Hocine Ragued : « Paris m’a appris à ne jamais rien lâcher »

Interviews

Comme chaque semaine, les médias du club retrouvent un ancien joueur passé par le centre de Formation du Paris Saint-Germain. Direction le camp des Loges, où il est venu se ressourcer, pour prendre des nouvelles de l’ex-Titi Hocine Ragued (génération 1983), qui revient sur son actualité et sur ses années parisiennes.

Hocine, tu as rejoint le Paris Saint-Germain à l’âge de 13 ans. Quels souvenirs conserves-tu de ton arrivée au Centre de Préformation ?

« J’ai grandi dans le XXe arrondissement de Paris, tout en jouant par la suite au Paris FC. C’est là-bas que Jean-Pierre Dogliani, ancien recruteur du Paris Saint-Germain, m’a découvert, comme ce fut le cas pour Selim Benachour (génération 1981) également originaire de mon quartier. Des clubs comme Nantes et Monaco étaient également sur les rangs mais quand Paris est venu à moi, je n’ai pas réfléchi une seule seconde pour rejoindre le Centre de Préformation basé à Verneuil. C’était le club de ma ville, celui où tous les jeunes Parisiens voulaient jouer. Je savais aussi que ma famille ne serait jamais bien loin en privilégiant ce choix de rester en Île-de-France. Une fois sur place, j’ai vite compris que le niveau était très relevé. Le petit "crack" que j’étais en club n’était plus qu’un talent parmi plein d’autres. En enfilant le maillot rouge et bleu, je me suis senti investi d’une mission : toujours tout donner pour ce blason ! Je ne voulais surtout pas laisser passer cette chance qui s’offrait à moi. »

À quel moment, as-tu senti lors de ton cursus de formation que tu pourrais prétendre à de grandes ambitions ?

« En ce qui me concerne, c’est difficile à dire car pour être sincère, j’étais loin d’être le plus doué techniquement. Beaucoup de joueurs étaient plus en avance que moi, pourtant la plupart d’entre eux n’a pas atteint le plus haut niveau. Une chose est certaine, j’étais un gros travailleur. J’étais un acharné de travail, c’est ce qui m’a permis de franchir avec sérénité les étapes les unes après les autres. À Verneuil, nous étions littéralement coupés du monde. Notre quotidien était rythmé entre les cours et le football. Dès mes premiers mois, j’ai su pourquoi j’étais là. Je savais qu’avec de l’abnégation, de la persévérance et du sérieux, je serais amené à être récompensé un jour. Paris m’a appris à ne jamais rien lâcher ! »

À ton époque, l’UEFA Youth League n’existait pas encore, mais ton équipe avait brillé lors de la Coupe Gambardella…

« Lors de l’édition 2000-2001, nous avons atteint la demi-finale de cette prestigieuse compétition. Nous nous sommes fait éliminer par Caen à l’issue de la séance des tirs au but alors que nous avions dominé la rencontre. Quand on se croise avec mes anciens coéquipiers, nous en reparlons à chaque fois. Nous étions vraiment passés tout proche de disputer la finale au Stade de France, ce qui aurait été une belle récompense pour une génération exceptionnelle : Lorik Cana, Mounir Boussalem, Maxime Baca, Mounir Obbadi, Malik Rouag, Maximilien Tessier, Youness Bengelloun, Bartholomew Ogbeche, Jean-Michel Badiane… »

Le 13 mai 2006, tu as disputé ton seul et unique match officiel avec l'équipe première du Paris Saint-Germain, en Ligue 1, lors d’un déplacement à Metz (défaite 1-0)…

« C’était effectivement au Stade Saint-Symphorien que j’ai joué mon seul match officiel avec Paris (66 minutes de jeu). Bien qu’ayant rapidement intégré le groupe professionnel, cette titularisation s’est présentée tardivement. C’est Guy Lacombe qui m’a permis de vivre cet instant magique malgré le revers de l’équipe. Un moment que j’aurais aimé vivre plus souvent. J’étais à la fois heureux de fouler la pelouse pour défendre les couleurs de mon club de cœur, mais j’étais également un peu frustré de ne pas avoir pu le faire plus régulièrement. J’avais pourtant été prêté à Istres et à Gueugnon dans le but d’acquérir de l’expérience pour revenir plus fort, mais on ne m’a malheureusement pas donné ma chance à mon retour au club. C’est la dure loi du football ! La carrière d’un joueur dépend de beaucoup de paramètres, comme la concurrence et les choix du coach. Je suis toutefois très fier de faire partie de l’histoire du club, même si ce ne fut que le temps d’un match. »

Dans un an, les Jeux Olympiques vont se dérouler en France. Tu as participé avec la sélection de Tunisie aux JO qui se sont disputés à Athènes en 2004. Fabuleux à vivre ?

« C’est le bon mot ! J’ai disputé plusieurs Coupes d’Afrique des Nations mais les Jeux Olympiques, c’est le summum pour les jeunes footballeurs ! Tous les sportifs de haut niveau le diront. Lors de cette édition, l’Argentine dirigée par Marcelo Bielsa avait tout écrasé. Cette équipe possédait de grands joueurs comme mon coéquipier en club Gabriel Heinze, mais aussi Javier Mascherano, Carlos Tévez et Javier Saviola. Au-delà d’affronter ce qui se faisait de mieux dans la planète football, c’est l’atmosphère autour des rencontres qui était sympa à vivre. Toutes les délégations étaient réunies dans un même village, c’était très enrichissant sur le plan culturel. Il n’y avait que des jeunes talents, chacun dans leur domaine de prédilection. Une bonne manière de s’intéresser à autre chose que du football. Cette compétition réunit tous les peuples du monde entier ! Accueillir ce grand évènement en France est exceptionnel pour tous les amoureux de sport. La fête sera superbe ! »

Ton amour pour le club est-il toujours intact malgré les années qui passent ?

« Je suis toujours autant raide dingue du Paris Saint-Germain... Ça ne changera jamais ! Travaillant dans le football, je reste toujours informé sur l’actualité du club. J’y ai passé de belles et nombreuses années, ce qui m’a forcément marqué pour la vie. J’adore me rendre au Parc des Princes pour assister aux matches. Je m’y sens bien, comme chez moi. J’y croise de vieilles connaissances, ce qui est toujours un réel plaisir. On se remémore souvent le bon vieux temps. J’en profite d’ailleurs pour saluer mes entraîneurs chez les jeunes, Antoine Kombouaré et Rachid Khendek, qui m’ont transmis de belles valeurs, que cela soit sur comme en dehors du terrain. Et puis j’ai une pensée toute particulière pour Bernard Guignedoux qui avait toujours la bonne parole pour me rassurer et me donner une grande confiance en moi. »

PROFIL :

Date de naissance : 11 février 1983
Lieu de naissance : Paris XIIe arrondissement
Poste : milieu de terrain

Clubs successifs : Paris FC (1993 à 1996), Paris Saint-Germain (1996 à 2006), FC Istres (2002 à 2003, prêt), FC Gueugnon (2003 à 2004, prêt), RAEC Mons (2006 à 2009), SK Slavia Prague (2009 à 2011), Kardemir Karabükspor (2011 à 2012), Espérance Tunis (2012 à 2016), Emirates Club (2016 à 2018)
Équipe de Tunisie : Olympique (10 sélections), A (72 sélections)