Le carnet de notes de Doha

Alors que les entraînements ont repris au club cette semaine dès le retour du Qatar, Laurent Calléja, entraîneur du groupe élite du PSG Judo et concentré au quotidien auprès de Teddy Riner, Marie-Ève Gahié et Romane Dicko, revient sur les performances de ses protégés, tout en se projetant déjà sur la suite.

Marie-Ève Gahié (septième en -70kg)
« Se mettre à l’abri au plus vite »

« Son parcours à Doha est forcément décevant vu qu’elle repart sans médaille. Marie-Ève avait pourtant bien abordé la compétition en amont, et ça se voit qu’elle veut bien faire. Mais elle n’a pas sorti de bon combat, comme lorsqu’elle se relève après sa liaison debout-sol contre la Russe qui l’élimine. C’est dommage car sa concurrente directe, Margaux Pinot, avait perdu un peu plus tôt, et qu’il y avait des filles qu’elle pouvait battre pour aller loin dans son tableau. Il n’y a pas mort d’homme bien sûr, mais il va falloir repartir au charbon pour aller chercher la qualification dans les règles de l’art. Plus nous allons avancer vers le jour J, plus cela risque d’être indécis. C’est pourquoi il va falloir trouver la bonne stratégie pour se mettre à l’abri au plus vite. »

Marie-Ève Gahié (janvier 2021)

Romane Dicko (médaillée d’or en +78kg)
« Aller chercher une place de tête de série »

« C’est un véritable régal de travailler avec Romane, qui est concentrée pour appliquer les consignes. J’attendais de voir ce que ça allait donner contre une Ortiz, et le schéma mis en place avec Séverine Vandenhende (son coach en équipe de France, NDLR), avec qui nous parlons le même langage, a parfaitement fonctionné. C’était du très solide, et l’on va pouvoir s’appuyer sur ce Masters pour trouver de nouvelles solutions. Vu que la plupart de ses adversaires lui rendent jusqu’à cinquante kilogrammes de plus, Romane doit continuer à maîtriser la distance dans le combat, pour s’engager à 300% quand elle s’engage. Sans oublier la problématique de la Japonaise Akira Sone, gauchère et plus petite que Romane. Parfaitement maîtriser une liaison debout-sol rapide fait également partie des enjeux des prochaines semaines, sachant qu’elle devrait sortir de nouveau en compétition pour aller chercher une place parmi les têtes de série. »

Romane  Dicko (janvier 2021) 2

Teddy Riner (médaillé d’or en +100kg)
« À 70% de son potentiel »

« Si je n’ai pas été surpris de voir la différence entre le Grand Chelem de Paris de février 2020 et ce Masters, j’ai particulièrement apprécié de voir la puissance physique que Teddy a dégagé tout au long de ses cinq combats. Il n’a pas laissé une miette aux autres, en allant les chercher plutôt que de les attendre. Teddy est redevenu un attaquant et, lorsqu’il avance pour faire judo, c’est vraiment Teddy Riner sur le tapis. Il aurait pu encore plus attaquer, mais il ne faut pas oublier qu’il doit encore retrouver une totale confiance en ses moyens. Au Qatar, il était environ à 70% de son potentiel et, s’il n’a pris aucun risque, ça a suffi pour s’imposer avec la manière. C’est la marque des grands champions : il a décidé d’inverser le curseur depuis quatre mois, pour reprendre une bonne marge sur la concurrence. À nous de l’accroître encore plus d’ici cet été, pour être sûr qu’il soit en capacité de marquer l’histoire. Cela passera par un statut de tête de série à aller chercher sur d’autres compétitions, où l’idée sera aussi de se faire plaisir dans ce rôle retrouvé de combattant. »

Teddy Riner (janvier 2021) 3

Alpha Oumar Djalo (non classé en -81kg)
« Je monte en puissance »

Quatrième engagé du club au Qatar, Alpha Oumar Djalo (-81kg) n’a pas su trouver la faille sur le futur finaliste néerlandais Frank De Wit en huitième de finale. Mais il se veut positif sur l’attitude affichée lors de ses deux combats.

Alpha Djalo (janvier 2021)

« Avec les entraîneurs du club, nous avions bien préparé l’événement et je me sentais très bien en arrivant là-bas. Sur mon premier combat, face à un adversaire qui m’avait « ouvert » en deux lors de notre précédente confrontation, j’ai pris les choses en main, en étant dynamique et agressif, notamment à la saisie. Derrière, je sors trois minutes parfaites face à De Wit, il n’est pas loin de concéder une deuxième pénalité, mais je fais une petite erreur de main qui nous amène au corps-à-corps, où c’est du 50/50. Je rentre sans médaille donc il y a forcément mieux à faire, mais je monte en puissance, et j’attaque en me faisant plaisir. C’est vraiment positif pour la suite. »