John Junior Nkomb Nkomb : « Je n’étais pas prêt pour relever le challenge Rouge et Bleu »

John, tu as rejoint le Paris Saint-Germain en 2012 pour clôturer ton cursus de formation. Quelles furent les circonstances de ta venue ?

« J’évoluais depuis trois ans au SC Bastia où tout se passait bien. J’étais surclassé chaque saison, ce qui ne m’empêchait pas de marquer des buts pour mon équipe. En toute modestie, je sentais que je n’avais rien à envier aux attaquants de l’OM, de l’OL ou bien de l’ASSE que nous affrontions chaque saison. J’avais donc cette envie de rejoindre un club habitué à remporter des titres. Lorsque l’opportunité de rejoindre le Paris Saint-Germain s’est présentée, je n’ai pas hésité une seule seconde pour signer mon contrat de stagiaire professionnel. Étant originaire d’Évry, je réalisais mon rêve de gosse car Paris a toujours été mon club de cœur ! »

Ton adaptation ne fut pas pour autant des plus réussies…

« La première difficulté fut de quitter un club à l’esprit familial. À Paris, tout est axé sur la compétition. Je ne vais pas dire qu’il n’y a pas de place pour les sentiments mais à 18 ans, seul le terrain compte. Il m’a fallu du temps pour encaisser cette pression du résultat. Le staff m’a intégré dans ma vraie catégorie d’âge, alors que j’avais toujours joué à l’étage supérieur. J’ai pris sur moi en me disant que ce n’était que pour mon bien. J’ai également dû faire face à une très forte concurrence. Quand je me suis retrouvé à la lutte avec des joueurs offensifs comme Kingsley Coman ou bien Hervin Ongenda, j’ai vite compris que le niveau était supérieur à ce que j’avais connu auparavant. »

À force de persévérance, tu as réussi une première saison plutôt aboutie avec les U19 Nationaux. Quels souvenirs conserves-tu ?

« On avait une équipe très agréable à regarder jouer. Nous avions des phénomènes à tous les postes ! Même si nous n’avons pas remporté de titre, nous avons réalisé de beaux parcours, comme en championnat (demi-finale des play-offs) et en Coupe Gambardella (demi-finale). À titre personnel, j’ai fini meilleur buteur de l’équipe en championnat, en étant performant lors de la seconde partie de saison. Nous avons également participé à la NextGen Series, ancêtre de l’UEFA Youth League, avec une élimination aux tirs au but face à Tottenham. Une année riche en bons résultats et en progrès constants. »

De quoi convaincre le staff de l’équipe professionnelle de t’intégrer à la préparation de la saison suivante. Impressionnant ?

« Oh que oui ! Ibrahimovic, Thiago Motta, Maxwell, Thiago Silva, Verratti, vous voulez que j’en cite d’autres ? Un rêve éveillé ! Je n’arrivais pas seul puisque nous étions plusieurs Titis promus (Pierre Bourdin, Kingsley Coman, Romuald Lacazette, Alvin Arrondel, Hervin Ongenda). Nos coéquipiers Antoine Conte et Adrien Rabiot étaient déjà présents. Nous avons été très bien accueillis par des joueurs comme Mathieu Bodmer, Christophe Jallet et Nicolas Douchez. Il y avait une bonne ambiance au sein du groupe. J’ai pris part à plusieurs matches amicaux sous la coupe de Laurent Blanc, avec notamment une confrontation face au club autrichien du Sturm Graz. C’est la première fois que je jouais dans un grand stade avec plus de 10 000 spectateurs. Tout va plus vite, plus loin, plus haut, plus fort… Passer plusieurs semaines au contact de ces grands joueurs m’a grandement fait progresser, notamment sur le plan tactique. Mais je ne regrette qu’une seule chose : de ne pas avoir été suffisamment acteur à l’instant T. Jouer dans cette équipe paraissait plus facile, ce qui parfois ne me poussait pas à en faire plus. Les efforts étaient totalement différents car le ballon arrivait dans mes pieds, toujours dans de bonnes conditions. »

Comment as-tu vécu ton retour au sein de l’équipe réserve ?

« On ne va pas se le cacher, c’est toujours compliqué à vivre. N’importe quel Titi dira la même chose ! Quand on fréquente le groupe pro, on est dans la lumière. On acquiert une sorte de petite célébrité. On reçoit des sollicitations de toute part, comme celle de la sélection A du Cameroun ! Il ne fut pas évident pour moi de gérer ce retour en arrière, surtout que je n’avais pas de conseiller sportif. Je fonctionnais en mode solo. Redescendre est une chose, ne pas jouer en est une autre. Une année à oublier concernant la compétition (1 but en 9 apparitions en N2), bien que Laurent Blanc m’appelait régulièrement pour m’entraîner avec le groupe pro. Je n’étais tout simplement pas prêt pour relever le challenge Rouge et Bleu. »

Presque dix ans après, où en es tu sur le plan footballistique ?

« Une fois laissé libre par le club, je n’ai pas trouvé de projet intéressant. J’ai été contacté par beaucoup de clubs mais mentalement, je n’y étais plus. J’ai connu une période de dépression. Je me suis refait une santé dans le club de mes débuts, puis j’ai enchaîné des expériences diverses et variées à travers le monde. Des aventures enrichissantes, mais sans réelles perspectives d’évolution. Actuellement, je suis sans club après un passage en Belgique. Je me tiens prêt du côté d’Évry où je réside car je ne n’ai jamais cessé de rêver. Je me dois de ne pas abandonner dans tout ce que j’entreprends, ne serait ce que pour mes deux enfants et ma maman qui a connu de très graves problèmes de santé. Même si tout n’a pas été comme je l’envisageais, je reste un fidèle supporter du club. Je suis très heureux de voir qu’on n’oublie pas les anciens. Voir le club prendre de mes nouvelles est donc très touchant. Longue vie aux Titis ! »

PROFIL :

Date de naissance : 28 mars 1994
Lieu de naissance : Villepinte (Seine-Saint-Denis)
Poste : attaquant

Clubs successifs : Évry FC (2000 à 2009), SC Bastia (2009 à 2012), Paris Saint-Germain (2012 à 2014), Évry FC (2014 à 2015), Floridians FC (2015), SS Monopoli 1966 (2015 à 2016), FC Sète 34 (2016), US Forbach (2017), FC Rupel Boom (2017 à 2018), FCM Troyes (2019), AS Prix-lès-Mézières (2019), ESA Linas-Montlhéry (2020), Sainte-Geneviève Sports (2020), RE Durbuy (2022)

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