Joris Agbegnenou : «M’inspirer de ces mondiaux»

Présent dans les tribunes du Nippon Budokan de Tokyo la semaine dernière pour assister aux championnats du monde seniors, le -100kg du club parisien a pu mesurer ce qui faisait la singularité des champions et ce qu’il devait intégrer dans sa pratique quotidienne pour un jour pouvoir participer à ces grands rendez-vous qui marquent une carrière.

Supporter averti de l’équipe de France qui termina deuxième nation de ces mondiaux (trois titres et deux médailles de bronze en individuels, une médaille d’argent par équipes), Joris Agbegnenou a vécu le quatrième sacre de sa sœur Clarisse au plus près de l’action. « Je n’avais pas pu être là lors de son premier titre en 2014, contrairement aux Jeux de Rio en 2016 où c’était important d’être à ses côtés, précise le médaillé de bronze des derniers championnats de France juniors. C’était pareil cette fois, à un an du tournoi olympique qui se disputera dans cette même salle. Avec mes parents, nous avons tout fait pour la mettre dans les meilleures conditions, avant de la pousser au maximum pendant cette finale incroyable (plus de onze minutes de combat ont été nécessaires pour départager la Française de sa rivale japonaise Miku Tashiro, NDLR). Moi qui n’ai pas l’habitude de supporter en criant, je sentais qu’il fallait que je donne de la voix pour qu’elle m’entende et ne lâche rien. Surtout au Japon, avec un public de passionnés qui encourageait avec force son adversaire. »

Une adversaire pour laquelle le Parisien n’a pu s’empêcher d’avoir une pensée à l’issue de ce duel épique. « C’est terrible pour elle parce que, sans ma sœur qui l’a dominée dix fois en onze combats, elle raflerait tout sur son passage. Dans le même registre, j’ai été frappé par les larmes d’Hifumi Abe, double champion du monde en titre des -66kg, après sa défaite en demi-finale contre son rival Joshiro Maruyama, le futur champion. On ne voit pas assez ces champions qui perdent alors qu’ils ont tout donné pour réussir, ceux qui ont brillé hier et qui sont éliminés très tôt aujourd’hui. Tout le monde travaille de façon inimaginable à l’entraînement, plusieurs heures par jour, pour seulement quelques-uns qui finiront sur le podium en fin de journée.  Là, on se rend vraiment compte de la dureté du judo, de la nécessité de travailler constamment pour avancer. À titre personnel, ça va me motiver à ne jamais baisser les bras, même lorsque les temps sont durs comme j’ai pu en vivre avec mes opérations chirurgicales par le passé. »

Sur le plan technique, c’est au niveau du kumikata (saisie de l’adversaire) que Joris a tiré le plus d’enseignements pour enrichir sa propre palette. « J’ai pu repérer de nouveaux angles d’attaque, que je vais essayer d’automatiser au plus vite à l’entraînement pour m’en servir efficacement, précise le jeune homme de dix-neuf ans. Comme le stage de préparation de l’équipe à laquelle j’ai pris part à Houlgate cet été, j’espère que cette semaine de judo de très haut niveau va m’inspirer pour mon passage chez les seniors l’an prochain. » Avec la secrète ambition de fouler un jour en compétition les tapis tokyoïtes…