Loïc Mbe Soh : « Paris m'a permis de vivre une expérience formidable »

Comme chaque semaine, les médias du club retrouvent un ancien joueur passé par le Centre de Formation du Paris Saint-Germain. Direction les Pays-Bas, à Almere, pour prendre des nouvelles de Loïc Mbe Soh (génération 2001), qui revient sur son actualité et sur ses années parisiennes.

Loïc, quelles images te viennent à l'esprit lorsque l'on t'évoque le titre de champion de France U17 remporté en 2017 avec le Paris Saint-Germain ?

« Une saison exceptionnelle vécue en compagnie des Titis nés en 2000 car je faisais partie des quelques joueurs surclassés. Ca paraît facile vu de l'extérieur, mais se montrer le plus régulier possible tout au long d'une année n'est pas des plus évidents. Je me souviens de notre quart de finale remporté au Camp des Loges face à Auxerre. Nous étions venus à bout de nos adversaires à l'issue de la séance des tirs au but. Nos supporters venus en nombre avaient joué un rôle important pour obtenir notre qualification. En demi-finale, nous avions dominé le FC Sochaux (5-1). Et puis il y a cette finale que nous avons gagné (3-0) face à Monaco. Lorsque j'ai soulevé le trophée, j'ai ressenti une immense fierté, celle du devoir accompli mais aussi une belle récompense pour tous les efforts consentis depuis mon entrée au Centre de Préformation. Chaque matin, je me suis levé avec l'intime conviction de remporter le plus de titres possibles. Là, ce fut l'apothéose ! Un moment magnifique vécu sous les yeux de mes proches. Bien que faisant partie des plus jeunes de l'effectif, j'ai pris conscience que j'étais prêt pour prendre des responsabilités. »

Comment as-tu vécu ton passage chez les U19 Nationaux ?

« Plutôt bien ! J'ai surtout été marqué par l'UEFA Youth League (12 matches disputés entre 2017 et 2019). J'avais l'impression de participer à la Champions League tellement le niveau était relevé et l'organisation parfaite. Mon premier match joué sur la pelouse du Celtic Glasgow est un très bon souvenir car nous avions gagné (3-2) après avoir été menés à deux reprises. Évoluer avec des joueurs nés en 1999 comme Antoine Bernede ou bien Moussa Diaby m'avait un peu impressionné car je les voyais comme des exemples. Lors du match retour, j'ai inscrit mon unique but dans cette compétition. Jouer contre le Bayern Munich, le FC Barcelone ou bien le Real Madrid est très formateur pour l'avenir. À domicile, on jouait parfois devant notre Président Nasser Al-Khelaïfi, les Titis Adrien Rabiot et Presnel Kimpembe, mais aussi Kylian Mbappé. Mouiller le maillot pour les rendre fiers de nous était une source de motivation supplémentaire. »

Ta progression constante fut honorée par 34 sélections en Équipe de France ! Clairefontaine était un peu ta seconde maison ?

« Quand on enchaîne les bons résultats avec son équipe les sélectionneurs s'intéressent forcément de près à notre évolution. J'ai eu cette chance de porter le maillot des Bleuets à de nombreuses reprises aux côtés des meilleurs joueurs de ma génération. Me rendre à Clairefontaine était une vraie fierté, car j'avais cette responsabilité de bien représenter Paris. »

Comment avais-tu été recruté à l'époque ?

« Si j'ai bonne mémoire, c'était en 2013. Alors que j'évoluais à Courbevoie, les recruteurs du PSG étaient venus observer mes coéquipiers Arthur Zagré (2001) et Abdourahmane Barry (2000). J'ai finalement retenu leur attention. Mes deux copains sont entrés directement au Centre de Préformation, alors que j'ai dû jouer quelques matches avec les U13 de l'Association PSG pour faire mes preuves. Mes bonnes prestations m'ont permis de les rejoindre pour de bon. »

Imaginais-tu intégrer le groupe professionnel quelques années plus tard ?

« Quand on est préado, on rêve de devenir footballeur professionnel, mais c'est d'abord le plaisir de jouer qui prédomine. Les années passent, les étapes aussi : U17, U19, l'équipe réserve (20 matches en N2). Jusqu'au jour où j'ai été convié à participer à la présaison de l'équipe pro en 2018. Direction l'Autriche à 17 ans pour affronter le Bayern Munich, Arsenal et l'Atlético de Madrid. Quand j'y repense, c'est complètement dingue ! J'étais là pour apprendre en compagnie des meilleurs joueurs du monde. Je n'ai jamais été trop intimidé car on m'a toujours bien intégré. Ce qui était le plus dur à gérer, c'est tout l'engouement qu'il y avait autour de moi de la part des gens qui ne vivaient pas au quotidien ce que je vivais avec le Paris Saint-Germain. C'était normal d'attiser cette curiosité car c'est un club qui ne laisse personne indifférent. En tant que défenseur, j'ai pu parfaire mes gammes face au duo Mbappé-Neymar ! Ça allait à une vitesse ! Les défenseurs comme Thiago Silva, Marquinhos et Presnel Kimpembe étaient de très bons exemples dont je me suis beaucoup inspiré. »

Si on te dit "Monstro 2.0", à quoi penses-tu ?

« Quelle mémoire ! Tous mes coéquipiers du Centre de Formation me surnommaient ainsi en référence à Thiago Silva dont je suis toujours le plus grand fan. Je n'ai jamais osé lui fait part de mon admiration. J'ai souhaité garder une forme de respect car c'était comme un collègue de travail. J'ai pu observer de mes propres yeux son professionnalisme sur comme en dehors du terrain, ce qui m'a aidé dans mon rôle de capitaine des U19 Nationaux. »

Le 11 mai 2019, tu as fait ta première apparition en match officiel lors de la victoire (2-1) remportée à Angers. Inoubliable ?

« C'est le bon mot ! Je me suis retrouvé titulaire à 17 ans avec pour partenaires Neymar, Cavani, Di Maria, Paredes, Verratti, Buffon... J'ai joué l'intégralité du match avec une victoire à la clé. C'est assurément le plus beau moment de ma jeune carrière. J'étais si heureux et fier de défendre les couleurs de mon club de cœur en Ligue 1... C'était le résultat de nombreuses années de travail, mais je savais aussi qu'il fallait redoubler d'efforts pour y goûter de nouveau. Ce fut le cas la semaine suivante au Parc des Princes avec une nouvelle titularisation contre Dijon. Nous avons gagné (4-0) et fêté le titre de champion de France avec tous les supporters. Vivre ce moment en tant que Titi du club et devant ma famille, il n'y a rien de plus beau ! »

Tu as pris part à l'épopée européenne lors de la saison 2019-2020, avec notamment le Final 8 à Lisbonne ! Raconte-nous...

« Une saison complètement folle avec la crise sanitaire mais également un parcours fantastique en Champions League ! Le premier moment clé qui me vient à l'esprit, c'est le succès acquis à domicile contre le Borussia Dortmund. J'étais dans les tribunes et j'ai pu ensuite assister à la communion avec le public posté au pied du virage Auteuil. Cette ferveur était incroyable ! Le Final 8 était une sorte d'inconnu pour nous tous car c'était un nouveau format. C'était super excitant mais aussi un peu bizarre car il n'y avait pas de public à cause des restrictions. L'équipe était très soudée avec l'envie de bien faire, surtout que c'était les 50 ans du club. Nous avions tous le même objectif à savoir soulever la coupe aux grandes oreilles. Je n'ai jamais ressenti une telle osmose ailleurs. En quart de finale, on bat l'Atalanta Bergame, un match au scénario complètement fou que j'ai suivi du banc de touche. Malheureusement, nous avons été battus en finale. J'ai conservé la médaille qui figure en bonne place dans mon armoire à trophées. Quand j'admire mes récompenses, je prends conscience du chemin parcouru mais aussi de celui qui reste à parcourir ! »

L'été suivant, tu as été amené à faire tes adieux au club...

« J'y ai joué et grandi durant sept années. Forcément, ce fut comme un déchirement, car Paris m'a tout donné. Grâce au club, j'ai vécu une expérience formidable que l'on ne pourra jamais m'enlever, mais il était temps pour moi de vivre une nouvelle aventure. J'avais besoin de devenir quelqu'un, de sortir de ma zone de confort. J'ai donc opté pour l'Angleterre, un pari risqué loin des miens mais bien réfléchi. »

Quelle est ton actualité footballistique ?

« Je joue cette saison au Almere City FC en D1 néerlandaise, où je suis prêté par le club anglais du Nottingham Forest. J'y ai disputé une vingtaine de rencontres toutes compétitions confondues. Je suis content car je suis venu chercher du temps de jeu. J'essaye de faire mon chemin dans le monde pro. Tout n'a pas toujours été simple pour moi car il m'a fallu faire face à certaines blessures. Ce qui ne tue pas rend plus fort ! Paris m'a forgé un mental qui m'a permis de toujours me relever. J'ai toujours eu de grandes ambitions, ça ne changera jamais. »

PROFIL :

Date de naissance : 13 juin 2001
Lieu de naissance : Souza (Cameroun)
Poste : défenseur

Clubs successifs : JS Pontoisienne (2009 à 2012), SF Courbevoie (2012 à 2013), Paris Saint-Germain (2013 à 2020), Nottingham Forest (2020 à 2023), EA Guingamp (2023, prêt), Almere City FC (depuis septembre 2023, prêt)
Palmarès avec le Paris Saint-Germain : champion de France U17 (2017) et de Ligue 1 (2019, 2020)
Équipe de France : U16 (9 sélections), U17 (9 sélections, 1 but), U18 (10 sélections), U19 (6 sélections, 1 but)
Palmarès avec les Bleuets : vainqueur du Tournoi du Val-de-Marne U16 (2016)