est mon club ! »

Comme chaque semaine, les médias du club retrouvent un ancien joueur passé par le Centre de Formation du Paris Saint-Germain. Direction le Camp des Loges, où il est venu se ressourcer, pour prendre des nouvelles de l’ex-Titi Pierre Ducrocq (génération 76), qui revient sur son actualité et sur ses années parisiennes.

Pierre, te souviens-tu de ton arrivée au Paris Saint-Germain ?

« Ça date, mais oui je m’en souviens très bien. C’est le genre de moment que l’on ne peut oublier lorsqu’on est un gamin passionné de football. Ça reste ancré dans ma mémoire pour la vie. J’ai quitté l’AS Saint-Ouen l’Aumône pour signer au Paris Saint-Germain en moins de 15 ans afin de jouer le week-end, car j’avais intégré en parallèle l’INF Clairefontaine où il n’y avait pas d’équipe. On était la semaine là-bas et on jouait dans nos clubs le week-end. Mes parents ne m’ont pas lâché vis-à-vis de l’école, mais le foot devenait sérieux. Mon adaptation s’est très bien déroulée parmi les Titis. J’ai d’ailleurs été sélectionné en Equipe de France dès ma première saison. »

Pourquoi avoir opté pour Paris ?

« Tout simplement parce que c’est mon club ! Certes il y avait le côté pratique avec la proximité de mes parents, mais le fait de passer tout le temps devant le Camp des Loges, dans la forêt de Saint-Germain, me fascinait au point de vouloir y jouer. Pourtant Sochaux, Monaco, Auxerre, le Matra-Racing me voulaient. J’ai fait un test à Sochaux mais je n’avais pas envie d’aller là-bas. J’ai signé au PSG sans aller voir quoi que ce soit car c’était le club de ma ville, même si j’étais un banlieusard et que je n’avais pas encore été au Parc. Une fois vêtu du maillot rouge et bleu, j’ai croisé Joël Bats, Luis Fernandez, Safet Susic... J’avais des étoiles dans les yeux ! Très vite ça devient mon club. J’y étais heureux. Je me suis fait plein d’amis de ma génération : Grégory Paisley, Didier Domi, Djamel Belmadi… On était entre potes, chez nous. Greg par exemple c’est mon meilleur ami. On a toujours été très proche et on l’est encore aujourd’hui. Et puis il y a aussi tous ceux qui n’ont pas réussi et que je revois toujours lors des rassemblements organisés par l’Association des Titis du PSG. L’esprit familial était très présent. Il nous a lié à vie. »

Quels sont tes principaux souvenirs vécus avec les jeunes du club ?

« Je n’ai malheureusement pas remporté de trophée majeur avec Paris chez les jeunes. Nous avons atteint la demi-finale des playoffs en U15 Nationaux, sous la coupe de Dominique Leclercq, mais Le Havre nous a éliminé. Je me rappelle surtout de mes premiers matches disputés avec l’équipe réserve du club en National 2. A 17 ans, je me suis retrouvé aux côtés de joueurs comme Didier Angan, Christophe Soliveres, Peter Sampil, Bernard Allou, qui étaient des exemples pour tous les jeunes du Centre de Formation. Le public mettait une belle ambiance lorsqu’on jouait à domicile. C’était des vrais matches d’hommes qui m’ont permis de m’aguerrir. Il régnait également une très bonne entente en dehors du terrain. Je n’oublierai jamais cette soirée lorsque les pros ont battu le Real Madrid (4-1, le 18 mars 1993). Nous étions logés à Rueil-Malmaison car le Centre de Formation actuel était encore en construction. Nous avons fait une fête complètement dingue dans la salle de kiné qui nous servait aussi de salle de télévision. Nous étions si heureux de voir nos idoles réaliser cet exploit ! »

Après avoir franchi toutes les étapes lors de ton cursus de Formation, tu as disputé 148 matches avec l’équipe professionnelle. Quels sont les ingrédients qui t’ont permis d’atteindre le plus haut niveau ?

« Le travail, rien que le travail, même si nous avons bien rigolé au Centre de Formation. Il fallait vraiment que je sois très malade ou bien blessé pour manquer une séance d’entraînement. J’étais loin d’être le plus doué techniquement voire même physiquement, mais par contre je me donnais tout le temps à fond lors de chaque exercice. J’étais conscient également qu’il fallait adopter une bonne hygiène de vie. Par exemple, je n’accompagnais quasiment jamais mes potes de lycée qui faisaient la fête chaque week-end. A cette époque, nous n’avions pas de travail individualisé comme il existe aujourd’hui. Il était donc important de savoir se prendre en main pour être performant. Je me suis également très bien entouré pour savoir faire les bons choix. Les sollicitations sont tellement nombreuses lorsqu’on débarque dans le groupe pro. »

Tu jouais en tant que milieu défensif, une sorte de travailleur de l’ombre. As-tu ressenti parfois de la frustration ?

« A l’époque, je ne me posais pas de question car c’était un plaisir pour moi de cavaler dans tous les sens et de récupérer le ballon dans les pieds des adversaires. Le jeu long était un peu plus présent, et comme j’adorais faire de belles passes ça m’allait. Par contre, j’aurais sûrement été davantage frustré de ne pas être milieu défensif dans le football actuel car les joueurs se projettent un peu plus vers l’avant. Auparavant, il y avait un milieu défensif et deux milieux offensifs. A mon poste, on devait se contenter des tâches défensives. Les dispositifs et les consignes ont évolué avec le temps, c’est générationnel. »

Le Titi d’Or 2022 n’est autre que Warren Zaïre-Emery, milieu de terrain tout comme toi… 

« Warren a une qualité, c’est d’en avoir pleins ! Il est super complet. Il peut jouer à tous les postes du milieu de terrain. Il possède une bonne technique et d’excellentes qualités athlétiques. Il tient bien sur ses jambes lorsqu’il est amené à être au duel. Il a des prises de balle qui sont dignes du plus haut niveau. Je ne le connais pas personnellement, mais si ce garçon est déjà présent dans le groupe pro aussi jeune c’est qu’il travaille avec sérieux. A chaque fois que le coach a fait appel à lui, il s’est montré à son avantage. »

Les U19 Nationaux dirigés par Zoumana Camara se sont qualifiés pour la finale des Playoffs après avoir battu l’Olympique de Marseille !

« J’ai suivi cette rencontre avec intérêt. Je suis très content pour Papus et les Titis. Battre l’OM donne une saveur particulière à cette performance. Je leur souhaite sincèrement d’aller jusqu’au bout. J’ai surtout adoré la manière dont le groupe a fêté cette victoire, avec tous les supporters présents. C’était très beau à regarder. Les jeunes ont eu conscience de l’apport de leur public. C’est important de préserver cette fibre rouge et bleu. »

Le Paris Saint-Germain a également remporté son 11e titre de champion de France de Ligue 1, ce qui constitue un record national ! Fantastique n’est-ce pas ?

« C’est magnifique, il ne faut surtout pas le banaliser. Le club a su faire du bon travail tout au long de l’année, avec régularité. Certaines choses peuvent toujours être améliorées, mais l’essentiel est que l’équipe reste compétitive. »

Peux-tu nous faire part de ton actualité ?

« Je suis conseiller sportif depuis 10 ans. J’accompagne des joueurs professionnels tout au long de leur carrière afin de répondre à leurs attentes pour qu’ils se sentent les plus épanouis possible. En parallèle, je développe notre réseau avec les clubs et les dirigeants, en France comme à l’étranger. C’est beaucoup de travail au quotidien. Je jongle entre les coups de téléphone, les mails et les déplacements. Je suis amené à visionner et à assister à beaucoup de matches. Quand l’un de mes protégés affronte Paris, le match s’annonce toujours difficile ! Je croise les doigts pour que la soirée se passe au mieux, même si voir Paris gagner ne me déplaît pas non plus. »

Pour clore notre entretien, envers qui es-tu le plus reconnaissant ?

« Mes remerciements vont vers tous les éducateurs qui m’ont transmis de bonnes valeurs pour atteindre le plus haut niveau et surtout y perdurer. J’ai une affectueuse pensée pour Dominique Leclercq, Paul Jurilly, Jacques Jarry, Rachid Khendek, Marc Collat et Patrick Liewig. Ils m’ont donné le goût du travail bien fait et avec sérieux. Ils m’ont permis d’acquérir les bagages nécessaires pour devenir autonome et affronter le monde pro avec confiance. J’embrasse également mes parents qui m’ont toujours soutenu. On oublie souvent le rôle des proches, mais sans leurs encouragements il est difficile d’atteindre des objectifs élevés. Dans le football, comme dans la vie de tous les jours d’ailleurs ! Alors, merci papa et maman. »

PROFIL

Date de naissance : 18 décembre 1976
Lieu de naissance : Pontoise (Val-d’Oise)
Poste : Milieu de terrain
Clubs successifs : AS Saint-Ouen-l’Aumône (1981 à 1989) – INF Clairefontaine (1989 à 1991) - Paris Saint-Germain (1989 à 2002) – Stade Lavallois (1996 à 1997/prêt) – Derby County (2001 à 2002/prêt) – Le Havre AC (2002 à 2007) – RC Strasbourg (2007 à 2009) – AO Kavala (2009 à 2011).
Palmarès avec le Paris Saint-Germain : Vainqueur de la Coupe de France (1998) Vainqueur de la Coupe de la Ligue (1998) Vainqueur du Trophée des Champions (1995 et 1998) Finaliste de la Coupe de la Ligue (2000).
Equipe de France : U15 – U16 (12 sélections) – U17 (17 sélections, 1 but) – U18 (9 sélections, 1 but) – Militaire - A’ (3 sélections).