Kalifa Traoré : « À Paris, on ne pense qu'à gagner ! »

Interviews

Comme chaque semaine, les médias du club retrouvent un ancien joueur passé par le Centre de Formation du Paris Saint-Germain. Direction la Vendée, aux Herbiers, pour prendre des nouvelles de l’ex-Titi Kalifa Traoré (génération 1991), qui revient sur son actualité et sur ses années parisiennes.

Kalifa, te souviens-tu de tes premiers pas au Centre de Formation ?

« C'est suite à un essai effectué en décembre 2010 au Camp des Loges, en compagnie de mon ami Kalifa Coulibaly (génération 1991), que nous avons rejoint le Centre de Formation du Paris Saint-Germain. Nous avions découvert la neige pour la première fois, nous les enfants de Bamako ! Ce ne fut pas évident pour montrer nos qualités mais, finalement, cela s'est très bien passé. Le staff dirigé par Bertrand Reuzeau nous a très bien accueillis, tout comme l'ensemble des joueurs qui se connaissaient pourtant depuis le Centre de Préformation. Nous avions vraiment la sensation d'être chez nous. C'était un rêve qui se réalisait car il s'agissait du club de mon cœur. Des joueurs comme Okocha et Ronaldinho me faisaient rêver. Évoluer à Paris est le rêve de tout enfant malien. »

Tu as intégré avec réussite la défense axiale de l'équipe réserve en National 2, disputant 39 matches en tant que titulaire et marquant 7 buts !

« Mon adaptation sur le terrain fut plutôt rapide. Bien que de nature timide, j'ai vite trouvé ma place. J'ai vite pris le rythme car j'avais déjà l'habitude de disputer des matches internationaux avec les sélections de jeunes du Mali. Je savais à quoi m'attendre question intensité. De plus, il régnait une très bonne cohésion et une excellente ambiance au sein du groupe. Je n'ai jamais ressenti de méchanceté à mon égard. Au contraire, tout le monde était bienveillant. Présent au club, mon compatriote Adama Touré a facilité ma venue en me donnant beaucoup de conseils. Un gars comme Neeskens Kebano me faisait terriblement rire ! N'ayant pas le permis de conduire, Alphonse Areola et Mamadou Sakho me transportaient au Centre d'Entraînement. Je le répète, j'avais cette sensation d'appartenir à une vraie famille. »

Quelles ont été les principales différences avec le football de ton enfance pratiqué au Mali ?

« Ce fut un changement radical ! Au Centre de Formation du Paris Saint-Germain, tout est organisé pour être performant sur le terrain. Les moyens humains et matériels ne sont pas du tout les mêmes. Dès la remise des différentes tenues, on mesure le poids de l'institution. Sur le plan du jeu, j'ai énormément appris dans tous les domaines, surtout tactiquement en améliorant mon placement et mes déplacements. Au Mali, on joue pour jouer. À Paris, on joue pour gagner. Mais gagner, ça s'apprend. Nous avions le droit à des séances vidéo avant les matches, ce qui était nouveau pour moi. Que cela soit une passe, un tir ou un positionnement, tout est décortiqué au millimètre. Si beaucoup de joueurs formés à Paris ont atteint le plus haut niveau, ce n'est pas pour rien ! »

Jusqu'au jour où Carlo Ancelotti a fait appel à toi au sein du groupe pro !

« Effectivement, il m'a permis de participer à mes premiers entraînements avec le groupe pro. J'ai ainsi pu côtoyer mon idole Thiago Silva. J'étais très impressionné par tous ces grands joueurs que je ne voyais qu'à la télévision ! Après un prêt d'une saison à Sedan en Ligue 2 (16 matches), Laurent Blanc m'a également appelé dans son groupe lors de mon retour au club. J'étais souvent seul dans mon coin, par timidité. C'est Thiago Motta qui est venu vers moi pour me présenter au reste du groupe. Suite à cela, j'ai réussi à me libérer davantage. Un vrai déclic ! J'ai participé à un stage de préparation en Autriche en prenant part à plusieurs matches amicaux contre Sturm Graz, Rapid Vienne et Hammarby. J'ai ensuite retrouvé l'équipe réserve. »

Et puis, tu as eu un magnifique cadeau de Noël avant l'heure en décembre 2013...

« Alors que j'étais en week-end, on m'a demandé de revenir en urgence car j'étais retenu dans le groupe qui allait affronter Benfica en Champions League ! J'ai donc pris part au déplacement sans forcément croire en mes chances de jouer. Finalement, j'ai remplacé Christophe Jallet, forfait sur blessure en toute dernière minute. Sacré baptême en pro au Stade de la Luz qui plus est à un poste de défenseur latéral droit auquel je n'avais jamais joué ! C'est à la causerie d'avant-match que j'ai appris ce choix de Laurent Blanc. Des joueurs comme Marquinhos et Adrien Rabiot m'avaient beaucoup encouragé. J'ai réalisé une prestation plutôt honorable selon les observateurs. J'avais quitté mon Mali natal pour réaliser ce rêve. J'ai des étoiles plein les yeux rien que d'en parler de nouveau ! »

Aujourd'hui, quelle est ton actualité footballistique ?

« J'évolue aux Herbiers depuis plus de sept ans. Nous sommes en National 2 et espérons retrouver l'échelon supérieur. Plusieurs anciens Titis ont joué à mes côtés ces dernières années : Jean Louchet, Anderson Banvo, Jérémi Kimmakon, Martin Mimoun, Shaquille Dutard, Kévin Diogo et Anthony Petrilli. Une sensation de n'être jamais parti du Paris Saint-Germain ! Mon quotidien est rythmé par les séances d'entraînement et les matches. J'ai cette chance d'avoir pour métier ma plus grande passion. J'essaye de donner mon maximum pour défendre du mieux possible les couleurs d'un club qui m'a accordé une totale confiance depuis le premier jour. Je m'y sens vraiment très bien ! En parallèle, je suis une formation pour devenir recruteur de jeunes footballeurs. Peut-être que le PSG fera un jour appel à moi pour repérer les futurs talents qui intégreront son Centre de Formation et ainsi y vivre une très belle histoire, comme ce fut le cas pour moi. »

Toujours autant amoureux du maillot rouge et bleu ?

« Et comment ! À partir du moment où on le porte au moins une fois en match officiel, même chez les jeunes, on devient un supporter du club à vie. Il faut le vivre pour comprendre. Presque dix ans après, on me pose encore des questions sur le club ! Preuve que le rouge et le bleu me collent à la peau. Paris m'a servi de véritable tremplin pour réaliser mon rêve de devenir footballeur professionnel. Je ne peux donc qu'être reconnaissant. J'y ai vécu de très grands moments, rencontrés de très grands joueurs et appris beaucoup de choses. Mon seul regret est de ne pas avoir pu disputer la finale de la Coupe de France au Stade de France en 2018 avec Les Herbiers contre Paris. Une rupture des ligaments croisés m'a empêché de participer à cette belle fête. J'ai tout de même pu revoir mon ami Thiago Motta qui ne m'avait pas oublié ! »

PROFIL :

Date de naissance : 16 février 1991
Lieu de naissance : Bamako (Mali)
Poste : défenseur
Clubs successifs : Centre Salif Keita (2007 à 2010), Paris Saint-Germain (2010 à 2014), CS Sedan (2012 à 2013, prêt), Angers SCO (2014 à 2016), Les Herbiers VF (depuis février 2016)
Équipe du Mali : U17, U20 (7 sélections), A (3 sélections)