Neeskens Kebano : « Mes meilleures années de footballeur »
Comme chaque semaine, PSG.FR retrouve un ancien joueur passé par le Centre de Formation du Paris Saint-Germain. Aujourd'hui, l’actuel attaquant de Fulham, passé par le club de la capitale entre 2006 et 2013, revient sur ses années de formation en Rouge et Bleu.
Neeskens, il y a onze ans, tu disputais ton premier match officiel chez les professionnels, lors de la victoire du Paris Saint-Germain contre Martigues (4-1, le 08/02/2011) en 8es de finale de Coupe de France. Quelles sont les premières images qui te reviennent à l’esprit ?
« Un moment magique, surtout que je n’avais pas encore signé de contrat professionnel ! Ma carrière a vraiment débuté lors de cette rencontre, je ne peux pas l’oublier. Je me souviens aussi d’un but inscrit lors de ce match, que l’on m’a injustement refusé. C’était une rencontre qui n’était pas évidente à gérer par rapport au contexte, l’atmosphère était très hostile envers notre équipe. Lors de mon entrée sur la pelouse, Guillaume Hoarau avait été très rassurant avec moi. J’avais une petite appréhension avant de toucher mon premier ballon mais, très vite, cette pression fut positive et j’ai joué libéré comme je le faisais avec l’équipe réserve. C’est la première fois que je jouais devant une telle affluence (7500 spectateurs). À l’issue de la rencontre, j’ai reçu un nombre incalculable de messages ! Tous mes proches étaient émus de m’avoir vu à la télévision. C’est un rêve qui était devenu réalité. »
Un mois après tes premiers pas, tu as inscrit ton premier but chez les professionnels, lors de la victoire du Paris-Saint-Germain contre Le Mans (2-0 a.p., le 02/03/2011) en quarts de finale de Coupe de France. Marquer un but au Parc des Princes doit être fabuleux…
« Je suis en train de le visualiser ! Marcos Ceara déborde côté droit, il centre dans un espace libre entre le gardien de but et un défenseur adverse, puis je me faufile entre eux pour reprendre le ballon victorieusement. Lorsque le ballon est entré au fond du but, j’étais comme un fou ! Je me suis tout de suite dirigé vers mon père qui était dans les tribunes. Je me revois entrer en jeu, marquer, puis donner la victoire en toute fin de prolongation… Le rêve ultime pour tout jeune issu du Centre de Formation rouge et bleu ! Jean-Christophe Bahebeck avait inscrit le premier but, imaginez notre joie à l’issue de la rencontre. Nous étions tellement fiers de représenter la formation du Paris Saint-Germain ! Un moment qui restera à jamais gravé dans ma mémoire. »
Tu as laissé une empreinte indélébile dans l’histoire du Centre de Formation, puisque tu as été champion de France U19 à deux reprises (2010 et 2011). Quelles furent les clés de votre réussite ?
« Il s’agit assurément de mes meilleures années de footballeur. Le Paris-Saint-Germain était comme ma deuxième famille. Nous nous entendions tous très bien entre coéquipiers. Nous étions très bien encadrés par nos formateurs, comme dans une sorte de cocon familial. Cette solidarité fut incontestablement la base de nos deux succès. Avant d’être des concurrents, nous étions tous des vrais copains. Nous souhaitions le meilleur pour chacun d’entre nous. Nous allions à l’école ensemble, nous étions logés au sein de la même structure. Nous partagions nos joies et nos peines. Quitter nos familles pendant plusieurs années, en étant si jeune, n’est pas évident à vivre. Il a fallu se forger un état d’esprit pour faire face à toute épreuve. C’est ce qui s’est produit sur le terrain lors des grands rendez-vous, comme ces deux finales remportées grâce à notre mental d’acier. Notre collectif était plus fort que tout ! Le titre de 2011 a une saveur toute particulière, car la veille de notre victoire, les U17 s’étaient imposés face à l’OM. Nous étions déterminés pour réaliser le doublé. Une fois accompli, imaginez la fête avec tous les Titis ! »
Beaucoup de joueurs formés au Paris Saint-Germain évoluent au plus haut niveau. Quel sentiment éprouves-tu lorsque tu en affrontes un ?
« C’est toujours un moment spécial lorsqu’un de mes anciens coéquipiers se trouve face à moi en tant qu’adversaire. Avant la rencontre, on se remémore les bons moments vécus en commun lors de nos années au Centre de Formation. Bien souvent, ça se termine en éclats de rire ! De nombreuses anecdotes sont évoquées, on a donc forcément un petit pincement au cœur. Mais une fois le coup de sifflet donné, chacun défend son maillot ! Il n’y a aucune animosité, mais on ne se fait pas de cadeau pour autant. Ce qui est magnifique, c’est de voir que nous sommes toujours tous liés par une profonde amitié après tant d’années de séparation. »
Tu as disputé la Coupe d’Afrique des Nations en 2015, avec une très belle 3e place obtenue par la République Démocratique du Congo. Quelle place accordes-tu à la sélection nationale des Léopards (27 sélections, 6 buts) ?
« Quand on fréquente un Centre de Formation et que l’on devient potentiellement sélectionnable, vient forcément le choix du pays que l’on souhaite représenter, notamment pour les jeunes qui possèdent plusieurs origines. Étant né en France, j’ai logiquement porté le maillot bleu lorsque l’opportunité s’est offerte à moi (33 sélections, U17 à U20). Lorsque la République Démocratique du Congo m’a sollicité pour porter le maillot de l’équipe nationale chez les A, je n’ai pas hésité pour répondre positivement. Depuis tout petit, mes parents m’ont inculqué les valeurs de ce pays. J’ai ressenti ce besoin d’approfondir l’histoire de ma famille et de rendre une sorte d’hommage en défendant ses couleurs. C’est une immense fierté lorsque je porte le maillot des Léopards. Chaque match disputé sur les terres de mes ancêtres me procure beaucoup d’émotions. »
À l’image de ton équipe du Fulham FC (leader de Championship, D2 Anglaise), tu réalises une très bonne saison…
« C’est vrai, nous réalisons pour l’instant un très beau parcours. Nous espérons que ça va déboucher sur une issue joyeuse, en obtenant la promotion en Premier League. À titre personnel, j’ai beaucoup de temps de jeu au contraire des saisons précédentes. Je suis également en réussite face au but. J’ai d’ailleurs inscrit quatre buts en 2022, l’année commence bien pour moi. Depuis que j’évolue en Angleterre, j’ai gagné en maturité dans le jeu. L’intensité des courses est sans cesse rythmée, il faut être prêt physiquement pour tenir la distance. Bien souvent, j’ai des conseils de mes formateurs du Paris Saint-Germain qui me reviennent en tête, pour rapidement faire face à des situations de jeu bien précises. Preuve que mon club formateur aura toujours une place particulière dans mon cœur ! »
PROFIL :
Date de naissance : 10 mars 1992
Lieu de naissance : Montereau-Fault-Yonne (Seine-et-Marne)
Poste : Attaquant
Clubs successifs : ASA Montereau, Paris Saint-Germain (2006 à 2013), SM Caen (prêt, 2012 à 2013), Royal Charleroi Sporting Club (2013 à 2015), KRC Genk (2015 à 2016), Fulham FC (depuis 2016), Middlesbrough FC (prêt en 2021)
Palmarès avec les jeunes du Paris Saint-Germain : champion de France U19 (2010 et 2011)