Gahié, Dicko et Djalo prennent date

En prenant place sur le podium avant de voir Teddy Riner entonner sa septième Marseillaise au Grand Chelem de Paris, Marie-Ève Gahié, finaliste en -70kg, Romane Dicko et Alpha Djalo, médaillés de bronze en +78kg et -81kg, ont confirmé à la fois leur leadership national et leur régularité à l’international. Sans se montrer rassasiés pour autant.

En lice quelques instants après le revers prématuré de son camarade de club et de catégorie Arnaud Aregba, Alpha Djalo (-81kg) donna d’emblée le ton en impactant à deux reprises le modeste Néo-Zélandais Maarten De Ridder, avant d’imposer ses mouvements d’épaule au Sud-Coréen Moon Jin Lee puis au Tchèque Adam Kopecky. Comme au Masters de Jérusalem en décembre, le Parisien ne s’arrêtait pas en si bon chemin et prenait l’ascendant dès la première séquence de son quart de finale contre le Portugais Joao Fernando, sur un petit fauchage intérieur.

Pour tenter de faire encore mieux que ses deux troisièmes places de fin d’année en Israël et au Grand Chelem de Tokyo, il remontait sa pénalité de retard en demie face à l’Allemand Timo Cavelius pour en compter une d’avance à l’entame de la mort subite. Deux minutes plus tard, il voyait cependant son adversaire s’imposer dans la confusion, l’arbitre ayant cru que le Parisien avait frappé le sol avec son pied comme pour abandonner sur une tentative de clé de bras de son opposant. Pas de finale donc, mais un troisième podium consécutif sur un grand rendez-vous du circuit international qu’il allait conquérir sans sourciller quelques heures plus tard face à l’Émirati Nugzari Tatalashvili.

« Travailler encore davantage pour aspirer à de plus grandes choses »

À la clé, cinq-cents nouveaux points qui le rapproche encore un peu plus du top 10, saint des saints où il a très clairement sa place. « Je suis très heureux de décrocher une médaille ici. Ces derniers mois, je coche des cases sur des rêves d’enfant, en remportant une médaille au Grand Chelem du Japon et au Masters deux semaines plus tard. Aujourd’hui, la saveur est aussi particulière parce qu’il s’agit de la première fois que ma mère vient me voir en compétition, et gagner une médaille devant elle est une consécration. Techniquement, mon travail de jambes a beaucoup fait tomber, et mes attaques d’épaules ont également fonctionné. Je pense devenir de plus en plus difficile à lire pour mes adversaires et c’est ce qui fait que j’arrive à avancer et à performer. Maintenant, en restant honnête, il faut travailler encore davantage pour aspirer à de plus grandes choses. Sur ma demi-finale par exemple, il aurait fallu faire tomber avant que l’arbitre ne se retrouve à decider de l’issue du combat à ma place, trouver la solution plus tôt… Ce sera un point à travailler même si, pour le moment, je vais déjà commencer par profiter de ce nouveau podium. »

Alpha Djalo (février 2023)

S’il lui était pour sa part difficile de savourer à l’issue de la cérémonie protocolaire des -70kg, c’est que Marie-Ève Gahié, trois fois au pied du podium parisien pour une médaille de bronze en 2018, savait que le coup n’était pas passé loin pour qu’elle coiffe sa première couronne à domicile. Rapide et efficace en matinée, elle poussait ensuite sa concurrente nationale Margaux Pinot à la faute avant d’arracher la décision en demi-finale sur un tani-otoshi (chute dans la vallée, NDLR) rageur après près de sept minutes d’affrontement avec la Brésilienne Ellen Froner, cinquième en 2021, année de son sacre aux championnats panaméricains.

En finale, elle se voyait disputer l’or à la jeune Espagnole Ai Tsunoda-Roustant, double championne du monde juniors et récente médaillée de bronze du Grand Chelem de Tokyo. Cette dernière, à défaut d’être précise, se montrait la plus offensive, attaquant sans cesse la première pour prendre l’ascendant dans la tête du corps arbitral qui sanctionnait à trois reprises la championne d’Europe en titre.

« Cela reste ne belle journée, même si, évidemment, j’aurais préféré gagner, analysait Marie-Ève Gahié. J’accomplirai ce rêve un jour. Cette finale, je n’ai qu’une envie, c’est de la refaire. À peine mes mains posées que déjà mon adversaire attaquait et, à aucun moment, je ne suis parvenue à trouver la solution. Certes, il vaut mieux perdre de cette manière maintenant qu’en grand championnat, mais j’aurais dû attaquer. Après la finale du Masters, ma dynamique reste bonne et aujourd’hui je n’ai rien lâché, du début à la fin de la journée, malgré les combats qui s’éternisaient. Maintenant, cap sur la suite, à commencer par le stage post-compétition lors duquel je compte bien reprendre Tsunoda, dès demain même ! »

Marie-Ève Gahié (février 2023) 1

Des enseignements, il y a également beaucoup à retenir en -90kg, où Eniel Caroly et Alexis Mathieu n’ont pas su tirer leur épingle du jeu, respectivement éliminés au premier et troisième tours, comme du côté de Romane Dicko, finaliste l’an passé et qui n’a pas su sortir de l’emprise physique de la Turque Kayra Sayit en quarts. Face à la double médaillée mondiale et sacrée championne d’Europe en 2021 – dans l’intervalle laissé par la Française victorieuse l’édition précédente et la suivante, la numéro 1 mondiale des +78kg a cumulé les pénalités sans jamais vraiment avoir pu installer son système d’attaque.

« Important de réussir dans un jour sans »

À coup de waza-ari (valeur intermédiaire, NDLR), elle remontait tout de même les repêchages pour conclure tout de même la journée avec une médaille de bronze qu’elle dédiait à son clan venu en masse dans les gradins de l’Accor Arena. « Malgré le stress inhérent à ce Grand Chelem parisien, je me sentais bien ce matin. Face à une adversaire inédite, j’ai beaucoup observé lors du premier tour. Ensuite, je ne suis pas parvenue à me libérer suffisamment pour pouvoir placer mes attaques, c’est ce qui m’a manqué aujourd’hui. Il y a des jours avec et des jours sans, et l’important est de réussir, même dans ces jours sans, à décrocher une médaille. Malheureusement, je n’étais pas au niveau lors de ce quart de finale. C’est le judo, c’est le sport. Il faut garder le positif, ça me laisse de nombreux axes de travail en vue des mondiaux pour que cela ne se reproduise plus. Même si aujourd’hui l’orgueil est piqué, il s’agissait d’une étape sur ma route en vue des grands championnats, là où il faut répondre présent. »

Romane  Dicko (février 2023) En attendant le rendez-vous de Doha, le prochain Grand Chelem au planning se déroulera à Tel Aviv du 16 au 18 février prochains, à l’issue duquel la sélection féminine française sera entérinée pour les championnats du monde au Qatar.