Jean et Youri Djorkaeff : «Le Parc restera à jamais gravé dans nos cœurs»

L’un fait partie des pionniers de la création du club, l’autre de l’épopée légendaire en Coupe d’Europe 1996. Jean (1970-1972) et Youri (1995-1996) Djorkaeff ont écrit l’histoire du club parisien. Interview croisée père-fils.

Le père Djorkaeff, Jean, qui fut l’un des premiers licenciés de l’histoire du club de la capitale en 1970, garde de très bons souvenirs de son aventure parisienne : « Ma signature au Paris Saint-Germain fut une grande fierté. Quand c’est une création, un jeune club, ce n’est jamais facile. Mais notre but était de réaliser de belles choses. On a débuté en National, qui est l’équivalent de la deuxième division aujourd’hui, et on a réussi à monter dès la première année. Mais il a fallu du courage et de la détermination pour y arriver. »

Youri : « Le Parc était mon jardin d’enfant »

Quand on pose la question à Youri sur son attachement et son choix de rejoindre le club de la capitale, la réponse ne se fait pas attendre : « Parce que Paris est magique ! Il y a toujours eu un contexte autour de ce club qui était comme un aimant pour moi. Je me devais, après deux expériences très fortes à Strasbourg et à Monaco, de connaître le top en France. Le top en France, c’est le Paris Saint-Germain. D’autant plus que j’ai toujours eu un lien avec ce club depuis mon plus jeune âge. Mon père a joué ici et le Parc des Princes a été très tôt mon jardin d’enfant. J’ai énormément de souvenirs au Parc bien avant mon arrivée en tant que joueur. »

Malgré un passage d’une seule saison dans la capitale le « Snake » a marqué les esprits et les cœurs des supporters du club. Auteur de 20 buts et 7 passes décisives en 47 matches officiels avec Paris, il qualifie cette saison 1995-1996 comme l’une des plus mémorables et importantes de sa carrière : « Je n’ai pas de mauvais souvenirs même dans les défaites. Car il y a une force dans ce club qui fait que tu te remets en question perpétuellement. Je pense que ce qui m’a donné la force de réaliser des choses incroyables, que ce soit avec l’Inter Milan ou l’Équipe de France, c’est le Parc des Princes. Je me suis nourri du Parc, du public, de ses ambiances incroyables. Et de cette ville de Paris qui est magnifique. »

La « patte » Djorkaeff s’est faite ressentir par les coups de génie de Youri mais aussi par les valeurs du club prônées par Jean lors de ses deux années passées au club : « Au départ, j’ai été capitaine car j’avais plus d’expérience et donc de patience. C’est une belle responsabilité d’avoir tenu ce rôle. » Des valeurs et une culture « made in Paris » dont Youri a pu s’imprégner : « J’ai vécu quelques moments incroyables quand mon père m’emmenait aux décrassages d’après-match. Il y avait une belle ambiance, l’odeur de la pelouse et des maillots. C’est très marquant, même s’il y avait moins de médiatisation qu’à l’heure actuelle. Je savais que mon père avait un métier particulier. J’ai la chance aussi de le voir avec ses amis anciens joueurs. Il y a une vraie camaraderie entre eux qui laisse des valeurs. »

Jean : « Youri était différent des autres »

Le champion du monde 1998 a su reprendre le flambeau. Pour la plus grande fierté de son père : « Youri n’a joué qu’une saison au sein du club mais il a été fantastique ! Il a régalé tout le monde et le public était impressionné par ses performances sur le terrain. Il était différent des autres grâce à son adresse devant le but et sa technique si particulière. J’ai vu dès son plus jeune âge qu’il avait une technique au-dessus de la moyenne. » Une année extraordinaire couronnée par une victoire en Coupe d’Europe des Vainqueurs de Coupe, 1-0 face au Rapid Vienne.

Youri se souvient aussi de ce but magnifique en demi-finale face au Deportivo La Corogne : « Il y avait une pression sur le club avant cette demi-finale de coupe d’Europe car cela faisait 3 ans qu’il y avait ce "traumatisme" des demi-finales perdues. Je revenais de blessure et j’avais la certitude que je pouvais faire la différence si j’entrais en jeu. J’avais de très bonnes sensations la veille de ce match à l’entraînement. Mes coéquipiers étaient persuadés que j’allais faire la différence, que quelque chose allait se passer. Et moi aussi je le sentais. » C’est à la 90e minute, dans le bouillant stade du Riazor, qu’il délivre Paris d’une frappe sublime aux vingt mètres.

Une réalisation qui récompense le grand match de l’équipe parisienne ce jour-là : « Je n’étais pas seul dans cette équipe. Bernard Lama qui a également été exceptionnel sur ce match. Tout comme Fournier, Colleter, N’Gotty, Roche... Ce but c’est l’accomplissement d’un collectif. Des joueurs au staff, sans oublier nos supporters. » L’aventure parisienne de Youri Djorkaeff s’est conclue par un triplé au Parc des Princes face à Bastia (5-1, le 18/05/96). Un superbe cadeau d’adieu pour les supporters qui ont su lui rendre un bel hommage : « Ce match était une fête pour moi, il y a eu une vraie communion avec le public. Je savais que c’était mon dernier match et les chants "Youri est magique" resteront à jamais gravés dans mon cœur. »