Mokdar, Gneto et Khyar calent en éliminatoires à Abou Dhabi
Au lendemain du bronze décroché par Amandine Buchard, les athlètes parisiens du jour n’ont pas réussi à s’extirper des premiers tours pour prétendre au podium en fin de journée.
Pour ses premiers championnats du monde seniors, Faiza Mokdar (-57kg) n’aura pas eu le temps de savourer cette nouvelle étape franchie dans sa jeune carrière puisqu’elle se voyait exclure dès sa première tentative en uchi-mata (fauchage par l’intérieur de la cuisse) contre la Panaméenne Kristine Jimenez, médaillée des Jeux panaméricains l’an passé. La raison ? Lors de son mouvement, sa tête entrait en contact avec le tatami, une erreur technique à laquelle l’arbitrage international se montre actuellement très vigilant, au nom de la sécurité des athlètes. « C’est la règle, ne pouvait que regretter la championne de France 2023. Ce qui est le plus frustrant, c’est que je n’ai pas pu m’exprimer, avec le si peu de temps qu’a finalement duré mon combat. »
Une expérience écourtée que déplorait également l’entraîneur principal du club Damiano Martinuzzi. « Faiza est encore toute jeune, et reste une fille qui a besoin de compétition pour structurer son judo. À Paris, même si elle gagne, en battant des filles de très haut niveau, dont deux des médaillées du jour, elle a commis des erreurs en se mettant en danger sur plusieurs actions, risquant même des blessures au niveau des épaules. Nous travaillons beaucoup là-dessus, elle part désormais moins dans tous les sens mais ça ne suffit pas encore. Aujourd’hui, c’est une erreur à mettre sur le compte de la précipitation. Elle a les mains posées, c’est très propre, à tel point qu’elle a tellement envie de mettre la boîte qu’elle ne pense même pas à préparer son attaque. C’est ce genre d’erreurs qu’il va falloir ne plus commettre, et je sais qu’avec son professionnalisme Faiza mettra tout en œuvre pour ne plus vivre ça. »
Également engagée en -57kg, Priscilla Gneto a de son côté parfaitement maîtrisé son entrée en lice, coinçant au sol l’Américaine Mariah Holguin au bout de trente secondes avant de serrer l’étau mis en place avec ses jambes jusqu’à l’abandon adverse sur étranglement. Ça ne passait pas en revanche au tour suivant contre la Mongole Enkhriilen Lkhagvatogoo, sur la troisième marche du podium des deux dernières éditions. En retard aux pénalités, elle faisait tout son possible pour ne pas sortir de l’aire de combat mais s’exposait dans son effort à une poussée de son opposante qui marquait waza-ari à mi-combat. Ses mouvements d’épaule s’avéraient malheureusement vains, le dernier se retournant même contre elle puisque la Mongole lui confisquait son bras pour une clé de coude qui scellait l’issue de la rencontre et des championnats.
« Pour ne pas rentrer dans son schéma du décalage de pénalités, j’ai été vite obligée de lancer des attaques en reprise de garde, comme cela me convient bien d’ordinaire, mais je n’ai jamais réussi à m’installer et ce jeu du chat et de la souris n’a pas tourné en ma faveur. Je m’étais préparée à ce genre de combat, mais je n’ai pas su trouver les solutions pour imposer mon judo. » Un scenario catastrophe contre ce profil de combattantes rugueuses comme complétait Damiano Martinuzzi. « Dans cette situation, la Mongole n’a plus aucun intérêt à ce que la saisie soit installée, et elle se contente de pousser vers les bordures pour aller chercher la troisième sanction. Elle fait ça à merveille et, même pour une Priscilla qui peut faire tomber sur de nombreux mouvements dans toutes les directions, c’est très compliqué à gérer. Ce qui veut dire qu’il y a encore une marge de progression dans le travail tactique, de même qu’au niveau du judo et de l’explosivité pour déjouer ce type de piège. »
Tous les espoirs se sont alors tournés vers Walide Khyar en -66kg, apparu sous un bon jour ce lundi à la Mubadala Arena. Le Kazakhstanais Zhanarys Rakhmetkali, médaillé des derniers championnats d’Asie, se faisait facilement écarter aux pénalités, tandis que le Marocain Abderrahmane Boushita, plus dangereux, succombait sur un grand fauchage intérieur du Français. Deux succès probants qui l’envoyaient en huitièmes contre Nurali Emomali, membre du top 10 mondial. Un duel de costauds qui allait se dénouer sur deux fauchages intérieurs du Tadjik en réponse aux attaques et à la pression constante mise par le Parisien, qui cherchait à positiver à l’issue du combat. « C’est un gars que je peux retrouver aux Jeux, et je pense que j’avais clairement la solution pour le battre. S’il y a des erreurs à faire, je préfère que ce soit maintenant plutôt que dans deux mois à Paris. Cela n’impacte en rien ma préparation car je connais parfaitement les enjeux, ainsi que les objectifs que je me suis fixés. Maintenant, la prochaine fois que je vais monter sur un tapis de compétition, ce sera lors des Jeux, et je dois continuer d’avancer vers cet unique objectif. »
Ça n’a pas non plus souri au Géorgien Lasha Shavdatuashvili et à l’Algérien Messaoud Redouane Dris, membres de l’équipe parisienne médaillée de bronze lors de la dernière Champions League et respectivement éliminés en seizièmes et en huitièmes de finale des -73kg. Les deux hommes que l’on retrouvera normalement aux Jeux olympiques à la fin du mois de juillet.
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Ce mardi, il faudra se concentrer sur les -81kg, avec le Géorgien double tenant du titre Tato Grigalashvili mais aussi et surtout Alpha Djalo, bien décidé à profiter à fond de cette nouvelle participation aux mondiaux sur fond de préparation aux JO. Dès son entrée dans l’arène, il y aura du répondant face à lui avec l’Allemand Dominic Ressel, septième du dernier Grand Chelem de Paris et aux côtés du Français sur le podium des championnats d’Europe de Montpellier en novembre dernier. En cas de victoire, l’aventure pourrait se poursuivre face à l’Ouzbek Sharoffidin Boltaboev, en or il y a une semaine à Astana. De bons tests à dix semaines du rendez-vous olympique.