Loris Arnaud : « Marquer pour Paris fut l’apothéose ! »

Comme chaque semaine, les médias du club retrouvent un ancien joueur passé par le centre de Formation du Paris Saint-Germain. Consultant pour PSGTV lors d’un match des U19 Nationaux, nous avons pris des nouvelles de l’ex-Titi Loris Arnaud, qui revient sur son actualité et sur ses années parisiennes.

Loris, il y a seize ans tu remportais le championnat de France U18 avec le Paris Saint-Germain. Quelles images te reviennent à l’esprit ?

« Ca date, je n’y pensais même plus ! Ca m’évoque surtout que je suis plus proche de la fin de ma carrière que du début. Je n’en garde que de très bons souvenirs. C’est l’un des meilleurs souvenirs de toute ma carrière. Ca me fait du bien de me remémorer ce moment. Nous avions remporté ce titre avec la génération constituée principalement des promotions de joueurs nés en 1987 et en 1988. La moitié de l’effectif évoluait chaque week-end en CFA avec l’équipe réserve du club. Pour la phase finale U18, nous avions fait la navette entre les deux équipes. C’était un peu spécial pour nous les joueurs, mais les coachs Vincent Guérin et David Bechkoura avaient bien géré les rotations. Ils nous avaient surtout bien fait comprendre qu’il ne s’agissait surtout pas d’une régression, mais bien au contraire la possibilité de vivre un moment d’exception entre potes. Je me rappelle surtout de la fête qui a suivi notre titre. Que cela soit lors de notre retour au centre de Formation ou bien lors de notre présentation au Parc des Princes, je me souviens de tout ! Ce titre a vraiment fait basculer la formation des jeunes dans une autre dimension au sein du club. Les années précédentes, nos aînés n’étaient pas allés au bout des playoffs. Nous avions donc la sensation d’avoir vraiment réalisé quelque chose de grand ! C’est suite à cela que des joueurs comme Clément Chantôme, Youssouf Mulumbu et David N’Gog ont intégré durablement le groupe professionnel. »

Un an plus tard, tu as signé ton premier contrat professionnel. Un rêve qui se réalise ?

« J’avais rejoint le club à l’âge de douze ans. J’y ai fait toutes mes classes, du centre de préformation jusqu’au centre de formation. Signer ce contrat fut forcément un moment très spécial, d’autant plus que je suis né à Saint-Germain-en-Laye. C’était mon rêve ultime depuis que je joue au football, même si j’étais conscient que ça serait compliqué d’y arriver. J’ai immédiatement eu une pensée pour mes parents car ils avaient tellement fait de sacrifices lors de mon adolescence. J’étais très heureux de les rendre fiers de moi. Ils ont toujours été là pour me soutenir, notamment dans les moments compliqués, mais aussi pour me faire prendre conscience de l’importance de l’école. Rien n’était acquis d’avance, il fallait avoir un bagage si jamais je n’étais pas devenu footballeur professionnel. »

Te souviens-tu de tes premiers pas au sein du groupe professionnel ?

« Etant de nature plutôt réservée, je me suis fait tout petit lors des premiers entraînements. Au début, j’ai beaucoup observé les uns et les autres, puis j’ai cherché à bien comprendre les règles à respecter. Comme Youssouf Mulumbu et Clément Chantôme étaient déjà là, ils ont facilité mon intégration. Par contre, il y a un joueur qui m’a littéralement impressionné lors de mes débuts, c’est la légende du club Pedro Miguel Pauleta ! On jouait au même poste, donc forcément je m’attardais beaucoup sur ce qu’il faisait. Il avait une adresse devant le but… Il ne tremblait jamais, quel sang-froid ! Il caressait la balle lorsqu’il tirait. Et que dire de ses déplacements, un régal. Lors de ma dernière saison à Paris, j’ai pu évoluer avec Thiago Motta. Il était extraordinaire, car il ne perdait jamais le ballon. Tous les Titis du groupe pro se demandaient comment il faisait ? C’était si beau à regarder, un jeu d’une simplicité déconcertante ! »

Le 12 août 2007, tu disputes ton premier match officiel contre le RC Lens. Raconte nous…

« Faire ses premiers pas professionnels en Rouge & Bleu, c’est la plus belle chose qui puisse arriver quant on est formé au club (ndlr : Loris a disputé 30 matches et inscrit 4 buts pour Paris). Il faut le vivre pour comprendre réellement ce que j’ai pu ressentir ce soir là, surtout que c’était au stade Bollaert. Je vous laisse imaginer l’ambiance ! Lorsque je suis entré en jeu à la place de Pierre-Alain Frau, j’ai fait abstraction de toute forme de pression. Je n’avais qu’une envie, me donner à fond pour mon équipe. Nous sommes repartis avec le point du match nul (0-0). J’étais déçu de ne pas avoir gagné, mais si heureux d’avoir effectué mes débuts en pros. Trois mois plus tard, j’ai inscrit mon premier but face au RC Strasbourg, alors là c’était l’apothéose ! Difficile de trouver les bons mots pour évoquer mes sensations à cet instant. Rien que d’en parler, je suis ému. »

Truster la une des journaux n’a pas du être si simple à vivre ?

« Tous les médias parlaient de moi. Mon téléphone n’arrêtait pas de sonner. Les supporters me sollicitaient beaucoup plus. C’est facile de perdre la tête ! Ma famille a joué un rôle important pour que je garde les pieds sur terre. Mes proches m’ont toujours rappelé d’où je venais et de ne surtout pas m’enflammer. Sans eux, ca aurait très compliqué. D’ailleurs, avoir un bon entourage est indispensable. Quand je me suis gravement blessé (ndlr : rupture des ligaments croisés du genou, contre Schalke 04 le 23 octobre 2008), ma famille et mes amis étaient là pour me soutenir. Tous ces mois de rééducation ont été très dur à vivre, sans eux j’aurais arrêté le football. Ils m’ont donné la force pour revenir au plus haut niveau. »

Pour la chaîne du club, tu es revenu récemment au camp des Loges pour commenter un match de l’UEFA Youth League des U19 Nationaux du Paris Saint-Germain. Heureux d’avoir foulé le terrain de tes premiers exploits ?

« Ce fut un vrai plaisir de revenir au camp des Loges. Chaque mètre carré représente un souvenir. Les infrastructures ont tellement changé par rapport à mon époque. Le jeu va beaucoup plus vite, ça joue mieux et c’est plus costaud. Les Titis évoluent sans trembler, il faut que cela continue dans ce sens. On sent que les jeunes sont plus en avance que nous lorsque nous étions à leur place au même âge. Ils profitent de meilleures méthodes d’entraînement. Je prends toujours beaucoup de plaisir à suivre les équipes du club, car j’en reste un grand supporter. Je vis intensément tous les matches de l’équipe professionnelle. C’est énorme ce qu’est devenu le club ! Je comprends parfois l’impatience des supporters, mais il faut qu’ils se disent aussi que c’est une réelle chance d’avoir autant de grands noms sous le maillot Rouge & Bleu. Paris se rapproche toujours un peu plus du titre de champion d’Europe, il faut y croire tous ensemble ! »

Depuis quelques semaines, tu es devenu un vétéran (+ de 35 ans) dans le monde du football ! As-tu préparé ta reconversion ?

« Ca fait bizarre ! J’y ai pensé en lisant un article récemment qui traité ce sujet. J’avais du mal à réaliser que j’étais moi-même devenu un vétéran. Un joueur n’est jamais réellement préparé à stopper sa carrière. On est tellement amoureux du football qu’on a toujours l’impression que l’on va enfiler les crampons à chaque fois que l’on se réveille. Une carrière passe à une vitesse phénoménale. Quand on est jeune, on nous le répète souvent, mais c’est une fois fini que l’on s’en rend vraiment compte. C’est souvent le corps qui dicte si oui ou non il faut s’arrêter. Est-ce que le plaisir d’aller s’entraîner est toujours là ? Je suis en pleine réflexion à ce sujet. Je peux déjà annoncer que je serai vice-président de l’AS Chatou la saison prochaine ! »

PROFIL :

Date de naissance : 16 avril 1987
Lieu de naissance : Saint-Germain-en-Laye (Yvelines)
Poste : Attaquant
Clubs successifs : AS Chatou (1993 à 1999) – Paris Saint-Germain (1999 à 2013) – Clermont Foot (2009 à 2010, prêt) – Angers SCO (2010 à 2011, prêt) – Chernomorets Bourgas (2013) – US Orléans (2013 à 2015) – T&T Hanoi (2016 à 2017) – Persela Lamongan (2018) – Tira-Persikabo (2019) – AS Poissy (depuis juillet 2021)

Palmarès avec le Paris Saint-Germain : Champion de France U18 (2006) Vainqueur de la Coupe de la Ligue (2008)