Pascal Nouma : « Paris, c'est ma vie ! »

Interviews

Comme chaque semaine, les médias du club retrouvent un ancien joueur passé par le Centre de Formation du Paris Saint-Germain. Direction la Turquie, à Istanbul où il réside, pour prendre des nouvelles de Pascal Nouma (génération 1972), qui revient sur son actualité et sur ses années parisiennes.

Pascal, comment s'est déroulée ta venue au Paris Saint-Germain alors que le club venait de fêter son tout premier titre de champion de France en 1986 ?

« Après avoir remporté un tournoi avec mon club de Rosny-sous-Bois lors duquel j'ai inscrit les deux buts lors de la finale, Marc Collat, le recruteur des jeunes du Paris Saint-Germain, avait laissé sa carte de visite à mes parents. Une semaine après, il était présent à mon domicile pour me faire part du grand intérêt de Paris. Je revois encore mon père m'appeler en sifflant de notre fenêtre alors que je me trouvais au pied de notre immeuble pour me demander de remonter urgemment. Malgré les louanges qui m'étaient destinées, je ne me voyais pas quitter mes potes du quartier. D'autres clubs s'étaient déjà manifestés et je n'avais pas donné suite. Devant l'insistance de mes parents, j'ai accepté la proposition du PSG et c'est ainsi que j'ai rejoint le tout premier Centre de Formation qui était situé avenue Foch, à Saint-Germain-en-Laye. En parallèle, je suivais mes cours au lycée international dans le centre ville. Mon adaptation fut compliquée car je suis passé de deux entraînements par semaine à un par jour ! Lors de la présaison, je ne marquais pas un seul but... C'était dur car j'étais fatigué, j'éprouvais de grandes difficultés à suivre le rythme. Avant le dernier match de préparation, le coach Jacques Jarry m'a demandé de marquer car sinon j'aurais été amené à rentrer chez moi. Intox ? Je plante deux buts, mon histoire était en marche ! »

Tu fais partie de l'effectif qui a remporté le tout premier titre de l'histoire du Centre de Formation, avec le Championnat de France Cadets glané en 1988 ! Quels sont tes souvenirs ?

« Il y a plus de 35 ans les amis, ça ne me rajeunit pas ! Pour être complètement honnête, il ne me reste que de vagues images. Je sais que chaque week-end, il fallait batailler dur pour s'imposer face aux autres équipes franciliennes qui, forcément, disputaient le match de l'année face à nous. J'avais marqué 28 buts lors de cette saison et mon compère d'attaque Marc Fourier (génération 71) en avait mis 39 ! Remporter un titre, qui plus est le tout premier de la formation parisienne, fut une grande fierté pour nous tous. »

Le 31 mai 1989, tu es passé tout proche de soulever la Coupe Gambardella...

« Tout proche, oui... Nous nous sommes inclinés face au Havre du regretté Christophe Revault, en lever de rideau du match Saint-Étienne - Nice, au Stade Geoffroy Guichard. Un stade mythique pour les jeunes joueurs que nous étions. Malheureusement, Christophe a stoppé ma frappe lors de la séance des tirs au but. Je revois mon tir placé sur sa gauche... On se connaissait depuis tout petit car il avait débuté le foot à Alfortville et nous nous étions affrontés à de nombreuses reprises lors des tournois sur Paris. Cette fois-ci, il avait remporté notre duel. Ce fut difficile à vivre sur le moment, mais mes potes m'ont aidé à me relever. Très vite je me suis remis au travail, même si je savais que ça resterait pour toujours dans les mémoires. La preuve, on en parle aujourd'hui ! »

Tes progrès ont vite été récompensés puisque tu as fait tes débuts en première division à tout juste 18 ans (le 4 février 1990 face à Lille, défaite 2-0). Raconte-nous tes premiers pas !

« Question souvenirs, je ne suis pas le meilleur élève ! Joël Bats dans le but, Safet Susic en meneur de jeu, Zlatko Vujovic en pointe... Des mecs que je ne voyais qu'à la télé ! J'étais forcément impressionné mais surtout très motivé à l'idée de jouer avec eux. Je me souviens davantage de ma troisième apparition en D1 contre Toulouse au Stadium, en fin de saison. J'ai remplacé le défenseur latéral droit Pierre Reynaud dès la 3e minute de jeu car il s'était déboité la clavicule. À cette époque, nous n'étions que trois remplaçants sur le banc de touche. Le coach Tomislav Ivic m'a appelé et m'a dit : "Petit, tout attaquant doit jouer au moins une fois défenseur pour marquer plus de buts par la suite !" Je me suis retrouvé face à des joueurs comme Gérald Passi et Beto Marcico, des stars de l'époque. J'ai d'ailleurs concédé un penalty sur le troisième but ! Score final, 4-1 pour eux... Je suis rentré au vestiaire avec la tête basse. Philippe Jeannol m'avait consolé comme un père avec son fils. Le coach ne m'en a pas trop voulu puisqu'il m'a permis de fouler la pelouse du Parc des Princes la semaine d'après en remplaçant Amara Simba contre Nice. Quelques minutes de pur bonheur sous les yeux des miens, avec là une victoire à la clé ! »

Question souvenirs, tu te défends remarquablement bien ! Allez, si on te dit PSG-Auxerre, à quoi penses-tu ?

« À notre victoire lors de la finale de la Coupe Gambardella en 1991, disputée à La Beaujoire en lever de rideau du match Nantes-OM. Rien que d'y penser, j'en ai des frissons ! Étant intégré dans le groupe pro, j'avais demandé à jouer cette rencontre avec mes potes du Centre de Formation. J'avais une revanche à prendre après celle perdue deux ans plus tôt. Cette fois, c'était face à l'AJ Auxerre, le meilleur Centre de Formation de France à l'époque. Allez, je me lance dans l'énumération du onze de départ : Dutruel, Boucher, Bonnot, Freidel, Boli, Dorado, Machefert, Desfeux, Allou et la doublette Fourier-Nouma. Bernard Diomède avait ouvert le score pour Auxerre, tandis que Bernard Allou avait égalisé. Rebelote, séance des tirs au but, mais avec une fin beaucoup plus heureuse ! Nous avions la sensation d'avoir remporté la Coupe du Monde tellement ce trophée avait une grande valeur aux yeux de tous les jeunes footballeurs de France. Le lendemain, nous étions passés dans la célèbre émission Téléfoot. Nous avions la sensation d'avoir vraiment marqué les esprits, comme si nous avions validé notre passage chez les pros. »

Tu fus ensuite prêté à Lille puis à Caen. De retour à Paris à l'été 1994, tu vas endosser avec une certaine réussite le rôle de doublure derrière le duo Weah-Ginola !

« C'est Luis Fernandez, tout juste nommé à la tête de l'équipe, qui a tout fait pour que j'intègre durablement son effectif. Paris était champion de France en titre ! Je venais d'effectuer une très bonne saison en Normandie sans pour autant penser qu'à mon retour, on m'accorderait une telle confiance. J'étais vraiment dans une bonne période, prêt à relever ce grand défi avec détermination. Le premier jour, je me suis retrouvé assis dans le vestiaire entre David Ginola et George Weah. Ils m'ont directement pris sous leur aile. J'ai vécu deux années de folie ! On a remporté la Coupe de la Ligue et la Coupe de France, et atteint les demi-finales de la Champions League lors de la première saison. Et puis l'apothéose fut la victoire en Coupe d'Europe des Vainqueurs de Coupe face au Rapid Vienne la saison suivante. Une dinguerie comme disent les jeunes d'aujourd'hui ! Le coup-franc de Bruno Ngotty d'une puissance phénoménale... Les principales images qui me viennent à l'esprit sont celles de tous les supporters si heureux lors de notre défilé sur les Champs-Élysées puis lors de la célébration organisée au Parc des Princes. Pendant une semaine, on a fait la fête tous les jours tellement nous étions fiers d'avoir ajouté cette prestigieuse ligne au palmarès du club. »

Quelle place le Paris Saint-Germain occupe-t-il dans ton cœur ?

« Paris, c'est ma vie ! Je n'ai jamais retrouvé une ambiance comme celle que j'ai connu au PSG. Il y avait une complicité et une solidarité entre tous les joueurs. Après chaque match, on se retrouvait tous chez l'un d'entre-nous. On organisait des soirées à thème ou bien on fêtait nos anniversaires. Nos familles s'entendaient à merveille. Les anciens étaient bienveillants envers nous, les jeunes issus du Centre de Formation. Je suis né à Paris, puis une seconde fois au Besiktas. Je me suis ensuite découvert à Lens, mais Paris, c'est Paris ! Du but de Weah face au Bayern Munich à celui de Djorkaeff contre La Corogne, du penalty de Rai que j'ai obtenu face à Parme en passant par mon but inscrit au Celtic Park, de toutes nos victoires au Parc des Princes qui ont fait soulever les virages à tous nos trophées remportés, j'emmène tout avec moi, à la vie à la mort ! »

PROFIL :

Date de naissance : 6 janvier 1972
Lieu de naissance : Épinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis)
Poste : attaquant

Clubs successifs : AS Saint-Gratien (1979 à 1984), STO Rosny-sous-Bois (1984 à 1986), Paris Saint-Germain (1986 à 1996), LOSC Lille (1992 à 1993, prêt), SM Caen (1993 à 1994, prêt), RC Strasbourg Alsace (1996 à 1998), RC Lens (1998 à 2000), Besiktas JK (2000 à 2001), Olympique de Marseille (2001 à 2002), Besiktas JK (2002 à 2003), Al-Khor SC (2003 à 2004), Livingston FC (2004 à 2005)
Palmarès avec le Paris Saint-Germain : champion de France Cadets (1988), vainqueur de la Coupe Gambardella (1991), vainqueur de la Coupe de France, de la Coupe de la Ligue, du Trophée des Champions (1995), et de la Coupe d'Europe des Vainqueurs de Coupe (1996)
Équipe de France : Cadets, Juniors, Militaires, Espoirs (16 sélections, 8 buts), A' (2 sélections)